C’est en substance ce qu’a déclaré ce samedi le leader palestinien du Hamas, Khaled Meeshal, au Caire. [1]
Interrogé sur les demandes précises qui doivent être remplies dans ce délai de six mois, M. Mechaal a rejeté les idées d’un engagement ou d’une déclaration de principes. "Notre demande nationale, et non seulement celle du Hamas, est la fin de l’occupation et la création d’un Etat palestinien dans les frontières du 4 juin 1967 - sans colonies, grandes ou petites - ainsi qu’une souveraineté véritable sur le sol et le sous-sol", a-t-il affirmé. "Nous refusons ce que les autres ont fait : des négociations par étapes ou une déclaration de principes. Le peuple palestinien n’a qu’une seule demande et il ne marchandera pas", a-t-il ajouté.
Loin de n’être qu’une simple mise en garde, cette déclaration est incontestablement à mettre en relation avec l’opération suicide menée au nom du Hamas par Fatima Omar el Najjar, grand-mère de son état qui a choisi de mourir en martyr pour la libération de son peuple. Le Hamas préparerait-il une réorientation de sa stratégie au profit de la reprise de la lutte armée qu’il a mise en suspens depuis sa prise de fonction au gouvernement ? Tout peut porter à le croire.
Négociant paradoxalement pour la mise en place d’un gouvernement d’union nationale avec le Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas, la médiation engagée par les Egyptiens semblerait toujours buter sur la répartition des ministères, en particulier sur celui très stratégique de l’Intérieur exigé par le Fatah et que le Hamas considère comme sa chasse gardée.
Conscient du recul de sa popularité après plusieurs mois d’embargo financier qui lui ont coupé les ressources nécessaires à la bonne marche de son administration et à l’impasse dans laquelle se trouve la lutte palestinienne, la déclaration de Khaled Meeshal ne devrait pas être prise à la légère. Conscient de l’inutilité des concessions faites aux Israéliens et aux Etats occidentaux sans pour autant que les agressions sionistes ne cessent.
La direction du mouvement de résistance palestinien a pu faire le calcul que la reprise de la lutte armée lui permettrait de disposer d’une arme à faire jouer dans les négociations en cas d’une vraie reprise des discussions.
Cela d’autant que les déclarations provocatrices appelant au meurtre des dirigeants du Hamas ne cessent de se multiplier du côté du gouvernement israélien qui cherche certainement à venger l’humiliante défaite de son armée face au Hezbollah en reprenant les manoeuvres en vue de liquider le Hamas. Tâche que n’avait pu terminer le boucher de Shatila, Ariel Sharon.
Pour sa part, Khaled Meeshal poursuit sa visite entamée au Caire mercredi soir. Il aurait selon des sources officieuses rencontré plusieurs membres de l’administration égyptienne dont Omar Souleyman, le chef des services de renseignements et représentant personnel du Président Moubarak pour les questions palestiniennes.
Les discussions auraient principalement porté sur la formation du gouvernement d’union nationale mais aussi sur la question d’un échange de prisonniers entre le Hamas et l’armée israélienne. Le mouvement de résistance palestinien réclamant toujours la libération de 1.400 prisonniers palestiniens (en majorité des femmes et des enfants faut-il le rappeler) contre la livraison du soldat franco-israélien Gilad Shalit.