Je m’appelle Michelle. Sur le chemin de l’apartheïd, je me suis engagée pour la première fois. Je suis partie à la découverte de la Palestine dont j’ignorais presque tout. Je n’en connaissais que ce que nous disent les médias. J’ai découvert : un peuple opprimé par l’occupation, un pays ravagé par les destructions de maisons, d’usines et de magasins. Un pays paralysé par les chekpoints, les barrages volants, les barbelés et les monticules de terre qui bloquent l’entrée des chemins. Un pays dont l’économie est totalement asphyxiée.
J’ai aussi découvert un peuple patient, chaleureux et courageux.
Je m’appelle Denise. Sur ce chemin de l’apartheïd, je me suis engagée une nouvelle fois. La cinquième. A la rencontre de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants dont le visage me bouleverse. Visage marqué par la fatigue, la peur, l’humiliation, la souffrance, l’espoir qui ne cesse de s’amenuiser. Une fois encore, j’ai essayé, par ma présence, de leur dire qu’ils n’étaient pas seuls dans leur longue lutte pour un avenir de Justice et de Paix, qu’un jour, une aube nouvelle se lèverait pour eux. Comme elle tarde à venir !
Nous nous sommes installées, un mois, au centre ville de Naplouse, logeant chez une famille palestinienne amie, partageant pour un temps, les nuits sans sommeil, la fatigue des lendemains, l’angoisse à l’annonce, par le muezzin, de nouveaux « shahids » [1], la peine des parents des enfants arrêtés, frappés, emmenés en prison, la détresse des familles dont la maison explose, les difficultés de circulation, la colère face au silence complice de la communauté internationale.
Nous avons participé - nous étions douze - pendant onze jours, à une mission civile de protection, pour la cueillette des olives, dans la région de Salfitt en Cisjordanie, non pour aider les Palestiniens à le faire, mais pour leur permettre de le faire.Lentement, mais sûrement, le rouleau compresseur des forces d’occupation israélienne poursuit son œuvre de destruction du peuple palestinien. Pas un jour ne passe sans morts, blessés, emprisonnements, morcellement de tout un pays, vols des terres et d’arbres fruitiers. Les humiliations et le harcèlement sont permanents.
Sur ce chemin de l’apartheid le peuple palestinien résiste avec courage et dignité.
LES INCURSIONS
Chaque nuit, l’armée israëlienne pénètre dans les trois camps de la ville de Naplouse, dans la vieille ville et tire. Armes automatiques. Bombes assourdissantes. Bombes réelles. L’heure varie, minuit, 1 heure du matin, mais aussi à partir de 18h30. Si, exceptionnellement, une nuit, les armes se taisent, elles sont remplacées par des aboiements de chiens enregistrés sur cassette . Dans le camp de Balata, et sans doute dans les autres, les soldats font sauter les boutiques.
La vie sociale est détruite, les gens n’osent plus sortir, se rendre visite.
Dans la vieille ville, visite à une famille de quatre enfants. Le mari, malade, ne peut travailler. Chaque nuit, vers une heure du matin, les soldats pénètrent dans sa maison, fouillent, cassent. Il en est ainsi pour de nombreuses familles.
Le 19 octobre, à 19h45, l’armée envahit toute la ville de Naplouse. Fusillades.
Dans la maison en face de celle où nous logeons, l’armée pénètre, prend en otage la grand-mère pendant 6 heures et tire sur la maison d’en face. La personne recherchée n’est pas là !
Le 30 novembre, à 7 heures du matin, opération militaire dans le camp de Balata. Durant deux heures, couvre-feu, tirs. Des hélicoptères survolent le camp. Deux jeunes arrêtés, une maison incendiée.
Dans notre rue, la nuit, un tank défonce un magasin, écrase une voiture. La chaussée porte les traces des chenilles.
Pendant que nous étions aux olives, l’armée occupe pendant deux jours, toute la ville de Naplouse. Les écoles ne peuvent accueillir leurs élèves.
Dans les villages, chaque nuit, l’armée débarque, tire, bloque les routes d’accès avec des pierres et de la terre. La nuit du 13 novembre, dans le village Al Funduq, les soldats arrêtent un jeune, lui demandent de danser. Il refuse. Les soldats le frappent si violemment à la jambe qu’ils la lui cassent. Il doit attendre le lendemain matin pour aller se faire soigner à l’hôpital.
