Depuis trois ans les mois de septembre semblent particulièrement propices aux menaces israéliennes contre le président Arafat, objet (en septembre 2003) d’une résolution de principe du gouvernement d’Ariel Sharon de s’en " débarrasser ".
Cette année, lors du rituel des interviews à la presse nationale à l’occasion de Rosh Hashana (le nouvel an), le premier ministre israélien a donc réaffirmé son intention d’" expulser " le dirigeant palestinien, confiné depuis décembre 2001 dans ses bureaux de Ramallah. Estimant qu’il n’y a " aucune différence " entre ce dernier et les leaders du Hamas, Cheikh Yassine ou Abdelaziz Al Rantissi, tous deux tués lors d’opérations de liquidation extrajudiciaire respectivement en mars et avril dernier, Ariel Sharon a déclaré : " Ils ont tous opté pour une politique de meurtres. Nous agirons avec Arafat de la manière dont nous avons agi contre d’autres assassins (.), au moment qui nous a paru propice. ".
Des propos qui relancent les thèses sur les scénarios non pas d’expulsion mais d’assassinat pur et simple du leader palestinien, le moment " propice " pouvant être, par exemple à la suite d’un attentat particulièrement meurtrier, le lancement d’une opération commando de l’armée israélienne contre la Mouqata, qui tournerait mal.
Yossi Beilin, chef du tout nouveau parti de la gauche israélienne répondant aux questions de l’Humanité, estime : " Ariel Sharon poursuit en fait sa politique de déstabilisation psychologique du président palestinien. " Beilin juge toutefois " peu probable qu’il agisse, du moins en ce moment ".
Ces nouvelles menaces interviennent au moment où le chef du gouvernement israélien est aux prises avec une fronde de colons et de militants de son propre parti qui qualifient de " destructeur " et d’" illégitime " son plan de retrait de la bande de Gaza. Une évacuation qu’Ariel Sharon déclare vouloir mener rapidement, excluant notamment d’organiser un référendum sur cette question comme le proposait son ministre des Finances et rival au sein du Likoud, Benyamin Netanyahou.
En fait, le retrait de Gaza ne doit pas faire oublier l’autre partie du plan unilatéral israélien : le renforcement de la mainmise sur la Cisjordanie, en proie actuellement à une extension importante de colonies, et la destruction parallèle de la continuité territoriale palestinienne, fortement remise en cause par le mur dont la construction se poursuit sans relâche. Le but est d’annexer, à terme, près de la moitié de ces territoires occupés.
Dans son entretien au Yediot Aharonot, Ariel Sharon ne s’en est pas caché, affirmant clairement qu’une fois le retrait de Gaza accompli, " il est très probable (.) que s’écoule une longue période avant que quoi que ce soit d’autre se produise ". Et c’est avec la même assurance que le chef du gouvernement a reconnu qu’" Israël n’observait pas les directives de la "feuille de route" ", ce plan de paix du " quartet " (États-Unis, Russie, Union Européenne et Nations unies) qui prévoit la fin de la colonisation israélienne et la création d’un État palestinien.
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