Présentation du livre "Antisionisme, une histoire juive" le mercredi 20 décembre 2023 à Paris.
Une quarantaine de personnes ont participé mercredi 20 décembre 2023, à la Maison de la vie associative et citoyenne (MVAC), 76 rue Daguerre, à la réunion d’adhérents du groupe local Paris 14-6 de l’AFPS. Lors d’une première partie ont pu être exposés, notamment à destination des nouveaux membres de l’association, les objectifs de l’AFPS, la situation à Gaza et en Cisjordanie, les 23 groupes de travail nationaux, ainsi que les actions menées actuellement par le groupe local.
Après cette réunion, Sonia Fayman et Béatrice Orès, membres de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP), ont présenté leur dernier ouvrage, "Antisionisme, une histoire juive" (Syllepses, 25 euros). Ce livre consiste en un recueil de textes rédigés du 19ème siècle jusqu’à aujourd’hui par des penseurs et militants se revendiquant comme antisionistes tout en étant juifs, les autrices notant qu’avant la Seconde guerre mondiale les antisionistes étaient majoritaires au sein du judaïsme.
Les textes ont été agencés dans le livre selon les cinq grands courants juifs antisionistes que les autrices ont présentés successivement :
– Le premier chapitre, centré sur le rapport au judaïsme, note que, particulièrement avant la guerre de 1939-1945, des Grands Rabbins et des théologiens s’opposèrent aux premiers partis sionistes, lesquels, la plupart athées, utilisèrent cependant la Bible pour légitimer un Etat uniquement juif en Palestine.
– Le deuxième chapitre, centré sur la question nationale, décrit comment des juifs, orthodoxes ou libéraux, s’opposèrent au sionisme, assimilé aux autres nationalismes de leur époque. Les autrices pointent ainsi l’assimilationnisme d’un Edwin Montagu, qui, ministre juif au sein du gouvernement britannique, s’opposa à la déclaration Balfour, considérant que le sionisme était en réalité une manœuvre pour se débarrasser des juifs d’Europe.
– Le troisième chapitre, centré sur les rapports entre sionisme et antisémitisme, montre comment le premier s’est appuyé sur le second pour manipuler les masses en faveur d’un État juif, parfois même en nouant des alliances avec certains États antisémites dans les années 1920. Un courant juif antisioniste s’est opposé à cette manipulation, Michel Warschawski critiquant ainsi récemment la falsification de l’histoire par les sionistes pour qui « le juif n’est plus juif mais israélien ».
– Le quatrième chapitre, centré sur l’impérialisme, indique comment un courant antisioniste s’est opposé au contenu colonialiste du sionisme, un historien comme Ilan Pappé montrant que, dans le projet sioniste, le Palestinien est « un indigène présent transitoirement » sur la terre de Palestine. Les communistes juifs d’Irak et d’Égypte s’opposent au sionisme sur le même fondement.
– Le cinquième chapitre, centré sur l’après-sionisme, montre comment le sionisme actuel assimile toute revendication d’égalité à de l’antisémitisme. Il explique que des juifs antisionistes avaient déjà anticipé les déplacements de population actuels. L’enjeu demeure aujourd’hui une « désionisation » de l’État pour que juifs et arabes puissent vivre ensemble dans un État binational. Les textes fondateurs du Bund, reproduits à la fin du livre, décrivent la possibilité d’une telle fédération.
Suite à cette présentation, des échanges ont eu lieu entre les autrices et la salle. Puis elles ont vendu et signé des exemplaires disponibles sur place.