La tension était vive, lundi matin, dans le camp palestinien de Bourj el-Chemali, près de Tyr au Liban-Sud, où le Hamas a appelé à la grève au lendemain de la mort de trois de ses militants, tués lors des obsèques d’un membre de ce mouvement islamiste, selon notre correspondant Mountasser Abdallah.
Dans un communiqué publié dimanche soir, l’armée libanaise a indiqué que les forces de sécurité palestiniennes dans le camp palestinien d’al-Bass lui avaient remis un Palestinien auteur présumé des tirs à Bourj al-Chemali, et qu’une enquête a été ouverte.
Le Hamas avait accusé, dans un communiqué, les forces de sécurité relevant de l’Autorité palestinienne, contrôlées par le Fateh, d’avoir "ouvert le feu de façon préméditée" sur le cortège funèbre, ce que cette composante historique du mouvement palestinien a démenti. La formation islamiste a précisé que trois de ses membres avaient été tués, et non quatre comme elle l’avait indiqué par erreur dans un premier temps, en raison d’une confusion sur les noms des victimes. Il s’agit de Mohammad Walid Taha, Hussein Mohammad al-Ahmad et Omar Mohammad Sahli.
Le Hamas avait appelé à "livrer les assassins aux autorités libanaises et les traduire en justice", et invité la population des camps palestiniens du Liban à la grève lundi en signe de protestation. L’appel à la grève a été respecté à Bourj el-Chemali, où les écoles et magasins étaient fermés, mais inégalement suivie dans le reste des camps du Liban selon notre correspondant.
Dimanche, les tirs avaient visé les personnes qui participaient aux funérailles d’un responsable du Hamas, tué dans une explosion qui s’est produite vendredi soir à Bourj al-Chemali. Les raisons de la déflagration restent entourées de flou, le Hamas réfutant les informations sur l’explosion d’une cache d’armes.
Outre ce responsable du Hamas, Hamza Ibrahim Chahine, alias "Abou Mohammad", tué dans cette déflagration, plus d’une dizaine de personnes ont souffert d’asphyxie. Selon l’Agence nationale d’information (Ani, officielle), l’explosion s’est produite "dans un entrepôt de munitions appartenant à un groupe armé" dans le camp. Une source militaire libanaise a, elle aussi, confirmé à l’AFP que l’explosion est survenue dans un dépôt d’armes et de munitions du Hamas, près d’une mosquée du camp. Toutefois, l’organisation a démenti cette version, affirmant que la déflagration a eu lieu à cause d’un faux contact électrique à l’intérieur d’un entrepôt "contenant des bonbonnes de gaz et d’oxygène, ainsi que des détergents et désinfectants utilisés dans la lutte contre le coronavirus".
Le Liban accueille près de 200.000 Palestiniens, pour la plupart dans les 12 camps du pays, des descendants des réfugiés ayant fui lors de la "nakba" (catastrophe), la création de l’Etat d’Israël en 1948. En vertu des accords du Caire de 1969, l’armée libanaise ne pénètre pas dans ces camps, où la sécurité est assurée par les factions palestiniennes rivales lourdement armées.
Les relations entre le Hamas et le Fateh, une organisation laïque du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qui siège à Ramallah en Cisjordanie, sont tendues depuis 2007, lorsque les islamistes ont pris le contrôle de la bande de Gaza au terme d’affrontements sanglants.