C’est en 1977 que l’Association Médicale Franco-Palestinienne lançait son programme de parrainages d’enfants palestiniens. Parmi les premières personnes qui s’engageaient à soutenir la scolarité d’un enfant pendant six ans, il y avait Yvette et André Sochon, qui, avec leur engagement, nous écrivaient une lettre dont voici des extraits :
« Je précise que notre engagement consiste moins à nous lier à un enfant en particulier qu’à apporter notre soutien à l’instruction d’un enfant palestinien. Nous reconnaissons l’Association des femmes d’el Bireh en tant qu’organisation de masse dans la lutte du peuple palestinien, parfaitement habilitée à attribuer notre souscription à qui elle juge bon ,et éventuellement à modifier son attribution pour des raisons qu’elle jugerait conforme à son rôle et à ses buts ».
Aujourd’hui ils précisent :
« Notre participation au parrainage d’enfants palestiniens n’était pas pour nous un acte de charité, de compassion. C’était la manifestation de notre solidarité politique. A travers l’enfant orphelin de son père et de sa terre , c’était la Palestine à venir que nous soutenions. »
Jamais les parrainages n’ont été un acte de charité mais bien un acte concret humanitaire de soutien politique au peuple palestinien.
Nous avons alors travaillé avec des associations de femmes dont les présidentes étaient des personnalités très engagées politiquement. Les plus anciens se souviennent de Samira Khalil présidente fondatrice de Inash El Usra, grande résistante contre l’occupation israélienne et aujourd’hui décédée.
Elle vit son association plusieurs fois « fermée par ordre militaire » et connut aussi la prison.
En se présentant contre Arafat à la présidence de l’Autorité Palestinienne, elle fut la seule femme dans le monde arabe à concourir pour la présidence de son pays. L’autre grande figure est Yusra barbari à Gaza, elle aussi engagée politiquement.
Nous avons ensuite pris en charge des enfants et des adultes handicapés de la BASR, centre médical où l’on soignait et rééduquait les blessés de l’occupation puis de la première Intifada.
Sur place, nous avons toujours travaillé avec des militants politiques engagés dans la libération de leur pays.
Le Liban avait aussi besoin de ce soutien et nous avons collaboré avec l’association Beit Atfal Assoumoud.
Aujourd’hui, 27 ans plus tard, qu’en est-il ?
Le peuple palestinien a encore et toujours plus que jamais besoin de notre soutien politique et concret.
Alors qu’au départ les parrainages étaient un soutien pour permettre à un enfant de faire des études, aujourd’hui le parrainage est un soutien alimentaire pour toute une famille. La situation matérielle est désastreuse ; Jean Ziegler, rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation, parle « de catastrophe humanitaire ». Un journaliste de télévision en poste à Jérusalem signalait que des enfants souffrent « de lésions cérébrales dues à la malnutrition ». C’est dire à quel point notre aide est nécessaire.
Nous soutenons en ce moment 591 familles palestiniennes par le biais du parrainage d’un de leur enfant.
Toutefois, notre association n’est pas une association de professionnels des parrainages comme celles dont on voit la pub sur les murs de nos villes.
Nous sommes toujours et avant tout une association de militants qui travaillons avec d’autres militants sur le terrain.
Le rôle des groupes locaux de l’AFPS est très important pour recruter les marraines et parrains. Ce sont eux qui proposent et diffusent les plaquettes lors de leurs interventions. Certains font un important travail de sensibilisation et de mobilisation dans leur secteur.
Des groupes se forment parfois sur le lieu de travail à partir d’un parrainage.
Nous avons ainsi un certain nombre de parrainages collectifs.
Toute la partie gestion à Paris est faite par des militants bénévoles, non seulement pour des raisons économiques, mais bien politiques.
Sur place, les associations ont beaucoup de difficultés pour aider toutes les familles dans le besoin. Les barrages, les bouclages limitent ou empêchent les déplacements. Les versements ne peuvent pas toujours être réguliers. Les familles reçoivent alors deux ou trois mois en même temps. Les travailleuses sociales prennent des risques pour se déplacer. Elles constatent et signalent aux associations sur place les familles en grand besoin. Toutefois, devant leur grande charge de travail, elles ne peuvent pas donner à tous, marraines et parrains, des nouvelles précises de nos familles, ce que beaucoup de personnes regrettent, mais que l’on peut comprendre.
Les parrainages, travail de militants, ici et sur place, sont une pierre de plus dans le soutien à la lutte du peuple palestinien pour son indépendance.
Faire un parrainage, « c’est soutenir la Palestine à venir »
J.Neiss
Plus d’infos : afps@france-palestine.org