À en croire certains opposants à la résolution adoptée par l’Assemblée nationale pour inviter le gouvernement à reconnaître l’État de Palestine, ce vote « ne modifierait rien sur le terrain ».
Tout dépend de quel terrain l’on parle. Certes, ce geste n’arrêtera pas d’un coup de baguette magique la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, pas plus qu’il ne mettra fin miraculeusement au blocus de Gaza. De là à parler d’acte « purement symbolique », il y a un pas... à ne pas franchir. Chacun sait que, abandonnés face à face, tels le pot de fer et le pot de terre, Israéliens et Palestiniens ne parviendront pas à une paix juste et durable. Pour y arriver, tout – ou presque – dépend désormais de l’intervention de la communauté internationale. D’où le caractère essentiel du terrain diplomatique.
Sur celui-ci, le vote français est d’autant plus significatif qu’il s’inscrit dans un mouvement – Suède, Royaume-Uni, Irlande, Espagne, Slovénie – et va sans doute l’amplifier, à commencer par la Belgique et le Danemark. Les réactions hystériques de Benyamin Netanyahou et de ses amis français en disent long sur le sentiment d’isolement qui les étreint, et qui n’est pas étranger à la décision d’anticiper les élections législatives : le Premier Ministre israélien espère non seulement les gagner, mais aussi et surtout se donner un gouvernement capable de résister aux pressions internationales.
Car ce n’est pas fini ! Au Conseil de sécurité des Nations unies, la Ligue arabe vient en effet de déposer, à la demande de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), un projet de résolution visant à inverser la procédure de négociation d’Oslo. Au lieu de rechercher un accord intérimaire en reportant aux calendes la discussion sur les dossiers de fond (frontières, capitale, colonies, sécurité, réfugiés), il s’agira de fixer d’emblée le cadre et les délais du processus. Ainsi le texte arabe définit-il l’État de Palestine par les frontières du 4 juin 1967 et sa capitale à Jérusalem-Est tout en donnant deux ans à Israël pour s’en retirer.
François Hollande est donc doublement attendu : à New York, pour le vote de cette résolution, et à Paris, pour la reconnaissance bilatérale de l’État de Palestine.