"Il faut admettre que, dans les combats de ces derniers jours, c’est Israël qui a pris l’initiative en bombardant [dans la matinée du 27 février] un véhicule transportant des responsables militaires du Hamas et en liquidant ses occupants. La pluie de roquettes Qassam qui s’est immédiatement abattue sur Sdérot était donc prévisible, et l’on peut se demander pourquoi les autorités n’ont pas assumé leurs responsabilités envers les habitants de cette ville. Certes, Israël ne doit pas rester sans réagir, mais Tsahal et le gouvernement sont en train de prendre la population de Sdérot, et bientôt celle d’Ashkelon, en otages de leur indécision politique", constate Amir Rapoport, responsable du desk militaire de Maariv, quotidien populaire de droite. Rapoport s’interroge sur les motivations et le degré de préparation et d’anticipation de l’offensive sur Gaza.
C’est plutôt la confusion politique et militaire qu’incrimine pour sa part Uzi Benziman dans le quotidien de centre gauche Ha’Aretz. "Il est difficile de ne pas se sentir perdu au milieu de cette profusion de communiqués officiels et de conférences de presse contradictoires à propos des objectifs qu’entend atteindre Tsahal en lançant l’offensive sur Gaza ce week-end. L’impression qui prévaut, c’est que, exactement comme aux premiers jours de l’offensive sur le Liban de juillet 2006, le gouvernement ne sait ni où il va ni où il nous emmène. Il y a tout lieu de croire que les lendemains de cette opération seront très amers pour les citoyens d’Israël."
Finalement, y a-t-il une logique dans l’offensive contre la bande de Gaza ? Non, répond Ofer Shelah dans Maariv. "La logique ne compte pas dans notre réaction militaire disproportionnée, laquelle ne risque pas – bien au contraire – de créer une ‘réalité nouvelle’ à Gaza. Ce qui est à l’œuvre, c’est une mentalité israélienne fondée sur la vengeance, et notre volonté absurde de maintenir à tout prix une inéquation entre la quantité de sang versé par les Palestiniens et les Israéliens. Ce qu’avait très bien exprimé [l’actuel ministre travailliste de la Défense] Ehoud Barak après qu’il ait dû céder le poste de Premier ministre à Ariel Sharon. ‘Quand j’ai quitté le gouvernement [en 2001], le nombre de tués palestiniens depuis septembre 2000 était de 400, tandis que pour la même période le nombre de tués israéliens était à peine de 40’."
"Israël n’a que trois options : l’option militaire, avec la réoccupation de larges zones de la bande de Gaza, l’option politique, avec un accord de cessez-le-feu et la libération du soldat Gilad Shalit en échange de l’allègement des sanctions, et enfin le statu quo. Mais, hélas, aucune de ces trois options ne représente une solution", regrette le chroniqueur militaire Amos Harel dans Ha’Aretz.