LES ASSASSINATS
A Naplouse, il ne se passe pas une semaine, sans que des jeunes ne soient tués. Nous ne citerons que quelques exemples.
A notre arrivée, le 17 octobre 2006, deux jeunes en voiture, l’un de 16 ans, l’autre de 24 ans, sont assassinés, au Chekpoint d’Awarta. Le soldats qui les ont tués étaient habillés en civil et circulaient dans une voiture banalisée.
Le lendemain, à l’entrée de la vieille ville, vers 20 heures, des soldats en civil, dans une voiture dont l’immatriculation est palestinienne, poursuivent un jeune et le tue.
Le jeudi 19, dans le milieu de la nuit, appel du muezzin à la mosquée. De nouveau, un jeune a trouvé la mort.
Le 23 novembre, dans l’après-midi, nous croisons un groupe d’hommes aux alentours d’un cimetière. Tristesse et colère se mêlent sur leur visage. Ils enterrent un « shahid » de 24 ans, du camp Al Ein . En rentrant le soir,
nous allons au cimetière, pour nous recueillir sur sa tombe. Le gardien nous accompagne, nous montre les innombrables tombes où reposent des jeunes tués par l’armée israëlienne . « Ici c’est le cimetière des shahids »,
nous dit-il .
A Darna , maison d’associations palestiniennes, un homme du village de Beit Iba témoigne : « Il y a trois ans, mes deux frères, à deux mois d’intervalle, ont été assassinés par l’armée israélienne, dans notre maison. Je reste seul, mes parents n’ayant eu que trois garçons. »
LES PEURS
Dans le centre ville de Naplouse, une femme habite un petit immeuble. Si les soldats la voient sur son balcon, ils tirent. Elle n’ose plus y aller.
Karim, vingt mois, fils de notre voisin, dit « j’ai peur » dès qu’il entend du bruit.
Un vieil homme nous raconte « un matin, en revenant de la mosquée, j’aperçois une meute d’une vingtaine de chiens de combat, lâchés par l’armée. J’ai très peur, je me bloque contre le mur, et j’attends qu’ils soient rappelés sur la colline, au poste militaire ».
Un étudiant nous accompagne dans la vieille ville. « J’ai peur . Pour nous, construire vers la montagne, nous est interdit. Tout nous est interdit. Vivre nous est interdit. »
Jawad, du camp de Balata : « Chaque soir je me mets en pyjama pour la nuit. Dès que j’entends les soldats, je me rhabille parce qu’ils nous font sortir dehors. Mes enfants ont peur. J’ai peur ».
Un enfant de quatre ans : « Je n’aime pas Naplouse à cause de la guerre »
Sous des oliviers, une femme prépare le thé : « Avant, la récolte des olives était un temps de fête, maintenant c’est un temps de peur ! »
Un enfant entend une jeep militaire passer :
L’enfant - "Ce sont les soldats"
Denise - "Tu reconnais le bruit du moteur ?"
L’enfant - "Oui. Tu as peur ?"
Denise - "Quelquefois oui, quelquefois non. Et toi ?"
L’enfant - "Moi j’ai peur, les soldats rentrent dans les champs et nous chassent."
Un villageois : « Je vais dans mon champ avec mon âne. Si je prends ma voiture je dois la laisser sur la route. J’ai peur. Les colons viennent et la cassent. »
Je (Denise ) montée sur un muret, photographie la colonie de Revava qui se trouve près de l’oliveraie. Des enfants m’entourent puis vont avertir leurs mères. Elles me font remarquer : « Ne fais pas cela. Les colons ne veulent pas. Après ils viennent et prennent l’appareil photos et le cassent. »
Au retour, un colon nous suit et nous filme......de dos !
