Lundi 03 Octobre 2005, un vote du Parlement palestinien a demandé au Président Mahmoud Abbas de dissoudre le gouvernement pour son échec à mettre fin au chaos armé à Gaza après le retrait israélien.
Ce vote intervient après de violents affrontements entre le Hamas et la police palestinienne qui ont fait trois morts dont un officier de la police, et une cinquantaine de blessés à Gaza.
Les députés ont majoritairement appuyé un rapport du Comité Parlementaire sur la détérioration de la situation sécuritaire, qui vise particulièrement le Ministre de l’Intérieur, Nasser Yousef, responsable des forces de sécurité. Le rapport accuse le gouvernement, dirigé par le Premier Ministre Ahmed Qorei, de ne pas avoir su apporter la réponse appropriée à l’anarchie que font régner les groupes armés.
Il incite Abbas à ‘former un gouvernement qui soit capable de réaliser ses engagements’ et de ‘renvoyer tous les directeurs des services de sécurité qui ont échoué à remplir leurs devoirs et à les remplacer.
Signe de la frustration croissante de l’opinion publique devant l’état de non droit répandu dans les territoires palestiniens, c’est à 42 contre 5 et 5 abstentions que les députés ont voté un appel à Mahmoud Abbas à former un nouveau gouvernement dans les deux semaines. Sinon il s’exposera à une motion de censure que les députés n’ont pas été jusqu’à voter cette fois.
Ce vote a accru la pression contre Abbas peu après que des dizaines de policiers, furieux de la mort de leur commandant tué dimanche par des combattants du Hamas et qui demandaient des sanctions contre eux, ont pénétré de force dans un bâtiment du Conseil Législatif à Gaza où les députés participaient à une session en visio-conférence avec leurs collègues de Ramallah [1].
Il n’y a pas eu de tirs dans le bâtiment, où Abbas, présent à Gaza, ne se trouvait pas, mais on a entendu des coups de feu à l’extérieur de l’enceinte. Il n’y a eu aucune victime. Un policier en armes est entré dans la salle, interrompant la session un court moment, avant de se retirer avec ses camarades.
Le président Abbas a ensuite ensuite accordé une semaine supplémentaire au Premier Ministre pour remanier son gouvernement, préférant garder l’exécutif actuel jusqu’à la date des législatives "trop proches" pour envisager un changement complet d’équipe.
Ce même lundi 3 octobre, les dirigeants des groupes palestiniens basés à Damas ont décidé de ne pas recourir aux armes pour régler les problèmes internes et ont réaffirmé le droit du peuple palestinien à résister à l’occupation.
Khaled Masha’al le principal dirigeant du Hamas, dont le gouvernement israélien veut interdire la participation aux élections législatives palestiniennes de janvier 2006 [2], a déclaré que le peuple palestinien avait le droit de résister à l’occupation et en même temps de se lancer dans des activités politiques.
« Tant que notre terre est occupée, le peuple palestinien et ses groupes armés ont le droit de combiner résistance et activités politiques. La résistance et ses armes sont dirigées contre l’occupation tandis que les activités politiques ont pour but de remettre de l’ordre dans la maison Palestine » a déclaré Mashal à Damas dans une conférence de presse commune avec le dirigeant du Fatah, Farouk Qaddoumi et d’autres dirigeants palestiniens.
Alors que Masha’al s’oppose à la demande exprimée avec force par la Secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice de désarmer le Hamas, avant qu’il puisse se présenter aux élections législatives,appuyant crûment l’ingérence israélienne dans la vie démocratique du peuple palestinien, l’occupation israélienne continue quotidiennement à morceler,étouffer et détruire le territoire palestinien [3].
Dans ce contexte, l’ensemble des branches armées des groupes de la résistance palestinienne viennent de signer un pacte national d’honneur qui vise à diminuer les risques d’affrontements internes tout en sauvegardant la résistance et en conservant ses armes que, selon Abu Obaidah, le porte parole des Brigades Izzedin Al Qassam, la branche armée du Hamas, certains veulent confisquer. Il a indiqué que les groupes armés de la Résistance nationale et islamique avaient signé ce pacte pour déjouer ces intentions.
« Le pacte déclare qu’aussi longtemps que l’occupation israélienne durera, la résistance restera le choix national stratégique du peuple palestinien pour combattre l’occupation. Le pacte s’engage à maintenir l’action diplomatique et politique à condition qu’elle protège les intérêts nationaux. Il entend respecter le calme annoncé par les groupes palestiniens mais considère que nous avons le droit de répondre à toute violation commise par les forces d’occupation. »
Malgré cet accord le Mouvement anonçait samedi 8 octobre que la veille des hommes de la Sécurité palestinienne avaient arrêté chez lui le Dr. Riyadh Abdul-Karim Al Ras, Doyen du Département d’ Ingénierie à l’université Al Najah à Naplouse dont il est l’une des personnalités politiques.
Le Dr. Al Ras, de Tulkarem, l’un des candidats du Hamas aux prochaines élections législatives, a été rapidement relâché. Cependant d’autres membres du Hamas, Basim Obeido, de Hébron, and Hasan Safi de Bethléem auraient été enlevés par de s groupes armés palestiniens qui disent réagir ainsi aux attaques du Hamas contre l’Autorité Palestinienne. Le Hamas affirme que c’est l’ANP qui est derrière ces enlèvements, ce que démentent les autorités palestiniennes.
Rien ne semble donc définitivement réglé de ces problèmes dont l’occupation est pour l’essentiel responsable. Après des décennies d’occupation, la déstructuration et la fragmentation de la vie palestinienne depuis 5 ans, ajoutées à l’assassinat ou l’arrestation de la plupart des dirigeants de la résistance [4] en a fragilisé la cohérence et l’unité.
Cependant, sur fond de différences d’analyse stratégique et tactique, de rivalité politique et de lutte de pouvoir, qui sont la réalité de nos sociétés, la résistance qui au cours du passé s’est déjà violemment affrontée (ainsi au Liban en 1983) a réussi jusqu’à maintenant à ne pas faire le jeu bien orchestré des autorités israéliennes et a su éviter l’éclatement.