Le blocage du fuel, du gaz, de l’électricité et de toute sorte d’approvisionnement, durant ces derniers mois, n’a fait qu’aggraver la situation à Gaza. Cette politique israélienne a prouvé qu’elle était vaine. Les décideurs israéliens ont pensé qu’ils pouvaient faire pression sur le Hamas, et l’acculer. Ils ont pensé que le Hamas n’aurait pas d’autre choix que de se plier aux conditions israéliennes ou de perdre le contrôle.
Le Gouvernement israélien a misé sur le siège de Gaza et sur le fait qu’il y aurait une révolte de la faim contre le Hamas. Mais la rébellion de la faim s’est dirigée contre l’Egypte, après que le Hamas a fait sauter la barrière séparant la frontière, et que plus d’un demi million de Gazaouis se sont précipités vers l’Egypte.
Il est connu que le Hamas avait prévu depuis longtemps de faire sauter la frontière avec l’Egypte, et qu’il attendait le moment propice, qui lui a été offert sur un plateau lorsqu’ Israël a décidé d’arrêter l’approvisionnement en électricité et en fuel. Nous avons sans cesse averti de la politique désastreuse israélienne, et dans le même temps, nous avons demandé que le Hamas cesse de tirer des roquettes contre Israël. Israël a utilisé le prétexte de ces roquettes primitives, pour intensifier son agression contre l’ensemble de la population de la Bande de Gaza.
L’OLP et le Président Abbas ont également exigé que le Hamas reconsidère sa soi-disant “politique de la roquette” et ont souligné qu’il y a une grande différence entre la résistance et le suicide. Il est évident que le rapport pertes et gains – que cela soit aux niveaux politique, militaire et humain – n’est pas en faveur des Palestiniens. Selon les statistiques, environ 1080 roquettes Qassam et près de 1370 obus ont été tirés contre Israël en 2007 qui ont causé la mort de seulement deux Israéliens. Par ailleurs, l’armée israélienne a tué durant la même période 467 Palestiniens, sous prétexte qu’Israël était en état de légitime défense et ripostait contre l’agression palestinienne.
Malheureusement, la prétendue politique de défense israélienne a rencontré de la compréhension au plan international, bien qu’elle ait fait de la Bande de Gaza un enfer. Nous disons que les Palestiniens ont le plein droit de résister à l’occupation par tous les moyens. Notre argumentation ici s’adresse à la méthode et au timing, et si de telles méthodes nous rapprochent de nos buts ou non… une résistance qui n’inflige pas de pertes à l’ennemi peut être difficilement considérée comme de la résistance.
En tous cas, nous avons tous condamné de tout temps l’agression israélienne et exprimé notre volonté de combattre avec le Hamas, le Fatah et d’autres organisations palestiniennes contre toute nouvelle invasion israélienne de la Bande de Gaza. Par ailleurs, les factions de l’OLP, et pas seulement le Fatah, ont condamné le coup d’Etat militaire du Hamas à Gaza et critiqué sa politique aventureuse et ses méthodes anti-démocratiques au niveau interne.
Donc, nous faisons la différence entre la nécessité nationale de mettre fin au siège inhumain de Gaza et les tentatives du Hamas d’utiliser l’ouverture de la frontière avec l’Egypte pour obtenir une reconnaissance politique de sa prise de contrôle militaire. Le Hamas tente maintenant de prendre part au contrôle du point de passage à Rafah et de s’imposer comme contre partie vis à vis de l’Autorité palestinienne. En tout cas, il veut mettre certaines conditions en échange de son approbation de la réouverture du point de passage de Rafah.
Aussi, les porte parole du Hamas à Gaza ont redoublé leurs attaques contre le gouvernement palestinien à Ramallah. Ils ont commencé à dire qu’il est illégitime. Il est tout à fait clair que la position du Hamas et sa réaction aux tous derniers développements, ne font pas montre d’une réflexion sérieuse et ne prennent pas en considération le plan israélien de transférer la responsabilité de la Bande de Gaza à l’Egypte. Israël, en tant que puissance occupante, veut réaliser deux objectifs contradictoires, maintenir le siège autour de Gaza et dans le même temps se libérer de toute forme de responsabilité concernant la Bande de Gaza.
Ehud Olmert, le Premier ministre israélien, a, à ce jour, rejeté la demande du Président Mahmoud Abbas de contrôler tous les points frontières avec l’Egypte et Israël. Dans le même temps, il a déclaré qu’Israël ne permettra pas la poursuite de l’état actuel au point de passage de Rafah où ses intérêts en matière de sécurité sont menacés.
Qu’est ce que tout cela veut dire ? Cela signifie pratiquement que l’unité politique et économique entre Gaza et la Cisjordanie est menacée, cela veut dire que ce qui reste de la patrie palestinienne (Gaza et la Cisjordanie) est confronté maintenant à la menace d’un nouveau plan de séparation, cela veut dire que le futur Etat palestinien n’est plus un objectif accessible dans un an, comme promis à la conférence d’Annapolis.
