Soixante ans après la proclamation de la Déclaration des Droits de l’Homme par l’Assemblée Générale des Nations Unies (le 10 décembre 1948), la médaille Carl von Ossietzky pour actions exceptionnelles en faveur de la réalisation des droits humains prend une signification particulière.
Le 4 mai 2008 était le 70eme anniversaire de la mort du Prix Nobel de la Paix et pacifiste Carl von Ossietzky, qui pour sa résistance obstinée au militarisme, à la guerre, et au racisme, fut déporté au camp de concentration de Sonnenburg (situé près de la ville polonaise actuelle de Slonsk), où il fut cruellement torturé. Ayant ces faits à l’esprit, le Conseil d’Administration de la Ligue Internationale des Droits Humains salue deux organisations qui – avec le courage de leurs convictions, et dans l’esprit de Carl von Ossietzky – combattent ensemble pour une cause commune.
Les Anarchistes contre le Mur et le Comité Populaire de Biil’in donnent l’exemple de la résistance non-violente contre le “Mur de Séparation” construit par Israël sur les terres palestiniennes, ainsi que leur implication résolue dans diverses campagnes populaires contre l’Occupation de la Cisjordanie et la bande de Gaza.
Ces groupes incarnent une culture qui regarde vers le futur, libre d’exclusion et de destruction, démontrant ainsi qu’il est possible de vivre ensemble dans la paix et la liberté.
Ils défendent aussi régulièrement leur cause sur la scène internationale : le village de Bil’in, par exemple, a intenté un procès à deux entreprises immobilières à la Cour Suprême du Québec pour leur participation dans la construction de la colonie israélienne de Modi’in, essentiellement sur les terres de Bi’lin.
Les deux groupes ont été fondés à peu près au même moment par de jeunes militants :
– Les Anarchistes contre le Mur se sont formés en 2003 pour protester contre la construction du Mur
– Le Comité Populaire de Bil’in a été fondé en décembre 2004 en réaction à la “barrière de séparation” israélienne planifiée (et maintenant achevée) qui coupe le village de Bil’in de 60% de ses champs et de ses oliveraies.
Les deux groupes doivent leur efficacité à leurs pratiques indépendantes du politique, auto-déterminées, transparentes et non-violentes. Les manifestations du vendredi à la barrière de séparation à Bil’iin ont été organisées par le comité populaire du village toutes les semaines depuis 2005, et elles ont conduit à la formation d’un large réseau international de soutien et de protection. La police des frontières israélienne tirent sur les manifestants, à tir tendu, des grenades de gaz lacrymogène, des balles d’acier enveloppées de caoutchouc, et - plus récemment – des bombes puantes, sans s’inquiéter des blessures graves qu’ils infligent aux manifestants.
En honorant les Anarchistes contre le Mur et le Comité Populaire de Bi’lin, le Conseil d’Administration de la Ligue Internationale des Droits Humains veut mettre en lumière la conviction commune de ces deux organisations qui les aident à surmonter les difficiles obstacles et les dangers dans leur lutte pour un futur digne - et partagé. Leurs activités exemplaires ont – à l’âge de la globalisation – une signification profonde pour la réalisation des idéaux de la Déclaration des Droits de l’Homme – bien au-delà du cas d’Israël et de la Palestine.
Avec sa compagne Rachel Avnery, Uri Avnery participera à la cérémonie de remise de la médaille où il prendra la parole en tant qu’invité d’honneur. Il participera aussi à la conférence de presse. En 2001, Uri Avnery avait reçu – avec Rachel et le groupe pacifiste Gush Shalom – le Prix de la Paix Alternatif de Stocholm. Il fut ensuite honoré par la ville de Osnabrück qui lui a décerné le prix Carl von Ossietzky en 2002. Déjà en 1995, Uri Avnery avait reçu le prix Erich-Maria Remarque d’ Osnabrück, et en 1997, le prix Aachen de la Paix.
Le Comité de Direction
Berlin, 13 octobre 2008
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