Le Conseil législatif palestinien a tenu une session spéciale lundi 13 juin via vidéo conférence, pour discuter de la légalité du décret du président qui prévoit la tenue du référendum le 26 juillet sur la charte des prisonniers.
Le Hamas et le Jihad islamique ont mis en doute la légalité du décret du président Abbas sur la tenue d’un référendum concernant la charte d’entente nationale. Ce document rédigé par les personnalités palestiniennes détenues en Israël reconnaît implicitement l’Etat hébreux en préconisant l’établissement d’un Etat indépendant palestinien dans les territoires de 1967.
Les échanges hier étaient tendus et le Hamas et le Fatah se sont accusés mutuellement.
Aziz Duweik, président du CLP, a inauguré la session par la lecture d’une lettre adressée au président du comité central des élections exigeant des clarifications sur la légalité de la loi sur le référendum. Il a également demandé des explications quant à la décision du président de charger le comité d’organiser et d’administrer le référendum. Aziz Duweik doute de la légalité de ces initiatives estimant qu’elles nécessitent une modification de la loi sur les élections générales palestiniennes.
Les députés du Fatah se sont ensuite engagés dans une polémique violente contre Duweik qui a publié la lettre avant qu’elle ne soit délibérée par le Conseil Législatif.
Le porte-parole du Fatah a indiqué à la presse que cette session du Parlement palestinien va à l’encontre du principe de la séparation des pouvoirs. "Le CLP n’est pas autorisé à discuter de la légalité des décrets présidentiels", a-t-il ajouté.
L’assistant du président du CLP, Hassan Khraishe, a indiqué que la session examinera le référendum et qu’un projet de loi sur le référendum pourrait être présenté au Parlement. "Le CLP a été élu par le peuple palestinien, il a le droit de discuter de toutes les questions qui le concernent", a-t-il souligné. [1]
Aujourdhui 14 juin des dizaines de fonctionnaires mécontents ont envahi les locaux du Conseil législatif palestinien à Ramallah pour réclamer le versement de leurs salaires.
Le président du CLP Aziz Dwiek a été obligé de lever la session. Les employés du secteur public manifestaient devant le Conseil législatif pour protester contre le gel de leurs salaires depuis quatre mois. Ils ont ensuite envahi le parlement.
Abd Allah, le président du comité politique du Conseil a déclaré à PNN qu’il s’agit d’une réaction normale étant donné les difficultés financières et économiques que les fonctionnaires vivent. Selon lui, les manifestations n’ont pas pour but de renverser le gouvernement, comme l’ont prétendu des leaders du Hamas. Le président du comité a réaffirmé que le gouvernement doit absolument trouver une solution à la crise des salaires.
Kais Abd Al Karim, député, a affirmé que les fonctionnaires ont le droit d’exprimer leur colère face à la situation dont ils sont victimes. Il désapprouve cependant l’assaut du parlement.
Après que les fonctionnaires soient sortis, le CLP a repris sa session et délibérera lundi prochain de la crise et du mécanisme à mettre en place pour faire parvenir des fonds en Palestine.
Ce mardi, après une réunion de 3 heures avec le Premier ministre, le Président Abbas a déclaré : notre priorité est de parvenir à un accord. [2]
Le président Abbas a annoncé dans une conférence de presse, suite à une rencontre de trois heures avec le Premier ministre palestinien, qu’il ne s’oppose pas à la poursuite du dialogue afin de tenter notamment de se mettre d’accord sur la charte des prisonniers palestiniens. Abou Mazen et le chef du gouvernement ont convenu que ces discussions destinées à aplanir les dissensions internes commenceront aujourd’hui et dureront une semaine.
Concernant le décret sur la tenue d’un référendum le 26 juillet prochain, le président a déclaré : « Notre priorité est de parvenir à un accord. La date du référendum est fixée mais le dialogue commence demain » . Le président a affirmé que si un accord est trouvé, il n’y aura pas de raison de tenir un référendum. Dans le cas contraire, le référendum reste en vigueur.
Par ailleurs, le président a rejeté l’éventualité d’une guerre civile dans la rue. « Les factions n’ont pas besoin d’un massacre pour évoluer. Elles ont le sens des responsabilités. Le dialogue doit continuer et nous devons parvenir à un accord » .
En ce qui concerne l’escalade militaire israélienne, il a qualifié les derniers événements de « vrai terrorisme d’état structuré ». Il a appelé le secrétaire général de l’ONU Kofi Anan, celui de la Ligue Arabe Amr Moussa et d’autres responsables à leur dire « que nous voulons la paix et rejetons le meurtre des innocents et des civils. »
Les réunions internes palestiniens se poursuivront avec la participation des représentants des factions nationales et islamiques, afin de sortir de la crise entre le Fatah et le Hamas, et entre le gouvernement et la présidence palestinienne.
Par ailleurs l’agence de presse Ma’an news, annonce ce mercredi 14 juin que, selon des sources privées, une suggestion présentée par divers groupes palestiniens serait à l’étude pour annuler le référendum ordonné par décret présidentiel et choisir une personnalité nationale pour diriger un nouveau gouvernement.
D’après ces sources, cette suggestion présentée par une délégation égyptienne a reçu l’accord global d’Abbas et de plusieurs dirigeants du Hamas.
Il s’agirait de la formation d’un gouvernement de personnalités indépendantes dont le rôle serait d’aider à régler les problèmes internes et d’élaborer un programme économique clair afin que l’aide internationale puisse arriver aux Palestiniens.
Ce gouvernement serait dirigé par une personnalité nationale reconnue par tous les groupes palestiniens, et composé de personnes qualifiées, sans affiliation politique. Il serait supervisé par le CLP. Après avoir été validé par le Conseil législatif, il commencerait par traiter les questions intérieures, y compris les négociations avec Israël pour ce qui est des problèmes au jour le jour.
L’OLP serait en charge des négociations avec Israël et tout accord avec lui serait soumis à référendum.
Dans ce scénario, Mahmoud Abbas promulguerait un nouveau décret annulant le précédent.