Mariam : « Les jeunes n’ont pas d’argent, pas de travail, pas d’études , ne peuvent sortir, se marier, avoir une vie normale. Alors, ils prennent les armes. Ils n’ont pas peur de mourir. »
LES ARRESTATIONS
Les arrestations, suivies d’emprisonnements, sont « monnaie courante » à Naplouse, comme dans toute la Palestine. Les jeunes, quelquefois mineurs, sont les plus nombreux à être concernés, parfois sans jugement, voire sans raison. Ils sont incarcérés dans des prisons en Israël, souvent torturés, loin de leurs familles, avec peu de possibilités de visites.
Une justice aux couleurs de l’injustice.
Nous ne relaterons que quelques faits.
Le 18 novembre, à 5 heures du matin, coups de feu, près de la maison où nous logeons . Quatre jeunes sont arrêtés.
Visite d’une famille dans la vieille ville. Le fils aîné, 24 ans, est arrêté, frappé violemment sur la tête par les soldats, puis relâché. Un handicap mental s’en suit.
Un jeune de 17 ans, actuellement en prison, a ses dents cassées à cause des coups qu’il a reçu. L’armée refuse de le faire soigner. Chagrin de la grand-mère.
Le 20 novembre, rencontre d’une jeune femme. Son fiancé a été emmené par les soldats il y a une semaine.
Saïd, lorsqu’il avait 14 ans, a été arrêté, emprisonné quatorze jours, car il n’avait pas ses papiers d’identité avec lui.
Pendant notre séjour aux olives, l’armée pénètre dans un hôpital de Naplouse, arrête et emmène un jeune gravement blessé.
A Kafr Qaddum, le propriétaire de l’oliveraie où nous cueillons, va chercher sa voiture pour charger les sacs d’olives. Il oublie son permis chez lui. La police israélienne l’arrête, lui donne une amende de 500 shekels (soit 100 Euros, somme énorme pour un villageois).
A plusieurs nous intervenons. Le villageois nous regarde : « voyez ce que nous font les Israéliens. » Vexé, le policier l’envoie s’asseoir contre sa voiture, le braque avec son arme :« si tu parles, je te tue. »
Crainte qu’il ne soit emmené en prison. Nous payons l’amende.
Près du village de Deïr Sharaf, d’immenses serres avec des plants de vigne, d’agrumes. Un jeune Palestinien, la nuit, garde les lieux. Il a déjà fait quatre fois de la prison, de 3 à 13 mois, sans raison, dit-il. Il aimerait reprendre des études, mais a l’ interdiction de sortir, même à Naplouse, près de là. Chaque nuit, colons et soldats viennent le harceler.
Le 16 novembre, retour de Deïr Istiya sur Ramallah . Au chekpoint de Zaatara, longue file de voitures stoppées. Nous apercevons treize jeunes Palestiniens, alignés, les bras en l’air. Un soldat les fouille pendant qu’un
autre les tient en joug .
Six d’entre nous descendent du mini-bus, s’approchent de soldats :
Une de nous - "que se passe-t-il ?"
Le soldat -" Ils ont pris une route israélienne. C’est interdit."
Une de nous - "C’est de l’apartheid ?"
Le soldat - "Les arabes veulent nous tuer." Une de nous -" C’est vous qui avez les armes, eux n’en ont pas ! "
Les jeunes s’en vont. Un soldat les suit, œil dans le viseur, doigt sur la gâchette. Crainte qu’il n’en tue un. Peut-être, que cette après-midi là, notre présence, gênante, a permis d’éviter le pire.
A Al Fundunq, Karim 28 ans raconte qu’il a été arrêté cinq fois par l’armée israélienne, à chaque fois sa famille a dû payer une caution pour le faire libérer (au total 25 450 Nis soit 5 000 €). Sa mère ses tantes et ses sœurs ont dû vendre leurs bijoux. Karim vit dans la crainte d’une nouvelle arrestation : « je ne peux pas me marier car j’ai peur d’être à nouveau arrêté. »
LES DESTRUCTIONS
Le 20 octobre, visite du puits de Jacob, en face du camp de Balata.
Sur les murs, une immense fresque retrace l’histoire des réfugiés qui y vivent.
Près de là, un quartier a disparu, détruit par les bombardements.
Les véhicules ne sont pas épargnés. Notre voisin nous montre la photo de ce qui reste de sa voiture.
Au bout de la rue où nous habitons, ruines d’une maison de plusieurs étages.
