Déjà bien connu pour sa politique agressive à l’encontre des Palestiniens et son rôle, entre autres, dans les massacres de Sabra et Chatila où des milliers de Palestiniens furent assassinés, Sharon a pénétré dans le lieu saint des musulmans entouré par un millier d’hommes en armes de la sécurité israélienne.
Cette visite a déclenché une très large condamnation des Palestiniens où qu’ils fussent, musulmans et chrétiens, qui ont bien compris que la visite de Sharon était une provocation évidente pour la sensibilité des musulmans et une démonstration de force israélienne à Jérusalem.
Sur l’esplanade, des heurts ont éclaté le 29 septembre, en protestation contre la visite de Sharon. Les troupes israéliennes ont répondu aux manifestants- sans armes sinon les pierres et leurs chaussures, qu’ils ont jetées aux soldats- en ouvrant le feu sur les manifestations, tuant sept personnes sur l’esplanade et en blessant 160.
Le jour suivant, 9 Palestiniens furent tués dont Mohammed Al Durra, 12 ans, qui allait devenir le symbole de l’Intifada. Al Durra, filmé par une télévision française, était blotti terrifié sous le bras de son père tandis que les coups de feu claquaient autour de lui. Alors que le petit al Durra, frappé de plusieurs balles, était tué dans l’échange de tirs dans la ville de Gaza, son père, sérieusement blessé, a survécu.
Les semaines suivantes, les manifestations se sont étendues à toute la Cisjordanie et à la bande de Gaza. Le Premier ministre israélien, Ehud Barak,a alors décidé d’infliger une punition militaire sévère afin de réduire le soulèvement palestinien, en utilisant les missiles des hélicoptères Apache et les bombes des F-16 et des chars presque tout de suite après le début de l’Intifada.
Avec comme résultat la mort de centaines de Palestiniens aux mains des militaires israéliens. En octobre 2001 les manifestations s’étaient étendues aux Palestiniens qui vivent en Israël. Le 2 octobre les forces de sécurité israéliennes ont réprimé les Palestiniens d’Israël qui manifestaient à l’intérieur de la Ligne verte. Treize citoyens israéliens furent assassinés.
Même si l’on considère que c’est la visite de Sharon qui a déclenché l’Intifada, le soulèvement ne peut être dissocié de l’échec du processus de paix et des promesses non tenues d’Oslo. Une tentative de la dernière chance pour sauver le processus de paix amena la tenue en juillet de cette année là du sommet de Camp David 2, où le président Arafat aurait rejeté « l’offre généreuse des Israéliens ». La propagande médiatique qui a suivi a donné une mauvaise image des Palestiniens, ingrats et vindicatifs, détériorant un peu plus encore leur image sur la scène internationale.
La vérité c’est que les Palestiniens n’auraient jamais pu accepter la proposition de Camp David puisqu’il s’agissait d’un accord de paix tronqué qui n’accordait aucune souveraineté aux Palestiniens, notamment sur Jérusalem. Il n’offrait non plus aucune garantie du droit au retour des réfugiés palestiniens. Même le retrait complet d’Israël sur les frontières de 1967 était mis en cause disait-on par un « échange de terres » proposé en contrepartie de l’annexion par Israël des plus gros blocs de colonies en Cisjordanie.
Depuis le début de l’Intifada il y a 7 ans, plus de 4 500 Palestiniens ont été tués par les troupes d’occupation et les colons dans les territoires palestiniens et des milliers ont été blessés. Plus de 1000 Israéliens ont aussi été tués par des Palestiniens dans la même période. Il y a plus de 10 000 Palestiniens dans les prisons israéliennes. En outre, sur le terrain, Israël a continué à construire et étendre les colonies juives illégales en Cisjordanie, bien qu’il ait démantelé ses colonies dans la bande de Gaza en 2005.
Il existe maintenant plus de 500 points de contrôle militaires israéliens en Cisjordanie, qui isolent les uns des autres les villes et les villages. Encore plus visible et destructeur, le mur de séparation en Cisjordanie, dont Israël affirme que la construction avait pour premier objectif d’empêcher des kamikazes palestiniens potentiels d’entrer en Israël. Mais les véritables intentions d’Israël étaient de créer des frontières de facto entre lui et toute entité palestinienne à venir, afin de garantir qu’il y ait le plus de terre possible du côté israélien du mur.
En juin 2002 le gouvernement israélien a commencé à construire le mur, qui fera 650 kilomètres quand il sera fini. Sur son chemin, le mur annexe réellement près de 50 % de la Cisjordanie, coupant les gens de leur terre, de leurs foyers, de leurs emplois et de leurs familles.
Aujourd’hui les perspectives de paix pour une solution définitive du conflit paraissent extrêmement minces. Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis juin 2007, est soumis à l’ostracisme politique et économique d’Israël, de la communauté internationale et du gouvernement dirigé par le Fatah en Cisjordanie. Etant donné les mesures de bouclage de plus en plus oppressives, le système de check points et les privations économiques, les Palestiniens ont atteint un niveau record de pauvreté et de chômage.
Depuis le début de Intifada al-Aqsa, Israël a pris des mesures pour s’assurer que des faits sur le terrain soient établis qui empêcheront effectivement la création d’un Etat palestinien viable, souverain et avec contiguïté géographique, dans un avenir proche.