[1] sur la position de la France, voir aussi Baudouin Loos dans le Soir
Salah Hamouri
Un Palestinien de mère française purge sept ans de prison en Israël. La mobilisation en sa faveur croît.Salah Hamouri restera-t-il en prison en Israël [note : la réponse négative à la demande du bout des lèvres du président français est venue depuis la rédaction de cet article : Salah reste dans les prisons de l’occupant de son pays] ? Après des années d’atermoiement, les autorités françaises ont bougé : le président Nicolas Sarkozy a envoyé en juin une lettre au Premier ministre Binyamin Netanyahou pour demander la « clémence » de la justice israélienne, ce qui sous-entend la libération du jeune homme. Le chef du gouvernement israélien étudierait la requête…
Reprenons les faits. Le 13 mars 2005, Salah Hamoudi, un Franco-Palestinien de Jérusalem qui a alors 19 ans, est arrêté au check-point de Qalandya, au nord de la ville sainte. S’ensuivent de longs mois de détention administrative (sans inculpation ni jugement) qui se terminent par un procès, le 17 avril 2008, mené par le tribunal militaire d’Ofer (en Cisjordanie occupée) qui le condamne à sept ans de prison. Sur aveux.
La justice israélienne reproche au jeune homme d’être passé, trois mois avant son arrestation, devant le domicile du rabbin Ovadia Yossef, le chef spirituel du très influent parti ultra-orthodoxe séfarade Shass. Selon l’accusation, Salah et ses amis projetaient d’assassiner le rabbin connu pour ses positions extrémistes et racistes. L’accusé, qui professe des positions nationalistes claires, nie être membre du FPLP (Front populaire, membre de l’OLP) comme le dit l’acte d’accusation.
Les enquêteurs israéliens n’ont pas ménagé leur peine pour trouver des preuves du « complot » contre Yossef. Sans y parvenir. Mais ils ont les « aveux ». « C’est la procédure du “plea bargain” que beaucoup de prisonniers palestiniens finissent par accepter devant les tribunaux militaires israéliens, nous explique sa mère Denise Hamouri depuis Jérusalem : on lui a dit que c’était sept ans de prison s’il acceptait, beaucoup plus, jusqu’au double, s’il refusait. Mais le juge lui a dit pendant l’audience que la peine de sept ans était sévère par rapport aux accusations. »
L’appui des autorités françaises – Salah dispose d’une carte de résident de Jérusalem et d’un passeport français – sera assez limité. Des visites du consulat général de Jérusalem au prisonnier, trois minutes de contact entre la mère et Bernard Kouchner de passage dans la ville sainte en 2007, puis une audience à l’Élysée, accordée à Denise Salah le 25 juin 2008 par Boris Boillon, conseiller de Sarkozy, qui annonce la lettre que le président a envoyée à Netanyahou…
Côté médias, le démarrage se révèle lent aussi : L’Humanité, d’abord, Libération et Le Monde, ensuite, consacrent des papiers à l’affaire. Les télés se taisent. Le web, en revanche, permet d’obtenir moult informations. Un comité de soutien se forme, en France, en 2008 : une soixantaine de députés et de sénateurs de tout bord y côtoie des personnalités en tout genre, dont Mgr Gaillot, Albert Jacquard ou Edgar Morin.
Ceux qui soutiennent Salah Hamouri dans l’Hexagone s’horripilent de la différence de traitement observée par les autorités entre le Franco-Palestinien et un FrancoIsraélien, Gilad Shalit, le soldat israélien enlevé à la lisière de Gaza en 2006, pour lequel Nicolas Sarkozy s’est engagé, recevant plusieurs fois la famille. Noam, le père de Gilad, a répondu avec cœur à une lettre de Denise Hamouri, formulant une prière pour la libération rapide des deux jeunes hommes.
En prison, Salah Hamouri semble garder le moral : Jean-Claude Lefort, un ex-élu français, témoigne sur le site france-palestine.org de sa rencontre en février avec le prisonnier. On sait ainsi qu’il a côtoyé en prison le célèbre Marwan Barghouti pendant neuf mois à qui il a donné des rudiments de français. « Je n’ai pas d’autre choix que de résister », a dit le jeune homme à son visiteur.
Le 28 juillet, la justice israélienne a refusé sa libération que la loi autorisait puisqu’il a purgé deux tiers de sa peine. « Vous n’êtes pas guéri », lui a dit le juge.
, publié par le Soir le 12 août
http://archives.lesoir.be/l%26%2382...
note : CL, Afps
1985. Naissance de Salah Hamouri à Jérusalem le 25 avril d’une mère française et d’un père palestinien.
2001. Première arrestation – pendant 4 mois – pour avoir collé des affiches palestiniennes à Jérusalem.
2003. Seconde arrestation, cinq mois de prison, sans motifs annoncés.
2005. Troisième arrestation pour complot contre la vie d’un célèbre rabbin.
2008. Condamnation par un tribunal militaire israélien en Cisjordanie occupée : sept ans ferme.
2009. Éligible à une libération anticipée. Requête refusée par le tribunal. Nicolas Sarkozy demande la clémence de la justice israélienne.