Les troisièmes assises de la coopération décentralisée franco-palestinienne se sont tenues à Hébron, dans les Territoires Palestiniens Occupés
Les assises de la Coopération Décentralisée franco-palestinienne, les troisièmes, se sont tenues à Hébron, dans les Territoires Palestiniens Occupés, les 23 et 24 janvier dernier. Les précédentes s’étaient déroulées à l’Institut du Monde Arabe, à Paris, en 2007 et à Gaza en 1998.
Elles étaient organisées par Cités-Unies France et le Réseau de Coopération Décentralisée pour la Palestine (RCDP), en partenariat avec l’association des villes palestiniennes (APLA) et avec le soutien du ministère français des affaires étrangères.
Elles ont réuni près de quatre cents délégués, dont environ deux cents participants français, élus et représentants de collectivités locales – villes, conseils généraux, conseils régionaux – ainsi que les représentants d’ associations, organismes ou /et organisations invités.
Participaient également à ces Assises des élus venus d’Italie, et de Norvège, à l’invitation de leurs partenaires français.
Pour ses organisateurs elles représentent un événement majeur pour la coopération décentralisée et un événement important dans la situation politique actuelle.
Elles se sont ouvertes en présence du premier ministre palestinien Salam Fayyad et du ministre français chargé de la coopération Henri de Raincourt. L’un comme l’autre ont particulièrement insisté sur la nécessité de développer des partenariats en zone C, à Jérusalem-Est et dans la Bande de Gaza. Ils ont vivement dénoncé les violences et violations israéliennes : la colonisation, les attaques contre la population, les arrestations d’élus, les expulsions et démolitions de maisons doivent cesser... Le Premier ministre palestinien a lancé un appel pour une campagne pour Jérusalem-Est.
Pour Claude Nicolet, le président du RCDP, la forte participation des collectivités françaises - engagées dans des coopérations décentralisées ou venues à la rencontre de collectivités palestiniennes avec l’objectif de s’engager dans des partenariats, témoigne de la perception politique de la société française et d’une prise de conscience, « un mouvement de fond qui ira en s’amplifiant ». Par ailleurs, si la plupart des élus français présents proviennent de la gauche, il note avec satisfaction que « l’ensemble de l’échiquier politique était présent ».
Les collectivités territoriales françaises soutiennent la demande d’admission de la Palestine à l’ONU , elles ont exprimé le souhait que la France, qui a affirmé à plusieurs reprises que la Palestine « est prête à devenir un Etat », vote en sa faveur au Conseil de Sécurité de l’ONU.
Tout au long de ces deux journées des tables rondes ont permis d’aborder différents thèmes tels que le patrimoine, le développement économique via le soutien aux institutions palestiniennes, l’eau et l’assainissement, l’engagement des pouvoirs locaux européens en Palestine... avec le témoignage de collectivités palestiniennes, françaises et européennes.
Les interventions « d’experts » tels le directeur de l’OCHA, Rajasingham Ramesh, de Monther Shublaq, directeur général de la régie des eaux des villes de la côte de Gaza, ou de Filippo Grandi, commissaire général de l’UNRWA, ont apporté une lumière crue et forte sur les réalités et permis de bien mesurer les conséquences de l’occupation. Israël contrôle la zone C et « qui contrôle la zone C contrôle tout » a rappelé Jad Ishaq, de ARIJ (Applied Research Jerusalem).
Au niveau européen, Flavio Lotti (Italie) et Anndi Jacobsen (Norvège) ont appelé à augmenter la pression politique et à pousser l’Europe à agir en commençant par la publication des rapports des diplomates en poste à Jérusalem.
« Occupation, colonisation, fragmentation politique, impact du mur : malgré tout cela le peuple palestinien poursuit sa route et nous l’accompagnons ... » concluait Claude Nicolet qui a annoncé le venue d’une délégation d’élus dans la Bande de Gaza à l’automne prochain et s’est engagé à faire des propositions pour Jérusalem-Est dans les prochains mois.
Ces journées ont été l’occasion de contacts et d’échanges d’expériences entre partenaires palestiniens et français. Il apparaît également que les collectivités françaises ont de plus en plus conscience que la coopération ne peut se limiter à des aspects humanitaires, culturels ou économiques, mais que cela implique nécessairement un engagement politique pour dénoncer la colonisation, soutenir la demande d’adhésion de la Palestine à l’ONU, voire s’impliquer dans la campagne BDS.
Dans plusieurs villes, l’AFPS est impliquée dans les coopérations au côté des collectivités, une démarche à encourager.