Après des études d’ingénieur il interrompit sa carrière professionnelle pour devenir religieux franciscain. Il choisit, au début des années 60, de partager la vie et le travail des migrants comme simple manœuvre dans les Travaux Publics et habitait avec sa petite communauté en plein milieu prolétaire. Il fut l’un des pionniers de la communauté Emmaüs de Peltre (Metz), engagé dans les associations populaires familiales, les syndicats ouvriers et les associations de soutien aux travailleurs migrants.
Très ouvert sur le monde, particulièrement le monde arabe dont il parlait la langue, imprégné de la devise de Témoignage Chrétien, qu’il avait faite sienne « vérité, justice quoi qu’il en coûte », il s’investit naturellement dans la défense des droits du peuple palestinien. En 1971 c’est avec lui, et Paul et André que nous n’oublions pas, que nous avons créé le premier « comité Palestine » à Metz regroupant des chrétiens et les militants « gauchistes » d’origines diverses ...qui devint une section locale de l’AMFP dès sa création en 1973 pour être aujourd’hui celle de l’AFPS. Militant infatigable, discret, patient, tenace, il ne ménagea ni son temps ni sa peine au service de cette cause qui lui tenait tant à cœur. Il fut responsable de la section pendant une quinzaine d’années et passa plusieurs mois dans les camps palestiniens de Beyrouth pour une mission de reconstruction avec l’AMFP en 1983. Il fit aussi de nombreux séjours en Palestine et je me souviens avec émotion de la démarche qu’il entreprit en mai 1989 pour rencontrer le père de l’enfant qu’il parrainait, emprisonné par l’occupant israélien. Parti dès 5h du matin avec la famille dans le car de la Croix Rouge il subit toutes les humiliations jusqu’à l’attente interminable à la prison où l’armée leur annonça finalement l’interdiction de visite, pourtant annoncé comme « jour de visite exceptionnel pour l’Aïd »...
Solidaire du peuple palestinien quoi qu’il en coûte, il n’eut de cesse de témoigner pour informer, rétablir la vérité, convaincre ... ce qu’il fit, dans le respect de l’autre, sans jamais se décourager et avec le sourire, jusqu’à ses dernières forces.
Comme nous l’avons souligné en ce jour -de l’Aïd, aussi, ce n’est pas un hasard ! - où nous étions rassemblés pour lui rendre hommage, il reste pour nous un ami exceptionnel, un formidable témoin par lequel beaucoup d’entre nous ont donné un sens à leur vie personnelle. Jacques va nous manquer car la paix qu’il souhaitait tant est encore loin. Mais, comme il en était sûr, elle arrivera ... la vérité et la justice finiront par triompher !
Claude Abou-Samra, pour la section locale AFPS Metz.