Benjamin Nétanyahou a affirmé notre détermination inébranlable à défendre notre pays : nous ne laisserons personne briser le blocus de Gaza pour y faire entrer en contrebande des roquettes pour les terroristes de Gaza qui vont alors les lancer pour tuer nos enfants innocents.
C’est une sorte de record, même pour Nétanyahou : pas un mot n’est vrai. La flottille ne transporte aucune arme – les représentants de médias internationaux respectés présents sur les bateaux en sont la garantie. Par ailleurs, je pense que nous pouvons faire confiance au Mossad pour placer au moins un agent sur chaque bateau. (Après tout, dans quel but est-ce que je paye mes impôts ?) Le Hamas n’a pas lancé de roquettes depuis longtemps – il a quant à lui de très bonnes raisons de respecter l’accord non-officiel de “Tahddiyeh” (“tranquillité”).
Si la flottille avait été autorisée à gagner Gaza, cela aurait été un événement pendant quelques heures, et puis c’est tout. La mobilisation totale d’Israël, l’entraînement des commandos de la marine pour s’emparer des bateaux, les actions de sabotage accomplies dans les ports grecs, les énormes pressions politiques exercées par israël et les États-Unis sur le malheureux gouvernement grec en situation de banqueroute – tout cela a maintenu cette initiative mineure dans les actualités depuis maintenant des semaines, attirant l’attention sur le blocus de la bande de Gaza.
Quel est l’objectif de ce blocus ? Il n’y a pas actuellement de raison vérifiable, si tant est qu’il y en ait eu. Terroriser la population de Gaza, pour l’amener à rejeter le gouvernement du Hamas qui a triomphé dans des élections démocratiques ? Eh bien cela n’a pas marché, n’est-ce pas ? Obliger le Hamas à modifier ses exigences pour un échange de prisonniers qui libérerait Gilad Shalit ? Cela n’a pas marché non plus. Empêcher la contrebande d’armes vers la Bande ? Les armes circulent librement depuis l’Égypte à travers une centaine de tunnels, si nous devons croire ce que nous dit notre armée. Alors, à quoi sert le blocus ? Personne ne semble le savoir. Mais c’est le roc de notre existence. Tout cela est clair.
Le résultat des pressions mondiales qui ont fait suite à la flottille de l’année dernière a été un allègement considérable du blocus. Mais les producteurs de Gaza sont toujours dans l’impossibilité de faire sortir leurs produits de la Bande de Gaza – condamnant de ce fait la majorité de la population au chômage et à une misère noire.
Il en va de même pour le commerce révoltant des restes humains. Nétanyahou avait pomis de remettre en cadeau à Mahmoud Abbas les dépouilles de 84 “terroristes” (du Fatah et du Hamas). Au dernier moment il s’est ravisé. Ses partisans font croire que ces dépouilles, à l’heure actuelle difficilement identifiables, pourraient servir de monnaie d’échange dans le jeu visant à obtenir la libération de Gilad Shalit.
Il en va de même pour les actions contre la venue de militants de la paix internationaux par l’aéroport Ben-Gourion. Tout ce qu’ils voulaient c’était d’aller à Bethléem et Gaza où l’on ne peut se rendre qu’en traversant le territoire israélien. Près d’un millier de policiers ont été mobilisés pour faire face à cette menace.
Toutes ces réactions instinctives irréfléchies se résument à : nous devons être forts. Partout il y a la menace de dangers mortels. Israël doit se défendre. Sinon il y aura un second Holocauste.
C’EST LÀ un phénomène intéressant : les gens voient sur leurs écrans de télévision des militants des droits humains assez âgés et pensent qu’ils ont devant les yeux de dangereux provocateurs, parce que c’est ce que leur disent le gouvernement et la plupart des médias. De sinistres individus “arabes et musulmans” se cachent dans les bateaux. On a démasqué sur un des bateaux un Arabe américain qui a collecté de l’argent pour une institution sociale du Hamas. Un dangereux terroriste ! Absolument terrible !
Le phénomène de gens qui voient quelque chose et qui pensent voir autre chose m’a toujours intrigué. Comment des gens peuvent-ils ne pas croire leurs yeux et croire les yeux d’autres personnes ?
Cette semaine, j’ai reçu un courriel d’un homme qui gardait un souvenir du temps où il était élève, en cours élémentaire, de mon épouse disparue, Rachel.
Rachel lui demanda de lever la main droite. Quand il l’eut fait, Rachel dit : “Non, non. C’est votre main gauche !” Elle se tourna vers les autres élèves pour leur demander quelle main c’était. À la suite de leur professeur, ils s’écrièrent d’une seule voix : “La gauche ! La gauche !” Voyant cela, le premier garçon se mit à hésiter. À la fin, il admit : “Oui. C’est la main gauche.”
