C’est un projet controversé que le gouvernement israélien tente de faire passer devant le Parlement. Huit ministres proposent d’annexer la vallée du Jourdain, une zone située à l’est de la Cisjordanie, le long du fleuve Jourdain, et peuplée de 60 000 Palestiniens. La zone ainsi annexée resterait donc partie de l’Etat d’Israël, même en cas d’accord de paix avec les Palestiniens. L’Autorité palestinienne a vivement condamné ce projet d’annexion.
Avec notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul
Le projet de loi présenté par une députée de l’aile droite du Likoud, le parti de Benyamin Netanyahu, a été adopté par une commission ministérielle et doit encore être soumis à l’aval de la Knesset.
Il s’agit d’annexer des colonies de peuplement situées dans la vallée du Jourdain. Le premier projet de ce genre depuis 1981, lorsqu’Israël a imposé son autorité sur le plateau du Golan pris à la Syrie, et l’annexion de Jérusalem-Est au lendemain de la guerre des Six Jours en 1967.
La ministre de la Justice, Tzipi Livni, qui dirige l’équipe israélienne dans les négociations avec les Palestiniens, a immédiatement contesté cette initiative et a annoncé qu’elle userait de toutes ses prérogatives pour empêcher son adoption par le Parlement.
John Kerry attendu mercredi
« Ce projet de loi et ce vote en commission ministérielle n’a pas pour but d’annexer une partie de la Cisjordanie, mais plutôt de protéger le statut de certains membres du Likoud face à l’extrême droite du parti au prix d’une atteinte à l’image du pays, de son isolement et de sa sécurité », estime la ministre.
Mais la décision risque d’avoir des répercussions sur le dialogue israélo-palestinien alors que le secrétaire d’Etat américain John Kerry est attendu ce mercredi 1er janvier dans la région pour une nouvelle navette diplomatique entre les deux parties.
Libération de prisonniers palestiniens
La présentation de ce projet d’annexion de la vallée du Jourdain devant le Parlement israélien intervient également à quelques heures de la libération de 26 prisonniers palestiniens. Une troisième vague de libération de prisonniers palestiniens prévue lors de la reprise des négociations de paix, l’été dernier. Le feu vert à cette libération avait été donné samedi soir, mais elle ne devrait pas être effective avant ce lundi soir pour respecter le délai de 48 heures donné aux familles de victimes auprès de la Cour suprême israélienne. Des appels contre la libération de prisonniers palestiniens qui, jusqu’à présent, ont toujours été rejetés par la Cour suprême.
Le sentiment qui domine est qu’Israël donne des gages d’un côté, mais reprend de l’autre. On attend ainsi, dans les heures qui viennent, la confirmation d’un autre projet : la construction de 1 400 logements supplémentaires dans les colonies. Une autre forme de provocation.
REACTION : Un projet d’annexion mal accueilli chez les Palestiniens
Avec notre correspondante à Ramallah, Emilie Baujard
Le premier à exprimer sa colère est le chef des négociateurs palestinien. Pour Saeb Erekat, ce projet détruit tous les efforts de paix mis en place depuis juillet par les Américains et il prouve aussi l’indifférence d’Israël vis-à-vis du droit international.
Car la vallée du Jourdain, zone hautement stratégique, le long de la frontière avec la Jordanie, fait partie, selon les différents accords de paix, des territoires palestiniens et, à ce titre, elle est censée faire partie d’un futur Etat de Palestine.
Ce projet d’annexion n’est qu’une nouvelle tentative pour prendre le contrôle de la vallée du Jourdain, explique un diplomate palestinien. Selon les Nations unies, 87% des terres sont déjà occupées par Israël et 37 colonies juives y sont installées.
Le projet israélien pourrait donc mettre à mal les négociations de paix qui sont en cours, des négociations déjà bien fragiles.