L’approche israélienne de la lutte contre le coronavirus est claire : les vaccinés des nôtres passent en premier. La campagne de troisième injection a été lancée avec un mépris public presque total pour les écarts de vaccination entre les différents pays, et pour la question morale et épidémiologique de savoir s’il est approprié de fournir des rappels aux Israéliens alors que tant d’autres pays ne parviennent même pas à fournir une dose.
Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a appelé à stopper la campagne de rappel tant qu’il resterait des pays ayant à peine entamé leur campagne de vaccination ou étant aux prises avec la difficulté de convaincre les antivaccins, voire les covido-sceptiques. Adhanom a tweeté la semaine dernière : "Dix pays ont administré plus de 75% des vaccins #Covid 19, tandis que les pays à faible revenu ont reçu un peu plus de 1%."
Ce n’est pas "seulement" un problème moral, mais un problème qui a des conséquences épidémiologiques, a-t-il noté. "Plus il y a de personnes non vaccinées contre le #COVID19 dans le monde, plus le virus a la possibilité de se propager et d’évoluer vers des variants potentiellement plus dangereux, ce qui augmente le risque pour tout le monde", a-t-il écrit. Le Dr Dorit Nitzan, directrice régionale des urgences de l’OMS pour l’Europe, a expliqué que les pays non vaccinés "sont une serre pour le développement de nouvelles souches du virus", et que tant que le taux de vaccination mondial n’atteindra pas 60 %, il ne sera pas possible de protéger tout le monde à long terme.
En Israël, la situation est encore plus complexe. Alors que le nombre d’Israéliens ayant reçu la troisième dose approche du million, en Cisjordanie, seuls 13 % de la population palestinienne ont reçu une dose de vaccin, et seulement 9 % en ont reçu deux. Dans la bande de Gaza, la situation est encore pire.
Israël a les moyens de s’assurer que les Palestiniens se fassent vacciner, et il est également tenu de le faire en vertu de la clause 56 de la quatrième convention de Genève, qui stipule qu’une puissance occupante doit assurer l’application "des mesures prophylactiques et préventives nécessaires pour combattre la propagation des maladies contagieuses et des épidémies" dans le territoire qu’elle occupe.
Il est temps qu’Israël se réveille et comprenne qu’il n’est pas une nation insulaire, ni d’un point de vue épidémiologique ni d’un point de vue moral. Il y a deux peuples, Israël et les territoires palestiniens, qui constituent une seule unité épidémiologique. Cela signifie que le chemin vers l’éradication du virus en Israël passe nécessairement par la Cisjordanie et Gaza.
Le débat sur la nécessité d’une troisième injection ne doit pas occulter le fait qu’Israël doit faire de la vaccination de l’ensemble de la population palestinienne une priorité absolue.
Traduction : AFPS