De plus, le tracé du Mur du sud de Bethléem jusqu’à Hébron a été voté par le gouvernement israélien en décembre 2003 [1].
En France, la Campagne contre le Mur et pour la fin de l’occupation des Territoires palestiniens, qui a commencé en novembre 2003, est encore nécessaire et d’actualité. Elle s’est largement étendue au-delà du réseau de solidarité avec la Palestine. Quarante mille brochures de sensibilisation Stop the Wall ont été diffusées par la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine, auxquelles il convient d’ajouter les deux cent mille « quatre-pages » diffusés par le Collectif national pour une paix juste entre Palestiniens et Israéliens. De même, quatre-vingt-dix mille signatures ont été recueillies à ce jour par les différentes pétitions [2] demandant au gouvernement français et à l’Union européenne d’agir pour l’arrêt de la construction du mur.
Interpellation politique
En février 2004, la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine a commencé l’interpellation des élus politiques et du gouvernement français, deuxième temps de la campagne. La Plateforme a adressé une lettre d’information sur les conséquences du Mur et la brochure Stop the Wall aux 898 parlementaires français et des lettres-types ont été mises à la disposition des groupes locaux des associations de la Plateforme pour qu’ils puissent faire connaître à leurs élus leurs actions et le nombre de signatures recueillies à leur pétition.
Parallèlement, la campagne française s’est insérée dans la dynamique européenne lancée par la Coordination européenne des comités Palestine (CECP). Ainsi, une pétition soutenue par plus de deux cents ONG européennes a été envoyée simultanément aux parlementaires nationaux de sept pays de l’UE [3]. Par leur signature, les parlementaires s’engagent à demander à leurs gouvernements respectifs de tout mettre en œuvre pour contraindre l’Etat israélien à mettre fin à la construction du Mur. Le texte rappelle les positions fermes prises par l’UE par le passé, comme le gel partiel de la coopération scientifique avec Israël en 1990 qui avait permis la réouverture des écoles et universités palestiniennes.
Après l’envoi de la pétition européenne à tous les parlementaires français, une action conjointe et coordonnée avec l’AFPS a permis de réaliser des listes détaillées des parlementaires selon leur circonscription pour les répartir entre les groupes locaux de l’AFPS qui les ont à nouveau relancés. Ces actions ont permis de recueillir 67 signatures de parlementaires français au Parlement européen représentant tous les partis politiques : sur les 35 députés et 32 sénateurs, 26 sont du Parti communiste, 22 du Parti socialiste, 12 de l’UMP, 4 de l’UDF, 2 des Verts et un du RDSE [4].
Pour les sept pays de l’UE, ce sont 290 signatures de parlementaires qui ont été remises au ministère irlandais des Affaires étrangères, le 4 mai 2004, à Dublin, par le CECP, à la veille de la réunion des ministres euro-méditerranéens des Affaires étrangères. Simultanément, à Paris, des membres de la Plateforme ont rencontré l’ambassadeur d’Irlande en France pour lui demander de relayer la position du mouvement de solidarité avec la Palestine et des parlementaires français signataires de la pétition auprès de son gouvernement. Si la présidence irlandaise de l’UE montre au cours de ces derniers mois, par ses déclarations, de bonnes intentions, notamment sur la question du Mur, elle n’a cependant insufflé aucune action tangible. L’UE continue à se réclamer de la « feuille de route » sans prendre en considération que le Mur est en totale contradiction avec le texte et l’esprit de ce plan de paix.
Aujourd’hui, même si la campagne a obtenu le soutien de nombreux élus politiques, le nombre de 67 signataires sur 898 peut paraître dérisoire. A titre de comparaison, le Comité des parlementaires pour la paix au Proche-Orient, créé en décembre 2003 en soutien à l’initiative de Genève, regroupe 222 parlementaires.
Pour autant, ces 67 parlementaires représentent un vivier important d’acteurs politiques susceptibles d’ouvrir le débat au sein du parlement et d’interpeller le gouvernement quant à la politique étrangère de la France vis-à-vis d’Israël. Ainsi, depuis septembre 2003, 17 questions écrites de députés et sénateurs ont été adressées au gouvernement pour réclamer des actions pour l’arrêt de la construction du Mur.
Après avoir pris connaissance de ces signatures, M. Alain Méar, directeur du cabinet du président du Sénat, a encouragé les membres de la Plateforme à poursuivre plus intensément le dialogue avec les parlementaires, notamment en organisant régulièrement des rencontres avec des partenaires palestiniens et israéliens. Il s’agit donc aujourd’hui de poursuivre l’interpellation des parlementaires, notamment en direction du groupe de soutien à l’initiative de Genève, qui se doit de condamner le Mur et l’occupation.
Dès la rentrée, la Plateforme entreprendra donc la même démarche auprès des nouveaux députés européens jusqu’à ce que l’Union européenne agisse.
Rabab Khairy