Le 29 octobre 2017, une nouvelle loi « du grand Jérusalem » est adoptée qui permet l’annexion d’une partie de la Cisjordanie en rattachant des colonies à Jérusalem. Elle consiste à rattacher 19 colonies à la capitale autoproclamée d’Israël. La limite de la municipalité doit encore être élargie par l’adjonction des colonies de la périphérie comprenant Maale Adumim, Gush Etzion et Givat Ze’ev, situées au plus profond de la Cisjordanie, qui doivent être annexées et seront des sous-municipalités de Jérusalem. En plus de l’illégalité du principe de mesures unilatérales qui permettent de redessiner les frontières de Jérusalem, les Palestiniens dénoncent une entrave supplémentaire à la création de leur État.
Plusieurs phénomènes sont à l’œuvre tous illégaux au regard du droit international :
– L’occupation, puis l’annexion de Jérusalem-Est (1967 et 1980 loi proclamant unilatéralement Jérusalem réunifiée, capitale éternelle d’Israël, et l’annexion de 28 villages).
– Un frein à l’expansion côté palestinien de la ville et la séparation de celle-ci de la Cisjordanie, par la création d’une ceinture de colonies.
– La modification du périmètre de la ville par l’annexion d’une partie de la Cisjordanie, en intégrant les colonies et en contournant les villages palestiniens.
– La construction du mur créant de nouvelles conditions territoriales et démographiques dès 2002 (reconnu illégal en 2004).
– Les déplacements forcés de population, par les destructions de maisons – souvent construites sans permis puisque pratiquement impossible à obtenir -, par la remise en cause des titres de propriété. Plusieurs lois sont utilisées pour justifier les démolitions de maisons et les expulsions telles que la loi sur les biens absents, la confiscation des terres à des fins publiques, le zonage et la loi sur l’urbanisme.
L’ensemble de ces dispositifs pour augmenter le nombre de juifs israéliens à Jérusalem-Est, qui s’élève maintenant à 40 %. Sur les 71 km2 annexés par Israël en 1967, 35 % (24,5 km2) de Jérusalem-Est ont été confisqués pour la construction de colonies israéliennes, 22 % (15,48 km2) sont indirectement expropriés par le zonage en tant qu’espace vert/usage public et 30 % (21,35 km2) sont encore sans plan.
Les autorités d’occupation israéliennes ont mis en place une politique d’urbanisation discriminatoire : un investissement à géométrie variable, qui néglige les droits sociaux, économiques et de logement des Palestiniens de Jérusalem occupée.
Notamment, ceux-ci sont limités à construire sur 13 % (9,18 km2) de Jérusalem-Est, alors que ces zones sont déjà construites et surpeuplées. Il s’agit bien de contrôler plus de terres pour les colonies. D’augmenter le nombre des colons et de réduire le nombre de Palestiniens, pour aller vers un ratio de 30 % de Palestiniens pour 70 % d’Israéliens, puis de 24 % pour 76 %.
Les derniers plans israéliens à Jérusalem-Est :
– Après le tramway, la construction du téléphérique est un outil de la judaïsation dont l’enjeu actuel est d’utiliser les moyens de transport comme outil de contrôle de l’espace. Ainsi, le téléphérique doit permettre d’accéder au site archéologique ou à la cité de David en isolant encore plus les quartiers palestiniens. Cette réalisation facilitera le déplacement des colons et des touristes vers la colonie touristique d’El’Ad « Kadma compound » dans le village palestinien de Silwan, détruisant les maisons et les entreprises existantes du quartier pour renforcer l’emprise israélienne sur la ville.
– Le plan du centre-ville de Jérusalem-Est : en 2020, le maire de Jérusalem a annoncé la mise en œuvre d’un plan directeur appelé Centre-ville de Jérusalem-Est qui propose un schéma à
achever en 2050 pour le centre économique et industriel palestinien de Wadi Al-Joz, au mépris des droits économiques, sociaux et culturels des résidents.
– Découlant de ce Plan directeur 2050, le plan centre-ville de Maar Mizrah ferait de Jérusalem-Est un centre d’affaires marginalisé et secondaire, relié au principal centre d’affaires de Jérusalem-Ouest, au mépris des besoins de la population palestinienne.
– Projet Silicon Wadi-Joz : quelque 40 propriétaires d’entreprises palestiniennes de la région ont déjà reçu des ordres d’évacuation suite à l’annonce de la construction d’un parc technologique inspiré de la Silicon Valley aux États-Unis appelé « Silicon Wadi », également dérivé du « Plan directeur 2050 ».
D’autres menaces
En 2018, la ministre israélienne de la Justice, Ayelet Shaked, annonce l’intention du gouvernement d’enregistrer les propriétés à Jérusalem-Est occupée : « L’enregistrement des biens fonciers est un pas vers la promotion de la souveraineté d’Israël sur la ville ». L’une des principales menaces est que l’enregistrement foncier impose la mise en œuvre de la loi sur la propriété des absents, alors qu’il est difficile de prouver la propriété foncière, en raison du manque de documents ainsi que de l’énorme taxe d’enregistrement que les Palestiniens doivent payer ce qui conduira au contrôle israélien de la propriété.
L’autre risque, est la politique de transfert de la population israélienne, par le biais des démolitions et d’éviction des maisons. Ainsi 22 000 maisons de Jérusalem occupée risquent d’être démolies sous prétexte d’être sans permis. Plusieurs quartiers risquent ainsi d’être démolis ou évacués en raison de la politique de colonisation israélienne.
Les méthodes utilisées par les Israéliens
En plus de l’arsenal législatif, le gouvernement israélien et la municipalité de Jérusalem, les comités de planification et les organisations de colons travaillent en étroite collaboration pour augmenter le contrôle de la terre et forcer les Palestiniens à quitter la ville. Le gouvernement utilise la violence et la force pour atteindre ses objectifs. La police, les forces spéciales, les colons armés sont liés pour rendre la vie impossible aux Palestinien.nes et les forcer à quitter la ville.
La résistance pacifique populaire est l’un des principaux mécanismes que les Palestiniens utilisent pour arrêter la politique israélienne d’annexion à Jérusalem.
Zacharia Odeh
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