Photo : Des activistes israéliens et internationaux mettent des drapeaux palestiniens sur les bulldozers militaires à Masafer Yatta, le 18 fév 2023 en protestation contre le checpoint de la zone de tir 918 - Crédit : Heather Sharona Weiss (Active Stills Collective)
Depuis le début du mois de juillet 2023, treize familles palestiniennes comprenant 84 personnes (44 enfants et 40 adultes) ont été déplacées de Masafer Yatta, citant comme raison principale l’augmentation des restrictions de mouvement imposées par les forces israéliennes.
Situées dans le sud de la Cisjordanie, les 13 communautés de Masafer Yatta abritaient jusqu’à récemment 215 ménages palestiniens, soit environ 1 150 personnes. La région se trouve dans les 18 % de la Cisjordanie déclarés par les autorités israéliennes « zones de tir » et affectés à des entraînements militaires. Les personnes déplacées au cours des trois derniers mois représentent environ 7 % de la population.
Au fil des ans, et de plus en plus depuis mai 2022, les autorités israéliennes ont imposé des restrictions de circulation, confisqué des biens, démoli des maisons et effectué des entraînements militaires à Masafer Yatta. Ces pratiques ont conjointement contribué à créer un environnement coercitif qui a poussé les résidents à déménager.
Au cours des trois derniers mois, les restrictions de circulation se sont encore intensifiées. Opérant à partir d’une base militaire nouvellement établie, les forces israéliennes patrouillent désormais plus fréquemment dans la région, limitant encore davantage les déplacements des habitants et l’accès aux marchés et aux services de base, ainsi que la livraison de fourrage et d’autres intrants pour le bétail, dont dépendent la plupart des familles. Ils ont également confisqué les véhicules utilisés par les habitants.
Deux écoles de la région signalent que 24 élèves ont abandonné leurs études cette année, y compris des élèves dont les familles sont parties dans cet environnement coercitif, et d’autres qui craignent de devoir se rendre à l’école dans des conditions dangereuses. Lors d’un incident survenu en septembre, les forces israéliennes ont arrêté des enseignants qui se rendaient à leur travail et ont menacé de saisir leur véhicule s’ils l’utilisaient à nouveau.
Depuis mars 2023, l’une des communautés de Masafer Yatta, Khirbet Bir Al ’Idd, est restée vide, suite au déplacement des deux dernières familles. Dans ce cas, les membres des familles ont invoqué la violence croissante des colons comme principale raison de leur départ. Il s’agit désormais de l’une des quatre communautés palestiniennes à avoir été complètement vidées en Cisjordanie depuis 2022.
Les organisations humanitaires et les donateurs ont fourni une assistance aux communautés de Masafer Yatta pour répondre à leurs besoins de base. Cependant, au fil des ans, les autorités israéliennes ont entravé ces efforts en émettant des ordres de démolition ou d’arrêt des travaux, en confisquant des véhicules et du matériel, et en restreignant l’accès physique aux terres et l’entrée des travailleurs humanitaires. Un projet d’abris d’urgence lancé en mai 2023 a dû être interrompu suite à la confiscation du matériel de réhabilitation par les autorités israéliennes.
Le transfert forcé de civils depuis ou à l’intérieur du territoire palestinien occupé est interdit par le droit international humanitaire. Les Nations unies ont appelé les autorités israéliennes à mettre fin à toutes les mesures coercitives, y compris les restrictions de mouvement, les expulsions planifiées, les démolitions et l’entraînement militaire dans les zones résidentielles.
Photo corps de texte : Carte de Masafer Yatta - Crédit : Ocha oPt
—
Traduit par : AFPS