indique Anne Le More qui a travaillé pour les Nations Unies (Libération du 22 avril 2006 ).
En s’interdisant de sanctionner l’occupation militaire et la dépossession continue des Palestiniens par Israël, l’Union Européenne s’est condamnée à assumer, à la place de l’Etat Israélien, une grande partie des besoins élémentaires des Palestiniens. La quatrième convention de Genève précise en effet qu’ « un pays occupant doit pourvoir à la santé et à l’approvisionnement de la population qu’il occupe » : ce que l’état israélien ne fait pas , bien au contraire ,puisqu’il détruit ou s’approprie, selon les besoins de la colonisation, infrastructures et moyens de subsistance (eau ,terre, oliviers...)
Dans la mesure où la puissance occupante n’a pas respecté la lettre ni l’esprit du processus de paix, notamment en intensifiant la colonisation, y compris sous Y.Rabin, l’Union Européenne aurait dû, au minimum, geler l’accord d’association avec Israël qui, de plus, ne respecte pas l’article 2 sur les droits humains de ce même accord. Le Parlement Européen a voté cette suspension en avril 2002, mais cette sanction, minime et pacifique, n’a jamais été appliquée.
D’une certaine manière, en couvrant à la place de la puissance occupante les besoins élémentaires des Palestiniens et en favorisant l’économie israélienne (l’Europe est son 1er partenaire), l’Union Européenne finance l’occupation, L’Etat Israélien, par un transfert de ligne budgétaire, peut ainsi consacrer ses finances à la colonisation et à l’armée d’occupation. Les sommes sont importantes : 240 millions d’euros par an pour les seuls besoins élémentaires.
Pendant combien d’années cette aide va t’elle encore durer ? N’a-t-elle pas été parfois un facteur de corruption (ce dont Israël n’est pas exempt.. ) ? N’enrichit-elle pas aussi l’économie israélienne qui fournit plus de 80 % du marché palestinien, complètement captif, et dont l’économie est exsangue du fait des blocages, par l’occupant des échanges internes (enclaves, Mur israélien d’annexion) et avec les pays voisins.
La continuation de l’aide, encore pour des années, « à fonds perdus », associée à la « poussée islamiste », risque de faire basculer dans un sens opposé l’opinion d’une majorité de citoyens européens favorables ,jusqu’à présent aux droits des Palestiniens. C’est certainement le but de l’occupant, nos dirigeants européens ne doivent pas s’en faire le relais ni se laisser instrumentaliser. Ils doivent en tirer les conclusions.
L’Union Européenne (et ses contribuables) est en droit de conditionner cette aide avec l’exigence de l’arrêt rapide de l’occupation-colonisation. L’Europe a des moyens politiques pour cela, des sanctions économiques ,diplomatiques, ... jamais essayées jusqu’ici, alors que « le processus de paix », négocié, a été dénaturé par l’occupant !
Après l’arrêt de l’occupation, s’ils récupèrent leur eau, leur terre, leurs lieux touristiques de Jérusalem-Est, Bethléem, Jéricho, ...les Palestiniens sont capables, de subvenir à leurs besoins élémentaires., comme avant 1967. Leur potentiel et leur savoir-faire sont importants. C’est l’occupation-dépossession qui rend impossible le développement de la Palestine.
L’EUROPE : JUSQU’OU ?
Après avoir refusé de publier un rapport, produit par ses propres diplomates, décrivant la situation d’exclusion ou très dégradée des Palestiniens de Jérusalem-Est, l’Union Européenne punit les Palestiniens d’avoir « mal voté » en reprenant comme la majorité des pays occidentaux les conditions et arguments de l’occupant. Des entreprises franco-européennes (Alstom et Connex-Véolia ) participent, avec l’accord du gouvernement français, et au mépris du droit international, à un tramway qui va renforcer la colonisation de Jérusalem-Est. Des pays européens , mais la Suède a refusé , organisent même des exercices militaires avec lsrael !
« L’EUROPE RESTE ENGAGEE » prétend Bénita Ferrero-Walder commissaire européenne, dans Le Monde du 8 mai en évoquant le « processus de paix », en réalité laminé par la puissance occupante et sa colonisation.
ENGAGEE A QUOI ALORS ? A ACCOMPAGNER L’OCCUPATION ?
L’U.E ne respecte pas même la réciprocité dans ses exigences (respect des accords signés, arrêt de la violence, reconnaissance d’Israël). Pourtant, ni dans la responsabilité , ni dans les conséquences, il ne peut y avoir symétrie ou équilibre ou renvoi dos à dos entre l’ occupant et l’occupé. !
L’aide est nécessaire et doit être rétablie rapidement, tout un peuple est en danger.
Mais c’est l’occupation qui doit être sanctionnée et qu’il faut supprimer !