Il y a quelques semaines, l’armée s’y est acharnée, de 4h30 du matin à 19 heures, avec des explosifs et des bulldozers : 100 personnes sans logis, un mort, de nombreux blessés.
Rencontre d’un couple âgé dans la vieille ville. La femme a été amputée des deux jambes. En 2002, leur maison a été bombardée avec ses occupants. Onze morts dont un bébé. Elle et son mari ont survécu après sept jours passés sous les gravats. Elle a perdu ses membres inférieurs. Ils n’ont plus rien pour vivre.
La nuit du 28 octobre, dans la vieille ville, une nouvelle maison détruite. De bon matin une pelleteuse enlève ce qu’il en reste.
La même chose se produira plusieurs fois durant notre séjour. La veille de notre départ de Naplouse, l’explosion pour détruire une maison a endommagé celles qui la jouxtaient. Les fenêtres se sont cassées, les murs lézardés. Les familles qui y habitent sont très pauvres et fin novembre les nuits sont froides !
La préfecture, bombardée en 2002, l’a été de nouveau en 2006. Tout est parti en fumée : les dossiers, les archives, les documents importants.
Le 31 octobre, visite accompagnée dans la vieille ville. Des pans entiers de maisons détruites, des voûtes noircies par des explosions de bombes, des rues fermées par des blocs de pierre, pour que l’armée n’y rentre pas. Des jeunes résistants palestiniens sont là, armes au poing.
Lorsque les tanks circulent en ville, dans les camps, si les rues sont trop étroites, ils avancent en détruisant les maisons.
Rencontre à Darna d’un employé de banque, qui n’est pas payé depuis sept mois. Il veut partir en Jordanie : « Le tissu social est détruit. Il n’y a plus de loi ici. Si on a un problème et que l’on appelle la police, elle ne vient pas. Naplouse est la ville la plus fermée de Palestine, après la bande de Gaza. Israël cherche à provoquer la guerre civile. Mais ici tous les gens se connaissent. C’est pour cela qu’il n’y a pas trop de problèmes. »
Au village d’ Al Fundunq, des Palestiniens ont été enterrés
dans des grottes, il y a très longtemps. L’armée est venue,
a déterré les ossements, les a emportés effaçant ainsi toute trace palestinienne.
LES CHEKPOINTS
Les nombreux chekpoints, les nombreux barrages volants, les
nombreux chemins de terre imposés aux Palestiniens, rendent
très difficile leurs déplacements. Les territoires occupés
peuvent être complètement fermés par ordre de l’armée
israélienne. C’est le règne de l’arbitraire !
Le 18 octobre, le chekpoint d’Huwara, point de passage important entre Naplouse et la Cisjordanie est fermé toute la journée, pour punir les Palestiniens qui s’impatientaient dans la longue file d’attente quotidienne.
Rencontre dans le camp de Balata d’un jeune Palestinien. Il habite dans un village voisin. Pour y entrer, il doit avoir un permis israélien, difficile à obtenir. Ses amis ne peuvent le visiter : « Israël a réussi à nous couper les uns des autres. »
Retour de l’oliveraie de Deïr Sharaf par des chemins chaotiques.
Les Palestiniens ne peuvent circuler qu’ici. La route goudronnée, toute proche, étant réservée aux colons et à l’armée.
Le 27 octobre, Najoua de Jénine, vient rendre visite à ses parents résidant à Naplouse. Pour rentrer chez elle, elle met 3h30 au lieu des 45 minutes en temps normal.
Hamid, Palestinien de nationalité française, nous parle des difficultés à passer aux chekpoints, même avec une voiture diplomatique : « Maintenant les soldats restent quatre mois dans le même poste, pour bien reconnaître les Palestiniens. »
« Tous les jeunes de Naplouse aspirent à avoir plus de 35 ans pour pouvoir emprunter le chekpoint d’Huwara et sortir de la ville », nous dit cette personne de Darna.
A Deïr Istiya, une étudiante se rend chaque jour à l’université Najah, à Naplouse , distante de 25 kms. 2 heures à l’aller, 3 heures au retour, dans le meilleur des cas. Lot quotidien pour tous les étudiants qui vivent dans les villages.
