Photo : Des activistes de Palestine Action affichent une banderole sur le toit de l’usine de Elbit Systems à Oldham, au nord de l’Angleterre en août 2021 (Palestine Action)
Ces dernières semaines, le gouvernement britannique a une nouvelle fois déroulé le tapis rouge au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Sa visite avait pour but d’initier un nouvel accord de partenariat qui promet un financement de 25 millions de dollars pour renforcer les liens entre les deux pays dans le domaine de l’industrie technologique.
Tandis que M. Netanyahou était reçu par des politiciens britanniques, les Palestiniens pleuraient un nouveau décès. Près de 100 Palestiniens ont été tués par des Israéliens rien que cette année.
Si la lutte pour la libération n’a jamais faibli au cours des 75 années d’occupation israélienne - toute la Palestine historique est sous occupation israélienne - le coût pour le peuple palestinien a été tragiquement élevé.
La vue d’un criminel de guerre israélien comme Netanyahou accueilli à bras ouverts sur le sol britannique suffit à faire reculer de dégoût tout citoyen digne de ce nom. Mais ce n’est pas le premier accueil du genre, puisque cette relation remonte à plus d’un siècle.
La signature de la déclaration Balfour en 1917 a été un moment fatidique dans l’histoire sulfureuse de la Grande-Bretagne.
Cette lettre, de seulement 67 mots et rédigée par notre propre ministre des Affaires étrangères de l’époque, Arthur James Balfour, a cédé avec désinvolture la Palestine pour y construire la toute nouvelle patrie juive, en négligeant une question cruciale : la terre était déjà habitée par une population indigène prospère, les Palestiniens.
Pour faire de cette "patrie" une réalité, les soldats britanniques ont préparé le terrain : ils ont massacré, terrorisé, chassé, arrêté et même commis des violences sexuelles à l’encontre du peuple palestinien. Les soldats ont détruit des parties de villes palestiniennes et réprimé les soulèvements locaux.
Les Britanniques ont ouvert la voie à la Nakba, la catastrophe, qui a vu les milices sionistes, armées et entraînées par l’armée britannique, procéder au nettoyage ethnique de près de 800 000 Palestiniens.
Des communautés ont été massacrées et plus de 500 villes et villages civils ont été brutalement rayés de la carte.
Mettre un terme au cycle
La complicité britannique n’a jamais cessé. Elle s’est simplement transformée en un autre genre de colonialisme, soutenu par des intérêts diplomatiques, industriels, militaires et financiers.
La Grande-Bretagne soutient, légitime et finance l’oppression des Palestiniens, tandis que ceux qui s’y opposent font pression, condamnent et protestent sans cesse. Pour que le cycle prenne fin, nous devons d’abord briser ce statu quo.
C’est la raison pour laquelle Palestine Action a été créée. Nous devions mettre des bâtons dans les roues et enrayer le roulement infini de la colonisation.
Le récent accord de partenariat signé entre Israël et la Grande-Bretagne a frappé de plusieurs manières ceux qui protestent contre l’oppression de la Palestine. Un accord a été conclu pour prétendre que l’apartheid n’existe pas et pour travailler ensemble afin de trouver des moyens de dominer le peuple palestinien.
L’accord prévoyait la construction d’une nouvelle usine de haute technologie dans le Gloucestershire, une région du sud-ouest de l’Angleterre.
Ce qui n’a cependant pas été mentionné dans le communiqué de presse alors qu’il l’était toujours dans le passé, c’est la question de la plus grande entreprise privée d’armement d’Israël, Elbit Systems. Ce n’est guère surprenant, étant donné que cette société est la principale cible de Palestine Action et que son image est devenue toxique.
La présence d’Elbit sur nos côtes est due à la proximité historique et politique des deux pays. La fabrication d’armes en Grande-Bretagne rendait la destruction de la Palestine plus lucrative, et des usines ont donc rapidement surgi dans toutes nos villes.
En 2020, la société opérait à Oldham, Tamworth, Shenstone, Leicester et dans le Kent, avec des bureaux à Bristol et à Londres, et travaillait aux côtés de l’armée britannique dans trois bases distinctes.
