Après le vote dimanche du Comité central du parti travailliste, principal pilier de la coalition, vingt-deux ministres contre un - le travailliste Ofir Pinès-Paz- ont voté pour le ralliement de M. Lieberman. Il doit devenir vice-Premier ministre et ministre pour les Affaires stratégiques, chargé du nucléaire iranien. Sa prestation de serment était prévue en soirée à la Knesset, selon une source parlementaire.
"Je suis heureux de ce ralliement, et j’apprécie l’attitude des travaillistes. Ces développements vont renforcer notre coopération et donner une large assise au gouvernement", s’est félicité M. Olmert. Son gouvernement peut désormais compter sur 78 députés sur 120 à la Chambre.
Le Premier ministre a souligné qu’il est primordial d’agir sur le front diplomatique, et cela concerne en premier chef le volet palestinien, les immenses efforts au sujet de l’Iran, et l’application de la résolution 1701 de l’Onu, qui a mis fin cet été aux hostilités entre Israël et le Hezbollah.
L’arrivée au pouvoir de M. Lieberman marque un tournant à droite du gouvernement formé en mai dernier. Partisan de la manière forte, le chef de Israël Beitenou (11 députés) s’était prononcé en 2001 pour des attaques contre l’Iran et le barrage d’Assouan en Egypte. Il s’est aussi opposé au retrait de la bande de Gaza l’an dernier et au démantèlement d’une centaine de colonies sauvages disséminées en Cisjordanie que les différents gouvernements israéliens se sont engagés à évacuer à de multiples reprises auprès des Etats-Unis. Ces promesses sont pratiquement restées jusqu’à présent lettre morte.
Avigdor Lieberman prône en outre un transfert partiel des Arabes israéliens, une communauté de 1,3 million de personnes, vers les territoires palestiniens, ce qui lui a valu d’être traité de "fasciste" par des députés arabes. "C’est un jour noir pour Israël. Il révèle le vrai visage du gouvernement d’Olmert", a déclaré à l’AFP le député arabe israélien Ahmed Tibi.
Une cote de popularité en baisse
L’accession aux commandes de M. Lieberman intervient alors que M. Olmert est en position de faiblesse à la suite des ratés de la guerre au Liban cet été et d’une série d’affaires l’impliquant. Sa cote de popularité ne cesse de baisser. Selon les sondages, les Israéliens lui préférent désormais comme chef de gouvernement, le chef de l’opposition de droite Benjamin Netanyahu, un ancien Premier ministre.
Le dernier déboire en date pour M. Olmert remonte à dimanche lorsque la justice a ordonné à la police d’ouvrir une enquête préliminaire sur son éventuelle implication dans des délits liés à la privatisation d’une banque. Le contrôleur de l’Etat, Micha Lindenstrauss, avait examiné il y a dix mois cette affaire qui concerne la privatisation de la banque Léumi, deuxième établissement financier du pays, et recommandé auprès du procureur général Menahem Mazouz d’envisager une eenquête criminelle.
M. Olmert a déjà été impliqué dans plusieurs enquêtes pour corruption ces derniers mois passés, mais aucune charge n’a jusqu’ici été retenue contre lui. Ces enquêtes concernaient notamment des transactions immobilières et des nominations politiques supposées abusives, alors qu’il était ministre du Commerce et de l’Industrie dans le précédant gouvernement d’Ariel Sharon.