« L’Etat israélien tint en effet pour responsable
de cette opération le gouvernement libanais dans son ensemble, arguant de la présence en son sein de deux ministres du Hezbollah.
Durant trente-trois jours, l’armée israélienne fit subir à la population libanaise un véritable châtiment collectif, en bombardant
de nombreuses infrastructures civiles - routes, ponts, usines, aéroport, ports ou dépôts de carburant. L’aviation s’acharna particulièrement
sur les prétendues “places fortes“ du Hezbollah, la banlieue sud de Beyrouth, le sud du Liban et Baalbek. Les civils libanais
payèrent un lourd tribut à cette tactique de matraquage aérien : 1183 morts, 4 059 blessés et près d’un million de déplacés. [...] Les
roquettes du Hezbollah, s’abattant sur le nord d’Israël, causèrent la mort de quarante et un civils et provoquèrent le déplacement de
250 000 personnes », rappellent Franck Mermet et Elisabeth Picard [1].
Le 6 septembre 2007, Human Rights Watch a rendu public un rapport sur les victimes libanaises de la guerre de cet été 2006 [2]. Human Rights Watch écrit dans un communiqué : « Les attaques aveugles menées par Israël ont causé la plupart des pertes en vies civiles »
et précise : « Aucun élément n’indique que le Hezbollah se soit servi de “boucliers“ de façon généralisée ». L’organisation a enquêté
sur plus de 500 pertes en vies humaines. Kenneth Roy, directeur exécutif de HWR, assure : « L’Etat d’Israël a agi à tort comme si tous
les civils avaient tenu compte de ses mises en garde appelant à évacuer le Sud Liban alors qu’il savait que ce n’était pas les cas. Il s’est
ainsi dérobé à son obligation légale de toujours faire la distinction entre les cibles militaires et les civils. Emettre des avertissements
ne rend pas légitimes des attaques menées sans discrimination. »
De son côté, le “Collectif national pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens”, constitué dès le début de la
deuxième Intifada palestinienne et regroupant divers mouvements, organisations, partis et syndicats, s’est notamment engagé
durant tout l’été 2006 contre la poursuite de la guerre. Près d’un an plus tard, et tandis que se poursuit, en toute impunité,
l’occupation des territoires palestiniens par Israël, le Collectif national, au-delà de la diversité de ses composantes, a voulu se pencher
sur « les recours judiciaires contre les crimes de guerre », en revendiquant singulièrement « l’application du droit international au cas d’Israël ».
Tel était l’objet du colloque qu’il a organisé le samedi 19 mai 2007 à Paris, faisant notamment appel à des juristes, professeur de
médecine, responsables d’associations de défense des droits humains... Il s’agissait de mieux connaître et de comprendre la notion
de crime de guerre, le droit international comme la nature de certaines armes utilisées par Israël qui posent problème quant aux conditions
de leur utilisation, en particulier dans des zones fortement peuplées de civils. Il était important d’interroger aussi les poursuites
possibles contre les crimes de guerre, en France et à l’échelle internationale, et de revenir sur le rôle incontournable des sociétés pour
y parvenir.
Pour la Palestine publie ici les introductions aux débats (textes écrits, ou transcriptions des enregistrements) des intervenants
sollicités par le Collectif national. Que, dans la diversité de leurs approches, qui les engagent, ils en soient tous chaleureusement
remerciés. Pour la Palestine, de son côté, poursuivra ce débat et la publication de contributions de spécialistes, notamment du droit international.
– La rédaction
Les dessins d’enfants qui illustrent ce supplément sont extraits de deux ouvrages : Les enfants libanais et la guerre, édité à Beyouth par
Seta Manoukian et de Témoignage en couleurs - Dessins des enfants de Tell-el-Zaatar, publié par le Font démocratique de libération de la Palestine.
Tous deux datent, probablement, de la fin des années 70. Droits réservés.