A Kalandia le chekpoint est devenu une forteresse de tourniquets avec des feux qui passent au rouge selon le bon vouloir des soldats dans leur cabine. A notre passage les feux étaient verts. La soldate, à l’allure méprisante, avait les deux pieds sur la table, mâchait du
chewing-gum tout en tricotant.
Le 5 novembre, visite d’Abu Dis, dans la banlieue de Jérusalem. 45 minutes pour y aller, au lieu des 15 de l’an dernier. Beaucoup plus pour le retour en raison d’un chekpoint. Le mur est fini et coupe la ville en deux, les chrétiens d’un côté, les musulmans de l’autre, isolant les habitants les uns de autres, quelquefois de la même famille.
Le 26 novembre : Retour sur Jérusalem. Passage du chekpoint d’Huwara vers 7h30. Tension encore plus grande que les autres jours. Dans un sens comme dans l’autre, un soldat tient son arme, l’œil dans le viseur, le doigt sur la gâchette, prêt à tirer. Nous apprendrons plus tard que peu de temps après notre passage, les tanks ont une fois de plus pénétré dans la ville.
LA RESISTANCE
A Jérusalem, une religieuse de passage, avec un groupe, colle des papiers de protestation sur le mur. La police israélienne intervient.
Une jeune étudiante vivant dans un camp de Naplouse témoigne de sa souffrance « pour que le monde sache.... » et de son désir d’apprendre et de réussir [2].
Dans une maison de la vieille ville , visitée et fouillée par les soldats chaque nuit, la femme s’assoit, prend son Coran et le lit à haute voix.
A la fin du Ramadan, la famille qui nous héberge, partage son argent avec de nombreuses personnes qui n’ont plus rien pour vivre. Ainsi il devient possible aux parents de gâter un peu leurs enfants ce jour-là.
Tôt le matin, le jour de la fête, tous, hommes et femmes valides, se retrouvent sur une grande place, au centre de la ville de Naplouse, pour prier. Nous y assistons, légèrement en retrait, n’étant pas musulmanes. Moment d’intense émotion, suivie de la visite des tombes de Shahids.
Dans la vieille ville, dans les camps de réfugiés, dès que le soir tombe, des jeunes résistants palestiniens s’installent dans les coins des rues, pour tenter de résister aux soldats. Dans la journée aussi on peut en rencontrer.
Le 18 novembre, à 11 heures du matin, des coups de feu attirent notre attention. C’est une manifestation de la branche armée du Fatah. Tous sont habillés en noir et cagoulés.
Darna [3], maison de plus de 50 associations palestiniennes, est un lieu d’échanges, de rencontres, de formation, pour des jeunes et des adultes. C’est un véritable espace de liberté dans cette prison à ciel ouvert qu’est Naplouse. Nous y avons donné ici une formation sur des techniques d’animation.
De plus en plus de jeunes volontaires, de différents pays, viennent ici, pour offrir leurs services : cours de langue française dans les camps, les quartiers, ateliers de peinture, de musique. Effet contraire à ce que souhaite l’armée israélienne qui emprisonne, tente d’isoler Naplouse du reste du monde !
Avec le club « l’Enfance Joyeuse », du camp de Balata, le projet soutenu par l’Association France Palestine Solidarité, de St Etienne, pour 40 enfants de 8 à 14 ans, est arrivé à son terme. Pendant toute l’année scolaire 2005-2006, ces enfants ont travaillé sur la création d’un spectacle, incluant le chant, la poésie et la danse traditionnelles. Magnifique résultat, qui nous a été offert. En juin 06, 11 de ces enfants, invités par l’opéra de Lille, ont pu se produire en France. Voyage payé par le Consulat de France à Jérusalem et l’Opéra de Lille.
Dans le camp d’El Askar, un centre médico-social, neuf, encadré par une équipe de professionnels compétents, accueille enfants, jeunes et adultes handicapés.
Malgré les difficultés des villageois de ramasser leurs olives, dans ce qui leur reste de champs près des colonies, du mur, des routes israëliennes et des camps militaires, la récolte se fait. La présence des Internationaux [4], insupportable pour les colons, gênante pour l’armée rend possible l’impossible.
Nous nous installons à Deïr Istiya. 7 colonies entourent ce village, 30% des colons de Gaza les habitent.
