Pourquoi la formation est-elle indispensable ?
Militer pour la Palestine exige des convictions, mais suppose
aussi un minimum de connaissances, notamment sur le
plan historique.
D’une part, le conflit israélo-palestinien porte en France une
forte charge émotionnelle : il faut donc savoir s’en détacher
pour se positionner clairement sur le plan politique.
D’autre part, il est l’objet d’une forte propagande : il est donc
nécessaire de reconnaître et démonter les idées fausses,
abondamment répétées, de repérer les positions idéologiques
et de lutter contre les confusions volontairement entretenues...
Les présences sur les lieux publics sont l’occasion d’être questionnés
par des gens bienveillants mais peu ou mal informés,
ou font courir le risque d’être pris à partie par des militants sionistes.
La formation est alors indispensable.
À Nantes, le groupe local s’est étoffé d’un nombre significatif
d’adhérents, avec parmi eux des militants de la société civile,
voire des élus municipaux. Ils ont exprimé un besoin de formation,
besoin déjà évoqué mais pas réellement pris en considération.
A leur demande une journée a été organisée le samedi
16 avril de 10 heures à 16 heures. 25 personnes y ont participé.
Comment a-t-elle été organisée à Nantes ?
Plusieurs principes ont été retenus. D’une part, prévoir un
temps suffisant, dans la journée et pas en soirée. D’autre part,
utiliser les ressources locales (les connaissances des militants
par exemple). Quant aux thèmes, en retenir deux ou
trois, et les aborder sous plusieurs angles. Enfin, nous nous
sommes rendus compte de la nécessité de fournir des supports
et de l’intérêt d’ouvrir le débat.
À l’occasion de cette journée, deux thèmes ont été choisis
par les militants :
– les partis politiques en Palestine, l’OLP, les liens avec
l’Autorité palestinienne, historique et situation actuelle ;
– les réfugiés.
Un autre l’a été par le conseil d’administration : les mythes
les plus courants sur la Palestine et les Palestiniens (départ
volontaire des réfugiés en 48 à l’appel des chefs arabes, guerre
de 48 déclenchée par les pays arabes, "offre généreuse" de
Camp David, manuels scolaires antisémites...). Ce choix nous
a semblé fondamental car derrière ces idées fausses, ressassées
à l’envi, il y a la machine de propagande israélienne. Pour
les démonter, il faut s’assurer qu’elles sont mensongères et
donc chercher la véritable information ; c’est l’occasion d’observer
le sérieux ou les parti pris dans les médias, d’intervenir
auprès de ces derniers pour protester ; c’est apprendre à résister
à l’intimidation que représente cette propagande ; et c’est
l’occasion d’affirmer qu’une des guerres que mène Israël est la
guerre de l’information. Il s’agit donc là, d’un angle d’attaque
essentiel pour former des militants.
Chaque thème a été pris en charge par une personne pour
une présentation de vingt minutes, suivie d’un débat d’environ
une heure. Deux thèmes ont été traités le matin et un l’aprèsmidi,
avec une pause pour un pique-nique convivial le midi.
Quels enseignements en tirer ?
– Quand les gens sont motivés et demandeurs, on doit disposer
de ressources en interne, sur des sujets bien définis, sans
avoir à trouver le conférencier extérieur avec les contraintes qui
en résultent (ce qui ne veut pas dire qu’on soit en capacité de
tout traiter).
– Il y a des règles à respecter, notamment au niveau de l’animation
avec une exigence de bonne gestion du temps, d’où
l’importance du choix de l’animateur.
– La démarche est valorisante pour les intervenants ; les
échanges se font dans une atmosphère de confiance et de
respect réciproques : tout le monde est là pour apprendre.
Tous s’expriment, jeunes, moins jeunes, militants expérimentés
comme nouveaux adhérents... C’est une démarche
attrayante aussi pour les sympathisants.
– Il y a suffisamment de documents au niveau de l’AFPS
pour ce genre de formation. La méthode peut même consister
en une discussion sur des articles choisis dans le journal Pour la
Palestine par exemple, d’autant que tout le monde ne lit pas PLP.
– Il est sûrement possible de faire mieux en associant deux
personnes à la préparation et à la présentation du thème.
– Enfin, le choix du cadre de travail est important. Il faut un
confort suffisant (lumière, espace, calme...), ce qui n’est pas
forcément dans nos habitudes...
Tout le monde a envie de recommencer cette expérience enrichissante.
Maintenant, on sait que c’est faisable, mais à condition
qu’il y ait des volontaires capables de dégager du temps
pour préparer un dossier. Comme, les uns et les autres, on n’arrive
jamais à tout faire, la question est alors de savoir si l’on fait
de la formation une priorité ou pas, au niveau du groupe AFPS.
Mado Hervy et Daniel Coutant, AFPS Nantes