Trois mineurs palestiniens et un jeune de 19 ans ont été tués dans les gouvernorats de Ramallah, Qalqilya et Jénine en l’espace de 24 heures. Depuis neuf mois, les Palestiniens ont connu l’année la plus meurtrière dans leur confrontation au colonialisme israélien depuis 2015. Le nombre de morts a atteint 164 depuis le début de l’année 2022.
Le 7 octobre, les forces militaires israéliennes ont tiré et tué Adel Ibrahim Daoud, 16 ans, dans la ville de Qalqilya, au nord de Ramallah. Quelques heures plus tard, l’armée a envahi al-Gharbiyya, à 11 km au nord-ouest de Ramallah, tuant Mahdi Ladadweh, 17 ans.
Le lendemain, le 8 octobre, vers 13 heures, alors que les Palestiniens terminaient d’enterrer Ladadweh à Mazra’a al-Gharbiyya, deux autres Palestiniens ont été tués dans le camp de réfugiés de Jénine.
Lors d’une invasion militaire coordonnée, le camp de réfugiés de Jénine a été attaqué sous le prétexte d’arrêter un résistant palestinien recherché, Mohammad Abu Zeina. L’invasion a entraîné la mort de Mohammad El-Sous, 18 ans, et d’Ahmad Daraghmeh, 16 ans. Onze autres personnes ont été blessées, dont trois dans un état critique, selon le ministère palestinien de la Santé.
La politique de "liquidation" d’Israël est une accélération du projet colonial
Selon des témoins oculaires, le 7 octobre vers 9 heures, les forces militaires israéliennes ont envahi la ville de Jénine, en se dirigeant directement vers le camp de réfugiés de Jénine. En coordination avec les services de renseignement israéliens (le Shin Bet), l’armée a tiré à balles réelles et a posté des tireurs d’élite au sommet des immeubles résidentiels.
Selon des témoins oculaires et des journalistes sur le terrain, l’armée israélienne a également eu recours à des hélicoptères Apache au cours de l’invasion, ce qui n’est pas sans rappeler l’invasion du camp par l’armée israélienne deux décennies plus tôt, lors de l’invasion de 2002 à 2004, l’opération Bouclier défensif.
Depuis février dernier, Israël a mis en œuvre une opération militaire permanente en Cisjordanie pour réprimer la résistance armée palestinienne.
Mais le raid de la nuit dernière a marqué un nouveau développement.
Ces dernières années, Israël a progressivement rajeuni sa politique vieille de plusieurs décennies d’assassinats extrajudiciaires de "matlubeen", ou Palestiniens recherchés, et l’utilise maintenant avec une régularité qui ressemble à la politique de "liquidation" du début des années 2000 et 1993.
Lorsqu’Israël avait employé cette pratique après l’Intifada de 1987 - 1993, une enquête de Human Rights Watch avait conclu qu’Israël opérait avec une politique de "permis de tuer", ce qui avait conduit à une série d’assassinats de militants palestiniens.
En presque quatre décennies, non seulement cette pratique est restée une composante importante de l’arsenal répressif israélien, mais elle le fait en toute impunité, malgré la condamnation des organisations de défense des droits de l’homme. Les médias n’ont pas été épargnés par cette campagne de liquidation, comme en témoigne le meurtre de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh. Lors de la récente invasion du camp de réfugiés de Jénine, quatre journalistes locaux, Mohammad Abed, Mujahed El-Saadi, Jaafar Shtayyeh et Nidal Shtayyeh ont été encerclés et ont fait l’objet de tirs directs.
En juillet de cette année, le chef d’état-major militaire israélien, Eyal Zamir, a suggéré d’intensifier les assassinats extrajudiciaires au-delà du territoire palestinien.
Les assassinats de résistants palestiniens pourraient donc être le précurseur de nombreux autres assassinats à venir, peut-être même à l’échelle internationale.
Mariam Barghouti est la correspondante principale pour la Palestine de Mondoweiss.
Traduction et mise en page : AFPS / DD