Entre la colonie de Revava, Deïr Istiya et le champ d’oliviers, 240 amandiers volés, un terrain militaire. 10 soldats s’entraînent. En fin de journée ils tirent du côté des villageois en criant « Foutez-le camp. » Deux femmes ont peur, un enfant pleure. Nous restons et continuons de cueillir
Village d’Haris. Le propriétaire de l’oliveraie, proche elle aussi de la colonie de Revava, nous dit : « Si vous n’aviez pas été là, les colons nous auraient crié au mégaphone de partir, et si nous ne l’avions pas fait, ils seraient venus dans le champ avec leurs fusils. »
Village de Kafr Qaddum : L’oliveraie se situe entre
un camp militaire et la colonie de Qedumim.
Cette grosse colonie se divise en deux parties, une de 3 219 habitants, (recensement de 2005) construite il y a 31 ans, l’autre plus petite (construite il y a 10 ans) Nous nous dirigeons vers cette dernière. Le groupe est au complet, soit 12 internationaux. Le champ n’a pu être travaillé depuis 4 ans - après 5 ans un champ empêché d’être travaillé par l’armée ou les colons est
considéré comme étant abandonné et réquisitionné-.
Dès notre arrivée, un colon armé arrive, appelle
les militaires. Un soldat vient vers nous. Impressionné,
peut-être, par notre nombre, il dit « O.K. Si vous avez des problèmes vous m’appelez ».
Le champ est nettoyé, les olives sont ramassées. En haut, des bulldozers agrandissent la colonie, déversent sur le champ d’oliviers, gravats, terre, grosses pierres et saletés.
Plus loin, dans une autre oliveraie, proche de la même colonie, les villageois ont eu l’autorisation de cueillir pendant 10 jours. C’est le dixième jour, de nombreux oliviers portent encore leurs fruits. Des guérites occupées par l’armée sont de part et d’autre de Qedumim. Deux soldats surveillent notre arrivée mais s’en vont lorsque nous commençons la cueillette. Le sol, sous les arbres, est jonché de détritus jetés par les colons.
Leurs serres, au-dessus des oliviers, montées depuis 4 ans
sont agrandies chaque année, au détriment du verger
appartenant aux Palestiniens.
Des enfants-colons, la veille, les ont attaqués avec des pierres.
Cueillette dans l’oliveraie de Deïr Sharaf. Au pied des oliviers, un chemin de terre emprunté régulièrement par les colons de Shame Shomeron. Lorsque, au même moment, les villageois sont dans leurs champs, ils sont attaqués !
Manifestation à Bil’in, village de 1 700 habitants.
Depuis février 2005, chaque vendredi, manifestation
pacifique contre la route de l’apartheïd, en construction,
qui vole 60% des terres aux paysans. A chaque
fois, l’armée répond par des grenades lacrymogènes,
des bombes assourdissantes, des coups de matraque
contre les internationaux, les anti-colonialistes
israéliens, et par des balles en caoutchouc, des
balles en acier, contre les jeunes Palestiniens lanceurs
de pierres.
Le vendredi précédent notre venue, Jo, français,
après la manif, a reçu une balle dans la main.
Elle a longé et abîmé l’os de l’avant-bras, et est ressortie par le coude.
Le vendredi suivant, manifestation avec les Femmes en Noir,
à Jérusalem. Une quarantaine de personnes, dont plusieurs
internationaux se sont retrouvés. De nombreux Israéliens,
de passage en voiture, nous ont grossièrement insultées.
CONCLUSION
Nous sommes rentrées en France, bouleversées et en colère par tout ce dont nous avons été témoins, mais bien décidées à poursuivre la lutte :
– Lutte pour que le Droit International soit appliqué en Palestine
– Lutte pour que l’occupation israëlienne soit condamnée
– Lutte pour que les Palestiniens puissent vivre Libres et en Paix sur leur Terre
– Lutte pour que le gouvernement israëlien soit contraint de respecter les résolutions de l’ONU
Nous sommes tous concernés par le drame que vit le peuple palestinien.
Nous sommes tous appelés à nous engager à construire un monde où le Droit et la Justice ne seront plus bafoués.