Le monde entier s’est félicité du "désengagement" de Gaza et a salué
Sharon « l’homme de paix », y compris l’Union Européenne. Y compris le
gouvernement et le chef de l’Etat français .
Et depuis l’accident cérébral qui a éloigné définitivement Sharon du
pouvoir c’est à qui rendra hommage à l’homme courageux « qui aura
essayé de construire la paix » [1].
Puisque « la paix avance », grâce à Sharon, les échanges, en particulier
économiques et militaires peuvent se développer au grand jour. C’est
ainsi que nos ministres, notre ambassadeur de France en Israël ont pu
se féliciter du développement de ces échanges et de l’attribution à des
sociétés françaises la construction d’un tramway [2] à Jérusalem, qui
reliera Jérusalem-Ouest à des colonies israéliennes dans et à travers
Jérusalem-Est.
C’est du moins ce que les responsables politiques essaient de nous
faire croire. Et il faut avouer qu’auprès de « l’homme de la rue », ça
marche !
Nombre de personnes affirment de bonne foi que ça va beaucoup
mieux au Proche-Orient - grâce à Sharon - et que les Palestiniens,
comme les Israéliens, doivent certainement reprendre espoir.
Nous en sommes bien loin !
Nous savons que la bande de Gaza reste une prison
surpeuplée où l’armée israélienne intervient où et quand bon lui semble, où elle confisque la terre au nom de la sécurité, empêche la sortie des marchandises, et contrôle toujours les espaces aérien, maritime et terrestre, sauf au Sud où en théorie le point de passage de Rafah permet une ouverture sur le monde. Cependant le passage y est très aléatoire et sous contrôle sécuritaire israélien. Quant aux convois de bus promis pour relier la Cisjordanie à Gaza, ils restent du domaine du rêve.
En Cisjordanie les checkpoints sont toujours aussi nombreux, le mur d’annexion s’étend, enfermant totalement des villes et des villages, d’énormes postes de
contrôle israéliens, véritables postes-frontières illégaux, sont érigés au cœur des terres
palestiniennes.
Partout l’occupation, la colonisation et l’annexion
s’intensifient.
Partout l’armée israélienne, partout les colonies, partout des maisons détruites, des arbres arrachés, des enfants terrorisés sur le chemin de l’école, des assassinats, des incursions de l’armée, des arrestations...et maintenant le tramway colonial à Jérusalem.
Et quelque chose aurait changé ?
Comme toujours le pouvoir israélien leurre la communauté internationale, qui veut bien être leurrée et se satisfait d’un discours menteur qui lui permet de ne plus prendre position politiquement malgré les appels à l’aide de la Palestine - si ce n’est pour affirmer qu’il serait très
mal venu que les Palestiniens aient le mauvais goût d’élire trop de candidats du Hamas, et qu’il pourrait en résulter des sanctions.
Le seul changement, évident, c’est le constat cruel qu’aussi loin que Mahmoud Abbas soit allé pour satisfaire aux conditions de Bush et de Sharon, il n’a rien obtenu en échange pour son peuple, c’est le fait que la situation est pire qu’il y a un an, malgré la trêve respectée
globalement par les organisations de la résistance.
Militants du droit des Palestiniens à disposer d’un Etat sur leur terre, avec Jérusalem-Est pour capitale, ne nous laissons pas berner et ne laissons pas berner nos concitoyens.
Inlassablement nous devons parler : témoigner et informer, informer et encore informer l’homme de la rue, les responsables associatifs, les élus...
Et puis nous devons agir, notamment au travers des projets [3], des parrainages, des partenariats et jumelages, participer à des missions sur place (cueillette des olives...), des échanges... Contribuer par nos
actions à ce que les Palestiniens puissent rester sur leur terre et résister au nettoyage ethnique que l’occupant accomplit jour après jour, sous l’oeil indifférent de la communauté internationale.
Notre solidarité politique est une solidarité globale qui s’exprime de multiples façons.
C’est aussi pour nous un moyen de mobiliser nos concitoyens et une illustration concrète de notre engagement auprès du peuple palestinien dans sa lutte pour recouvrer ses droits nationaux.
Et comme l’écrit Monique Etienne dans un récent Politis [4], à propos du projet huile d’olive, « c’est aussi pour nous, une illustration
concrète de notre engagement dans d’autres rapports Nord-Sud ».