Sur la forme, le ton est bien à l’apaisement. Mahmoud Abbas appelle le Hamas au dialogue et se propose d’ouvrir une nouvelle page.
Mais sur le fond, le président palestinien ne lâche rien. Il souligne que le dialogue ne peut avoir lieu que si le Hamas renonce à son pouvoir sur la bande de Gaza.
Or si le mouvement islamiste se dit prêt à rendre certains ministères, il veut garder un contrôle sur les forces de sécurité. Mahmoud Abbas demande aussi au Hamas d’accepter les accords de paix signés avec Israël et donc de reconnaître l’Etat hébreu, une question qui n’est pas tranchée au sein du parti islamiste.
Mahmoud Abbas a également des mots sévères pour la gestion du Hamas à Gaza, dénonçant les arrestations de membres du Fatah, et l’interdiction qui leur a été faite de célébrer le quarante-troisième anniversaire du mouvement ce premier janvier.
Certains ont déjà bravé l’interdiction. Dès la fin du discours du président palestinien, des feux d’artifice retentissaient dans toute la ville de Gaza.
[1]
Selon l’AFP, ces "violences à Gaza torpillent toute chance de dialogue interpalestinien : Les heurts sont survenus alors que des activistes du Fatah célébraient, en bravant une interdiction décidée par la police du Hamas, le 43ème anniversaire de lancement par leur mouvement de la résistance armée palestinienne. Ils ont également fait 45 blessés, ont ajouté les sources médicales.
Un précédent bilan lundi soir faisait état de 4 morts et 30 blessés.
Faute de pouvoir organiser des rassemblements, des activistes du Fatah à Gaza ont marqué l’anniversaire en allumant des bougies et des feux d’artifice, a rapporté un correspondant de l’AFP.
Tareq Abou Diya, propriétaire d’un magasin de gadgets à Gaza, a affirmé à l’AFP que la police du Hamas lui avait confisqué des "drapeaux palestiniens et des bannières du Fatah" d’une valeur de plusieurs milliiers de dollars qu’il espérait écouler à l’occasion de l’anniversaire du mouvement fondé par Yasser Arafat.
La police du Hamas a en outre annoncé avoir arrêté des "dizaines" de membres du Fatah soupçonnés d’être impliqués dans les heurts.
Une vingtaine d’hommes masqués du Hamas ont arrêté chez lui un important dirigeant du Fatah dans la bande de Gaza, Ibrahim Abou al-Naja, avant de le relâcher deux heures plus tard, a indiqué sa famille
Les heurts ont éclaté peu après un appel lancé depuis Ramallah par le président Abbas, chef du Fatah, à "ouvrir une nouvelle page" avec le Hamas à condition que le mouvement islamiste renonce au pouvoir dont il s’est emparé par la force dans la bande de Gaza en juin.
"J’appelle ceux qui ont mené le putsch, ou ce qu’ils se plaisent à appeler la consécration militaire, à ouvrir une nouvelle page (..) basée sur un accord crédible et sur un partenariat au sein de la patrie et autour de la lutte pour sa libération", a déclaré M. Abbas dans un discours.
M. Abbas s’en est sévèrement pris au Hamas et ses "agissements criminels contraires aux traditions de notre peuple", citant notamment "les arrestations, les meurtres, les tortures et les tentatives d’empêcher par la force les rassemblements marquant l’anniversaire du coup d’envoi de notre révolution (l’anniversaire du Fatah)".
Réagissant à ces déclarations, le Hamas a affirmé être prêt à un dialogue mais rejeté toute condition.
"Nous accueillons favorablement tout dialogue visant à unifier les rangs palestiniens", a déclaré à l’AFP le porte-parole du Hamas Ismaïl Radwan. "Mais le dialogue ne doit pas être assorti de conditions", a-t-il ajouté.
Un haut responsable du Fatah à Gaza, parlant sous couvert d’anonymat, a fait assumer au Hamas la responsabilité des affrontements.
"Le Hamas est responsable pour ce qui s’est passé. Ces incidents portent un coup à l’appel sincère au dialogue lancé par le président Abbas", a-t-il déclaré à l’AFP mardi.
"Nous condamnons vivement ce nouveau crime qui s’ajoute à la liste des crimes du Hamas", a pour sa part réagi le porte-parole du Fatah en Cisjordanie, Ahmad Abdel Rahmane.
"C’est la réponse du Hamas à l’appel du président Abbas pour renouer le dialogue", a dit M. Abdel Rahmane dans un communiqué. [2]
D’après l’Orient le Jour, Parallèlement, la radio militaire israélienne a rapporté hier que le chef d’état-major israélien, le général Gaby Ashkenazi, avait préconisé des contacts avec le Hamas.
L’opposition de droite en Israël a immédiatement dénoncé les propos attribués au chef d’état-major, l’accusant d’avoir outrepassé ses prérogatives, alors que des députés de gauche s’en sont félicités. Une porte-parole de l’armée a opposé un démenti après la diffusion de l’information. « Ces choses n’ont jamais été dites », a-t-elle dit à l’AFP. La radio militaire a affirmé que, lors de réunions récentes à huis clos, le général avait préconisé de tels contacts « pour obtenir la libération du soldat Gilad Shalit et l’arrêt des tirs de roquettes » contre Israël. Il n’aurait pas précisé s’il envisageait des contacts directs ou indirects avec le Hamas. Officiellement, Israël ne négocie pas avec le Hamas, mais des contacts se sont noués par divers intermédiaires, notamment l’Égypte, en vue d’obtenir la libération du caporal Shalit dans le cadre d’un échange de prisonniers. Le soldat israélien enlevé en 2006 à la lisière de la bande de Gaza par un commando palestinien est détenu dans la bande de Gaza.
[3]
Dans le même temps, la violence de l’Etat israélien contre la population de Gaza ne faiblit pas. Selon l’agence palestinienne Wafa :
Un hélicoptère israélien de type Apache a tiré, ce matin, trois missiles contre le village de Beit Hanoun dans le nord de la Bande de Gaza, selon des témoins.
Ce raid a causé de grandes déflagrations, semant la panique parmi la population. On ne déplore aucun blessé.
L’armée israélienne a intensifié les raids aériens et terrestres contre la Bande de Gaza, notamment après la déclaration de la Bande comme entité hostile.
http://www.wafa.ps/french1/body.asp?id=3796