Photo : Netanyahou ordonne le bombardement de Beyrouth depuis les Nations Unies à New York, 27 septembre 2024 © utilisateur X
Israël a décidé d’affamer la population de Gaza dans le cadre d’une stratégie de guerre et afin de saboter l’accord de cessez-le-feu, selon le procès-verbal d’une réunion du cabinet israélien divulgué mercredi à la chaîne israélienne Channel 13.
Le document semble montrer que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rejeté plusieurs propositions qui auraient permis la libération des otages israéliens restants pendant le cessez-le-feu entre janvier et mars 2025. Netanyahu a décidé de rompre le cessez-le-feu, contre l’avis des hauts responsables militaires et de sécurité israéliens, et de couper toute aide à Gaza afin de « forcer le Hamas à se rendre », selon les informations divulguées.
La réunion du cabinet israélien, datée du 1er mars, avait pour but de discuter du sort du cessez-le-feu avec le Hamas, alors que la première phase de l’accord était sur le point d’expirer. La deuxième phase du cessez-le-feu devait marquer le début des négociations sur la fin définitive de la guerre. Le procès-verbal publié par Channel 13 montre que les responsables de l’armée et des services de renseignement ont plaidé en faveur de la conclusion de l’accord de cessez-le-feu, tandis que les ministres du cabinet s’y sont opposés.
Le général de division Nitzan Alon, responsable de l’armée israélienne chargé des prisonniers et des personnes disparues, aurait fait valoir que « la seule possibilité de libérer les captifs est de discuter des conditions de la phase deux », tandis que Ronen Bar, chef de l’agence de renseignement interne israélienne (le Shabak), a déclaré que son « option préférée était de passer à la phase deux », affirmant qu’Israël pourrait « facilement » reprendre la guerre plus tard. « Ramenons d’abord tout le monde, puis reprenons le combat », aurait-il déclaré.
Le procès-verbal révèle également qu’un haut responsable israélien de la sécurité a déclaré aux ministres qu’« il est possible d’obtenir la libération d’autres captifs, mais cela nécessite d’engager des négociations sur la deuxième phase, à savoir la fin de la guerre ». Le gouvernement, dirigé par M. Netanyahu, a toutefois rejeté cette proposition. Il a été soutenu par le ministre israélien des Affaires stratégiques, Ron Dermer, qui aurait déclaré qu’Israël n’était « pas prêt à mettre fin à la guerre tant que le Hamas restait au pouvoir ». M. Dermer, qui soutient la position intransigeante de M. Netanyahu sur Gaza, a été nommé par le Premier ministre à la tête de l’équipe de négociation dans le cadre des pourparlers de cessez-le-feu.
Le ministre des Finances Bezelel Smotrich, partisan de la ligne dure, a également soutenu le refus de Netanyahu. Il s’en est pris aux responsables militaires et des services de renseignement, affirmant qu’ils « induisaient le public en erreur » en lui faisant croire qu’Israël pouvait « mettre fin à la guerre et y revenir plus tard », ce que Smotrich considérait comme de « l’ignorance ».
Pour sa part, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, s’est déclaré favorable à un accord partiel, affirmant que « si le Hamas libère ne serait-ce qu’une partie des otages – moins de la moitié –, ce serait excellent ».
Le 18 mars, Israël a rompu le cessez-le-feu en lançant une vague de bombardements sur Gaza, tuant 400 Palestiniens, pour la plupart des civils, dans les premières minutes de l’offensive. Israël a également annoncé la fermeture complète des points de passage, provoquant une baisse immédiate des marchandises disponibles dans la bande de Gaza et coupant l’accès à l’aide humanitaire. La poursuite du blocus a entraîné une faim sévère, qualifiée de « famine » par les agences des Nations unies. L’UNICEF a qualifié d’« inadmissible » la mort d’enfants palestiniens due à la famine.
Israël a également suspendu les activités des agences des Nations Unies à Gaza, limitant la distribution de la maigre aide qu’il avait commencé à autoriser depuis avril à la Gaza Humanitarian Foundation (GHF). La GHF est une organisation controversée soutenue par Israël et gérée par les États-Unis qui a remplacé l’ONU en mai et qui oblige les Palestiniens à se rendre dans quatre centres de distribution situés dans le sud de la bande de Gaza pour recevoir de l’aide. Ces centres ont été décrits comme des « pièges mortels » qui utilisent l’aide comme « appât » pour attirer les Palestiniens dans le sud de Gaza. Là, l’armée israélienne ouvre le feu sur les personnes venues chercher de l’aide, ce qui a donné lieu à de nombreux « massacres de l’aide » enregistrés. Au moment de la rédaction du présent rapport, 1 561 personnes ont été tuées sur les sites de la GHF ou alors qu’elles attendaient les camions d’aide dans le nord, selon le ministère de la Santé de Gaza.
Selon le ministère de la Santé, quelque 160 Palestiniens, dont 90 enfants, sont morts de malnutrition due à la famine.
Traduction : AFPS