De nombreuses associations, dont Amnesty International et Human Rights Watch et diverses congrégations religieuses, y participent. Elles ont appelé à faire du 13 avril 2005 une journée internationale d’action contre Caterpillar [1]
A cette date est convoquée l’assemblée générale des actionnaires du groupe et il y sera présenté une résolution demandant de réexaminer la politique de ventes à Israël.
Ces dernières années des dizaines d’actions ont été menées avec parfois un caractère original comme l’interpellation des dirigeants de Caterpillar lors de l’assemblée annuelle 2004 des actionnaires où une résolution recueillait déjà 4% des votes. Ou encore l’intervention militante avec banderoles à l’occasion d’un salon professionnel.
Bien qu’encore nettement moins puissant, ce mouvement n’est pas sans rappeler les actions menées autrefois contre l’apartheid en Afrique du Sud.
Un matériel militaire
Les bulldozers vendus à Israël sont du modèle D9, D10 ou D11. Leur dimension est impressionnante : de 50 à 115 tonnes en sortie d’usine. Ils sont fournis à Israël dans le cadre d’un programme destiné à vendre, de gouvernement à gouvernement, du matériel militaire fabriqué aux Etats-Unis. Ainsi l’aide des USA à Israël profite au complexe militaro-industriel américain, aux frais du contribuable.
Une fois exportés vers Israël, les bulldozers sont blindés par Israël Military Industries. Avec un poids d’environ
64 tonnes, le D9 blindé fait plus de
4 mètres de haut et plus de 8 mètres de long avec des lames à l’avant et à l’arrière plus lance-grenades et armes à feu.
Depuis 1967, « grâce » à Caterpillar, on estime qu’Israël a déraciné des centaines de milliers d’oliviers, détruit environ 12 000 habitations occupées par plus de 50 000 personnes, défoncé des routes et détruit les biens de Palestiniens. Plus grave encore, des personnes ont été parfois enterrées vivantes sous les décombres ou écrasées lors d’opérations de démolition, telle Rachel Corrie en 2003. C’est avec ces bulldozers que le cœur du camp de réfugiés de Jénine a été rasé en avril 2002. Et le Mur d’annexion est construit aussi avec le matériel Caterpillar.
Caterpillar bafoue le droit international et son propre
« code de conduite »
En mai 2004, le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation, Jean Ziegler, indiquait au PDG du groupe Caterpillar Inc. : « L’armée utilise des bulldozers blindés qui sont fournis par votre compagnie pour détruire des fermes agricoles, des serres, des oliveraies centenaires et des champs agricoles cultivés ainsi que de nombreuses maisons palestiniennes et quelquefois même des vies dont celle de l’activiste de la paix, l’américaine Rachel Corrie... Dans ce contexte, il y a également inquiétude en ce qui concerne le fait que le permis de livrer vos bulldozers D-9 et D-10 à l’armée israélienne, en passant par le gouvernement des Etats-Unis tout en sachant qu’ils sont utilisés pour de telles actions, pourrait impliquer votre compagnie pour complicité ou acceptation des violations potentielles et actuelles des droits humains, y compris du droit à la nourriture. »
La Cour internationale de Justice de La Haye a condamné le Mur construit par Israël dans les territoires occupés de Cisjordanie et a demandé son démantèlement. Elle indiquait dans son jugement : « Il ressort des informations fournies à la Cour, et notamment du rapport du secrétaire général, que la construction du mur a entraîné la destruction ou la réquisition de propriétés dans des conditions contraires aux prescriptions des articles 46 et 52 du règlement de La Haye de 1907 et de l’article 53 de la quatrième convention de Genève. »
Depuis 2003, l’ONU développe des règles à observer par les entreprises transnationales et commerciales en ce qui concerne les droits fondamentaux, indiquant que les compagnies ne devraient pas « s’engager ou tirer des profits » des violations de ces droits.
Enfin le code de conduite des affaires élaboré par Caterpillar rappelle la nécessité de « tenir compte également des priorités sociales, économiques, politiques et environnementales. »
Mais dans sa réponse aux interpellations d’Amnesty International, de Human Rights Watch ou d’autres encore, la direction de Caterpillar prétend invariablement ne pas être responsable de la manière dont son matériel est utilisé.
Bref, Caterpillar bafoue tant le droit international que son propre code interne dont il se fiche éperdument.
En France, Caterpillar comprend plus de 2000 salariés dans la région grenobloise et dispose d’un centre logistique.
Une campagne de lettres adressées à Caterpillar France, a été initiée en novembre 2004 par Amnesty. L’AFPS a appelé à y participer.
Les dirigeants de la société n’ont pas daigné y répondre. Il faudra donc se montrer plus présents et participer à cette campagne internationale pour, là aussi, demander des sanctions contre Israël tant que ce pays bafouera les droits de l’homme et refusera de reconnaître les droits nationaux du peuple palestinien. Et demander que cesse l’aide qui lui est apportée par Caterpillar.
Le mouvement a commencé aux Etats-Unis avec notamment le retrait des fonds de pension de l’Eglise presbytérienne dans les sociétés qui profitent de l’occupation israélienne.
Robert Kissous