“Non, vous aviez raison au départ ” lui déclara Rachel. “Que ceci soit un enseignement pour vous tous : si vous êtes sûrs d’avoir raison, n’en démordez pas. Ne changez jamais de position parce que d’autres disent le contraire.
Tout à fait par hasard, immédiatement après avoir lu ce témoignage, je vis à la télé les résultats d’une enquête scientifique de chercheurs israéliens sur “le souvenir inculqué”. Leurs expériences montrent que des gens ayant vu quelque chose de leurs propres yeux, mais à qui toutes les autres personnes affirment qu’elles ont vu une chose différente, se mettent à effacer leur propre souvenir et à “se rappeler” qu’ils ont vu ce que les autres prétendaient avoir vu. Des recherches neurologiques ont alors montré que l’on peut réellement voir cela se produire dans le cerveau : le souvenir imaginé prend la place du souvenir réel. La pression sociale a fait son œuvre : le souvenir inculqué est devenu le souvenir réel.
Je pense que cela est encore plus vrai pour toute une nation qui est, bien entendu, composée d’individus.
Par exemple, pendant 11 mois avant la première guerre du Liban, pas un seul coup de feu ne fut tiré depuis le Liban contre Israël. Contre toute attente, Yasser Arafat avait réussi à imposer un cessez-le-feu complet même à ses opposants palestiniens. Pourtant, après le déclenchement de la guerre par Sharon, presque tous les Israéliens “se souvenaient”que les Palestiniens avaient tiré à travers la frontière chaque jour, faisant de la vie en Israël un enfer.
J’appelle cela un “Parkinson inversé” – tandis que des malades présentant un Parkinson avancé ne se souviennent pas de choses qui se sont produites, ces malades là se souviennent vraiment de choses qui ne se sont jamais produites.
IL Y A une maladie mentale connue sous le nom de “paranoia vera”. Les malades adoptent une position aberrante – par exemple “tout le monde me hait” – puis construisent autour une structure détaillée. Tout élément d’information qui semble la confirmer est intégré avec empressement, tout élément qui la contredit est rejeté. Tout est interprété de façon à renforcer l’hypothèse initiale. Le schéma est absolument logique – et même, plus la structure est complète et logique, plus grave est la maladie.
Parmi les symptômes qui l’accompagnent on trouve une attitude aggressive, des soupçons récurrents, une déconnection du monde réel, des théories de conspiration et le narcissisme.
Il semblerait que des nations entières peuvent être victimes de cette maladie. C’est manifestement le cas de la nôtre.
Le monde entier est contre nous. Tout le monde est en route pour nous détruire. Tout mouvement est une menace pour notre existence même. Toute personne critiquant la politique israélienne est un antisémite ou un Juif qui se hait.
En effet, même quand nous faisons quelque chose de bien, cela se retourne contre nous.
Regardez : “nous avons quitté la bande de Gaza et même démantelé les colonies que nous avions là-bas, et qu’avons-nous obtenu en retour ? Des roquettes Qassam !”
(Peu importe que Sharon ait refusé de transférer la Bande à une institution palestinienne, laissant un vide. Il l’a coupée du monde pour en faire une grande prison.)
Regardez : “Après Oslo, nous avons armé les forces de sécurité d’Arafat, et ils ont retourné leurs armes contre nous !”
(Peu importe que nous n’ayons jamais rempli complètement nos engagements dans le cadre des accords d’Oslo, que l’occupation soit devenue plus oppressive et que les colonies sur les terres palestiniennes se soit développées à pas de géant. Par ailleurs, les services de sécurité palestiniens n’ont en réalité jamais commis d’actes contre Israël.)
Regardez : “Nous nous sommes retirés du Sud Liban et qu’avons-nous obtenu ? Le Hezbollah et la seconde guerre du Liban !”
(Peu importe que le Hezbollah soit né en réaction à nos 18 années d’occupation là-bas, et que nous ayons nous-même choisi de déclencher la seconde guerre du Liban à la suite d’un incident de frontière mineur.)
ON A dit que les paranoïaque aussi ont des ennemis dans la réalité. L’ennui c’est que les paranoïaques, par leur comportement agressif et méfiant, suscitent de plus en plus d’ennemis dans la réalité.
Le slogan “Tout le monde est contre nous”peut facilement fonctionner comme une prophétie autoréalisatrice.
Israël n’est pas le seul pays à souffrir de cette maladie. À certains moment, les Allemands en ont souffert. Et aussi les Serbes. Et aussi, dans une certaine mesure, les États-Unis et beaucoup d’autres. Malheureusement, les coûts de la paranoïa sont très élevés.
Alors, commençons à nous conduire en gens raisonnables. Laissons les petits bateaux aller à Gaza. Laissons les gens qui arrivent à l’aéroport Ben-Gourion aller dans les territoires palestiniens cueillir des olives, si c’est ce qu’ils désirent.
Même si nous nous comportons en nation normale, Israël continuera d’exister. Réellement !