La Suisse a dit privilégier la relance d’un processus de paix et la réconciliation inter-palestinienne à la reconnaissance d’un Etat palestinien. « La résolution de la situation régionale est prioritaire » par rapport à celle de la reconnaissance, a remarqué la présidente de la Confédération, interrogée à ce propos à l’issue d’un point de presse à la Maison de Watteville. M. Abbas a lui dit qu’en la matière la Suisse est souveraine et qu’il lui revient par conséquent de trancher cette question, même s’il souhaite que la Suisse « franchisse ce pas ».
La Suède avait reconnu en octobre dernier la Palestine comme Etat. La Suisse avait elle approuvé fin 2012 la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU qui faisait de la Palestine un « Etat observateur non-membre ».
« La Suisse s’engage depuis des années pour la résolution du conflit israélo-palestinien, notre but est d’atteindre la paix », a rappelé Simonetta Sommaruga. Elle a confirmé la volonté de la Suisse de favoriser la solution à deux Etats en « empruntant un chemin de négociations juste et durable ».
Sur les ondes de l’émission « Forum » de la RTS, le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) Didier Burkhalter s’est dit prêt à se rendre dans la région « si ça peut être utile » et « une fois qu’on y verra plus clair du côté Israël » après les élections prévues le 17 mars.
Abbas soutient la feuille de route
La présidente de la Confédération a elle insisté sur l’importance d’un gouvernement national de consensus capable de jouer son rôle à Gaza. Pour y parvenir la Suisse a, sur demande officielle de l’Autorité palestinienne, élaboré en 2014 une « feuille de route » consolidée par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et la Banque Mondiale et visant à consolider l’intégration de l’administration civile à Gaza.
Mahmoud Abbas a lundi redit son soutien à cette feuille de route, qui concerne avant tout les secteurs de la santé et de l’éducation.
Les droits de l’homme en Palestine figurent également au rang des priorités de la Suisse, selon Simonetta Sommaruga.
Soulignant à plusieurs reprises la qualité de ses échanges avec la Suisse, le président palestinien a exprimé sa reconnaissance en lien avec la Conférence de Hautes parties contractantes à la IVe Convention de Genève qui a eu lieu en décembre 2014.
Des représentants de 128 Hautes parties contractantes y avaient adopté par consensus une déclaration en dix points rappelant l’applicabilité du Droit international humanitaire (DIH) dans les territoires palestiniens, y compris à Jérusalem-Est.
Réconciliation interpalestinienne
Le président palestinien avait promulgué le 31 décembre dernier 20 accords internationaux, dont l’adhésion à la Cour pénale internationale (CPI). Cette mesure avait fait suite à l’échec la veille du projet de résolution de l’ONU réclamant le retrait israélien des territoires occupés d’ici 2017.
Avant la rencontre avec Mme Sommaruga, le président Abbas avait eu un entretien avec M. Burkhalter, avec lequel il a « notamment évoqué l’état du processus de réconciliation interpalestinien entre l’OLP et le Hamas ».
Arrestations de membres du Hamas
Sur le terrain, les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne ont arrêté lundi des dizaines de membres du Hamas en Cisjordanie occupée, ont indiqué des sources au sein du mouvement islamiste et de la sécurité de l’Autorité. Les raisons de ces arrestation n’ont pour l’instant pas été précisées.
L’Autorité et le Hamas ont signé au printemps dernier une réconciliation qui peine à être mise en oeuvre sur le terrain. De fait, le Hamas dirige toujours la bande de Gaza en dépit de ses engagements à remettre le pouvoir au gouvernement d’union né de la réconciliation.
Rencontre avec les présidents des Chambres
Le président palestinien sera par ailleurs reçu mardi, à sa demande, par le président du Conseil national Stéphane Rossini (PS/VS) et par le président du Conseil des Etats Claude Hêche (PS/JU).