Israël a lancé une vaste opération militaire et policière dans le nord de la Cisjordanie pour appréhender les meurtriers d’un couple de colons israéliens, tués, jeudi 1er octobre, non loin de Naplouse. La voiture d’Eitam et Naama Henkin, habitants de Neria, a été la cible de tirs jeudi soir, alors qu’ils rentraient chez eux. Leurs quatre enfants se trouvaient à l’arrière du véhicule. Selon les enquêteurs, les assaillants auraient ouvert le feu à un virage, près du village palestinien de Beit Fourik. Puis l’un d’eux serait sorti de la voiture pour vérifier si les adultes étaient morts, avant de prendre la fuite en direction d’un village palestinien.
Des milliers de personnes, parmi lesquelles le président israélien, Reuven Rivlin, ont assisté vendredi matin aux funérailles des victimes. « Nous sommes confrontés à une vague de terreur, a dit M. Rivlin devant l’assistance, composée essentiellement de colons. Vous êtes en première ligne, et vous en payez le prix. » Le 19, puis le 29 juin, des attaques similaires contre des colons, par arme à feu et en voiture, avaient eu lieu en Cisjordanie, près de Dolev et de Shvut Rachel. Deux personnes avaient été tuées et plusieurs autres blessées. Après la première attaque, Naama Henkin avait écrit au président israélien, a-t-il déclaré lors des funérailles. « Je vous ai répondu, a-t-il lancé. Je vous ai dit que cette terre est à nous dans sa totalité, et sous notre souveraineté, il est de notre responsabilité d’assurer sa sécurité et celle de nos citoyens. »
Quatre bataillons déployés dans le nord de la Cisjordanie
Pendant ce temps, quatre bataillons israéliens ont été déployés dans le nord de la Cisjordanie pour rechercher les auteurs de l’attaque et prévenir des actes de vengeance de la part des colons contre des villageois palestiniens.
Une grande tension règne actuellement dans les territoires palestiniens et à Jérusalem-Est, où des affrontements quasi quotidiens ont lieu depuis plusieurs semaines sur l’esplanade des Mosquées (mont du Temple), devant la mosquée Al-Aqsa, entre la police et de jeunes émeutiers palestiniens. Ces derniers veulent empêcher les extrémistes juifs de visiter le lieu saint et d’y prier, ce qui leur est interdit. A ces affrontements s’ajoute une recrudescence des jets de pierre sur les routes empruntées par les colons, qui ont conduit le gouvernement à promouvoir un durcissement des peines encourues.
Les brigades Abdel Kader Al-Husseini, affiliées aux brigades des Martyrs d’Al-Aqsa, une faction armée proche du Fatah, ont revendiqué l’attaque meurtrière de jeudi, sans que cela puisse être vérifié. Dans la bande de Gaza, le Hamas a loué ses auteurs et appelé à d’autres actions de cette nature. En déplacement à New York, le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a mis en cause le silence de l’Autorité palestinienne et ses « incitations à la violence », l’accusant de propager des « mensonges » au sujet de l’esplanade des Mosquées. Il a rappelé qu’après l’attaque contre une famille palestinienne dans le village de Douma, le 31 juillet, lors de laquelle trois personnes dont un bébé avaient péri dans un incendie criminel, il avait, de même que tous les dirigeants israéliens, condamné « immédiatement et avec force » l’attentat. Personne, depuis, n’a été officiellement inculpé.
Les membres extrémistes du gouvernement ont réagi quelques minutes à peine après l’annonce de l’attaque. Le ministre de l’agriculture, Uri Ariel, y a vu une « conséquence de la litanie de mensonges » de Mahmoud Abbas à l’ONU. La ministre adjointe des affaires étrangères, Tzipi Hotovely, présente à New York, a estimé que « ce genre d’incident est une preuve supplémentaire que les Palestiniens ne veulent pas la paix, mais la haine ». Comme le rapporte la presse israélienne, la ministre réclame par ailleurs la « liberté de culte » sur l’esplanade des Mosquées.