La guerre d’Israël contre Gaza est une guerre contre l’éducation.
De nombreuses universités et écoles ont été attaquées.
Tout le monde est touché d’une manière ou d’une autre.
J’ai perdu tout espoir d’obtenir mon diplôme universitaire cette année.
Avant le début de la guerre, j’ai décidé de suivre le nombre maximum de cours. Cela signifiait que je pourrais obtenir mon diplôme en trois ans et demi après mon inscription à l’université.
Je voulais obtenir mon diplôme le plus tôt possible. J’ai d’autres aspirations pour ma vie et je voulais m’y consacrer.
Pendant les premières semaines de la guerre, j’ai été rongée par la peur de mon avenir. Qu’adviendrait-il des rêves pour lesquels j’avais travaillé si dur ?
Aujourd’hui, mon seul espoir est que ma famille, mes amis et moi-même sortions sains et saufs de la guerre.
Avant le début de la guerre, j’étudiais l’anglais à l’université al-Aqsa, dans la ville de Gaza. Le campus a été détruit.
Au début de la guerre, j’ai essayé d’étudier seule. Mais au fur et à mesure que le temps passait, mes espoirs de pouvoir reprendre mes études s’amenuisaient.
En ce moment, je devrais préparer mon dernier semestre à l’université.
Partout dans le monde, les jeunes ont la possibilité d’aller à l’université. L’éducation est un droit fondamental.
À Gaza, ce droit nous est refusé.
Je me considère chanceux.
Beaucoup de mes amis et de mes pairs à l’université ont été tués. De nombreux enseignants ont également été tués.
La guerre n’a pas de limite dans le temps
Lorsque la guerre a commencé, cela faisait moins d’un mois que j’enseignais à des élèves dans une école secondaire.
Un superviseur m’avait rendu visite et s’était déclaré satisfait de ma façon d’enseigner.
À la suite de cette visite, on m’a demandé de faire une présentation à un groupe de superviseurs.
J’ai accepté cette opportunité avec enthousiasme et j’ai passé des heures à préparer ma présentation. Le sujet choisi était les précédentes guerres d’Israël contre Gaza.
Je devais expliquer comment ces guerres avaient dévasté des lieux de toute beauté.
La présentation devait avoir lieu le 9 octobre.
La guerre actuelle a commencé deux jours avant. La présentation a donc dû être annulée.
Avec mes élèves, j’avais préparé une pièce de théâtre dans le cadre de la présentation. Nous avions rassemblé des photos des destructions causées par les guerres précédentes.
Ces destructions étaient terribles.
Mais la dévastation causée par la guerre actuelle dépasse tout ce que nous aurions pu imaginer.
Certains de mes élèves sont tombés en martyrs et l’école elle-même a été détruite.
L’éducation est suspendue à Gaza. Personne ne sait pour combien de temps.
Cette guerre ne semble pas avoir de limite dans le temps.
Notre avenir est devenu flou. Nous ne pensons qu’à notre survie.
Les écoles qui n’ont pas été détruites ou gravement endommagées ont été transformées en abris pour les personnes déplacées. Il est impossible d’imaginer ce que sera la situation une fois la guerre terminée.
Donya Ahmad Abu Sitta est écrivaine à Gaza.
Photo : 8 octobre 2023, l’école pour garçons de Gaza est transformée en refuge par l’UNRWA © UNRWA photo
Traduction : AFPS