Depuis la création de Palestine Action, plus de 280 militants ont pris part à des actions directes, y compris des blocages, des escalades sur les toits d’Elbit, des intrusions dans ses bâtiments et des destructions d’armes. Cette action directe soutenue a contraint Elbit à dépenser sans compter ses bénéfices pour de meilleures clôtures, de nouvelles maçonneries, des fenêtres de remplacement, une sécurité renforcée, un éclairage plus puissant et une surveillance accrue.
Un environnement hostile
La capacité de l’entreprise à fonctionner et à maintenir sa productivité sous la pression des perturbations régulières de Palestine Action a été gravement affectée. La société a été contrainte de perdre son usine d’Oldham (près de Manchester), ses bureaux de Londres et environ 350 millions de dollars de contrats avec le ministère de la défense.
La perte des contrats n’est pas due à un changement soudain de la boussole morale du gouvernement britannique. Elbit est moins bien accueillie que jamais parce que des personnes courageuses dans ce pays sont prêtes à sacrifier leur liberté pour perturber, couvrir de honte et détruire l’entreprise.
Les événements ont pris une tournure comique lorsque Elbit a essayé de changer de stratégie. Elle tente à présent de nier qu’elle est une entreprise d’armement israélienne.
L’entreprise s’est donné beaucoup de mal pour se distancer d’elle-même et tenter de se préserver. Tout cela serait risible si l’entreprise n’était pas aussi meurtrière.
Les entreprises semblables qui observent la résistance à laquelle Elbit a été confrontée, est toujours confrontée et continuera à l’être, ainsi que son déni embarrassant de tout lien avec Israël - dont elle se vantait auparavant - ne peuvent pas prétendre que rien ne s’est passé. Ils se rendront certainement compte que travailler avec Israël n’est pas une "bonne" décision commerciale, ni même une décision "sensée".
Palestine Action contribue à faire de la Grande-Bretagne un environnement hostile pour toutes les entreprises qui tirent profit de l’oppression du peuple palestinien ou de toute autre personne.
Ce qui a commencé avec une poignée de personnes s’attaquant à l’industrie israélienne de l’armement est devenu un réseau de centaines et bientôt de milliers de personnes.
Le désir de rejoindre la lutte et de débarrasser enfin la Grande-Bretagne d’Elbit Systems commence le 1er mai.
Palestine Action assiégera une usine d’armement israélienne dans la ville anglaise de Leicester. Baptisée UAV Tactical Systems, l’usine est détenue par Elbit et la société française Thales.
Le site fabrique et assemble le drone Watchkeeper, une version reconditionnée de l’ancien Hermes 450 d’Elbit, largement utilisé lors des assauts meurtriers d’Israël sur Gaza. Présenté comme "testé au combat" et "éprouvé au combat", le drone a été développé à partir d’expériences menées sur le peuple palestinien.
L’usine de Leicester se vante ouvertement du fait que ses drones ont effectué 100 000 heures de vol en Afghanistan et en Irak, avec l’aide du projet impérial américano-britannique qui a conduit à la destruction de ces deux pays. Ailleurs, le même appareil est utilisé par l’autorité de l’aviation civile britannique pour militariser la Manche et surveiller les migrants cherchant refuge au Royaume-Uni.
Au cours de l’Intifada de l’Unité de mai 2021 en Palestine - qui a vu des groupes de résistance s’allier pour s’opposer à l’assaut d’Israël sur Gaza et à ses expulsions à Sheikh Jarrah à Jérusalem - quatre volontaires de Palestine Action ont escaladé le toit d’UAV Tactical Systems.
Les pompiers ont refusé de faire descendre les manifestants du toit à la demande de la police, et la communauté de Leicester est venue en nombre pour bloquer les véhicules de police. Au final, entre les activistes sur le toit, les pompiers et la communauté, l’usine a été fermée et n’a pas pu fonctionné pendant 6 jours.
Cette fois nous ne partirons pas avant qu’il n’en soit de même pour Elbit.
Traduction : AFPS