Israël ne fera pas machine arrière quant à sa politique hostile, à moins qu’il ne soit sujet à des pressions sérieuses de la part de la communauté internationale, Israël doit être contraint à se conformer au droit international et à lever complètement le siège de Gaza. Sans une telle pression, la situation continuera de se détériorer et l’intransigeance israélienne continuera.
La conclusion principale que l’on peut tirer de l’éclatement de la frontière égyptienne et de l’afflux de centaines de milliers de gens en Egypte est la suivante: Il s’est avéré que la stratégie de blocus israélo- américaine pour renverser le Hamas était un échec complet, , contre productive et qu’il fallait y mettre un terme immédiatement. Les principales victimes de cette politique inhumaine, brutale et cruelle sont les masses palestiniennes et personne d’autre.
Au même niveau, la soi-disant stratégie américano-israélienne de soutien à Abbas et d’isolement du Hamas devrait cesser, car elle repose sur un voeu pieux qui ne deviendra jamais réalité. Cette stratégie n’a pas affaibli le Hamas mais a affaibli Abbas. Un retour rapide sur ce qui se passe au niveau de la Cisjordanie et sur la stagnation des négociations entre l’OLP et Israël confirme cette conclusion.
En dépit de la conférence d’Annapolis et des déclarations de paix, Israël poursuit sa politique de construction de colonies, de construction du mur de l’apartheid, d’isolement de la population palestinienne par les check- points militaires, de l’expropriation de terres etc. . L’ occupation devient plus un apartheid politique qu’un régime d’occupation. Les colons ont la liberté de se déplacer et les Palestiniens sont enfermés derrière le mur. Il y a eu récemment davantage de mesures accentuant l’occupation. Seize points de passage entre la Cisjordanie et Israël sont maintenant contrôlés par des civils israéliens au lieu de soldats comme aux frontières internationales, alors que c’est une frontière sécuritaire qu’Israël a unilatéralement établie au sein des Territoires palestiniens occupés. Est ce que cette situation peut continuer indéfiniment… ou tôt ou tard subira-t- elle le même sort que le passage de Rafah ?
Mais malgré le large rejet de la politique expansionniste d’Israël et en dépit des appels à sa condamnation dans la région et de par le monde, nous pensons qu’une fin proche de la stratégie de blocus n’est pas en vue. La question maintenant est de savoir de quelle façon les Palestiniens devraient procéder dans leur lutte pour parvenir à leurs objectifs nationaux, d’une façon qui incitera à un changement de politique envers eux au niveau international… une politique qui établirait une véritable pression sur Israël pour qu’il mette fin à sa stratégie de blocus.
Des avancées à propos du passage de Rafah pourraient être un premier pas pour un accord plus global traitant de l’ensemble de la situation. Tout d
abord, le Hamas devrait prendre une ou deux mesures pour sauver du désastre la médiation égyptienne – entre lui et le Fatah –. Ceci pourrait être fait, en parvenant à une certaine entente avec le Président Abbas, qui tiendrait le Hamas éloigné du passage de Rafah, mais avec la garantie qu’il s’agirait d’un passage libre, stable et organisé, contrôlé par l’Autorité palestinienne, et permettant un meilleur accès sans veto israélien, comme cela existait auparavant. Une autre mesure importante devrait être prise pour que cessent les attaques de roquettes contre Israël comme premier signal qui mettrait fin à toutes sortes d’attaques et d’incursions israéliennes contre les Palestiniens. Un signal qui pourrait se transformer en un cessez le feu réel. Cette entente mutuelle devrait être coordonnée par une troisième partie.
Finalement, nous pensons qu’en l’absence d’une solution politique dans un avenir prévisible, le renforcement de la persévérance palestinienne face aux mesures continues israéliennes devient la tâche fondamentale et que tous les efforts doivent se conjuguer pour assurer son succès.
Ainsi, nous soulignons le fait que la réconciliation nationale palestinienne doit se fonder sur :
1} L’arrêt de la mainmise militaire du Hamas sur Gaza et la formulation d’ une nouvelle position politique en lien avec les résolutions internationales légitimes et l’Initiative de paix arabe
2} la formation d’un gouvernement central temporaire assumant les responsabilités intérieures et laissant les activités politiques, y compris les négociations, à l’OLP.
3} L’organisation d’élections présidentielles et législatives anticipées à la proportionnelle, sous contrôle arabe et international avec la garantie de respecter les résultat de ces élections.
Enfin, nous pensons que l’augmentation de la résilience de la population palestinienne, le renforcement de l’endurance palestinienne et la consolidation du front intérieur sont les éléments essentiels de la question en cours.
Hanna Amireh
Membre du comité exécutif de l’OLP
Membre du bureau politique du PPP