Nasser Al-Lahham, rédacteur en chef de l’agence de presse Ma’an
Il y a environ un an, avec les encouragements de Trump et les efforts indescriptibles de son gendre, Kushner, le Bahreïn a organisé dans sa capitale, al-Manama, la Conférence de paix économique de Bahreïn que les États-Unis ont renommée officiellement Atelier de paix pour la prospérité.
C’était la risée des politologues. On a dit à l’époque qu’il visait à encourager les investissements dans les territoires palestiniens, mais à ce jour, personne n’a investi un seul dollar en Palestine.
Au contraire, le soutien a été arrêté, les investissements interdits et le gouvernement de Mohammad Shtayyeh a été assiégé depuis.
Ce n’était ni une conférence politique, ni une conférence économique ; la mascarade de paix pour la prospérité d’Al-Manama s’est éteinte sur sa terre, et personne ne s’en souvient.
L’accord entre Abou Dabi et Tel Aviv est un accord sous contrainte que Trump a cherché à mettre en avant pour cacher l’échec atroce de l’Accord du siècle, pour améliorer son image en ruines au plus fort des campagnes électorales.
Je ne pleurerai pas devant l’accord d’Abou Dabi et Tel Aviv. Je vais plutôt aller loin dans le pessimisme et dire que le Sultanat d’Oman, le Royaume de Bahreïn et peut-être le Soudan et d’autres seront obligés d’annoncer une normalisation avec Israël. Trump pourrait les forcer à le faire avant les élections américaines.
Que va-t-il se passer ? Et que gagnera Israël ?
Chaque colon et chaque Israélien, avant d’ouvrir le champagne et de célébrer l’événement avec de nouveaux amis, regardera par sa fenêtre et verra les Palestiniens toujours là. Rien n’a changé pour eux.
Ici, nous resterons.
Et après avoir fêté la normalisation, les Israéliens reprendront leur esprit et découvriront une fois de plus que la solution est ici, et non à al-Manama, ni à Abou Dabi, ni à Khartoum, ni à Mascate. Ici, les propriétaires de la question sont assis, et c’est ici que le négociateur israélien reviendra à la recherche d’un négociateur palestinien.
L’accord d’Abou Dabi comme la conférence de Manama... un but en dehors du but qui a été applaudi par une foule inconsciente, un but qui n’a pas compté malgré les cris, les applaudissements et l’enthousiasme des supporters.
La bande de Gaza est assiégée et bombardée, la Cisjordanie est assiégée et sous occupation, Jérusalem est kidnappée par le mur de Sharon et les Palestiniens ne peuvent y rentrer.
Des mois ou des années plus tard, Trump disparaîtra comme des dizaines de présidents avant lui, Netanyahu disparaîtra comme ses prédécesseurs et la Palestine restera présente dans le temps et dans l’espace.
Traduction : Moncef Chahed pour l’AFPS