Avec cette série, Moises Saman tente de nous immerger dans la vie de ces personnes qui souffrent de troubles mentaux consécutifs à la violence généralisée qui règne à Hébron et en Cisjordanie, et d’attirer l’attention du public sur les effets de l’occupation.
« Les Palestiniens vivant en Cisjordanie subissent un énorme niveau de violence directe et indirecte dans leur vie quotidienne, ce qui a un impact sur la santé mentale de nombre d’entre eux », explique Juan Carlos Ramos, chef de mission MSF en Palestine.
« Chaque jour, nos équipes travaillent pour aider les personnes souffrant directement des actes de violence, y compris la détention de proches, les raids violents dans les maisons et les écoles, les démolitions de maisons, le meurtre de membres de leur famille, les perquisitions aux checkpoints et le harcèlement quotidien par les colons et les soldats », poursuit-il.
« Nous vivons dans un endroit où beaucoup d’événements traumatiques se produisent. Cela conduit à la colère, à l’inquiétude et au manque d’espoir. De nombreuses personnes touchées sont des adolescents et cela marquera leur vie d’adulte. À cet âge, ils veulent la liberté, se déplacer librement, un avenir », explique Mervat Suboh, psychologue MSF à Hébron.
Une étude conduite par Médecins Sans Frontières à Hébron en mai 2018 a révélé qu’un tiers des personnes interrogées signalent avoir souffert émotionnellement durant les 30 jours précédents l’entretien. Près de 4 800 habitants d’Hébron ont participé à cette étude.
Les principaux symptômes observés par les équipes de MSF sont l’anxiété, les problèmes de sommeil et les sentiments de tristesse et de peur. Chez les enfants, les symptômes comprennent l’énurésie nocturne, les cauchemars, les troubles de l’alimentation et les troubles du comportement.
« J’ai beaucoup couvert le Moyen-Orient, mais c’était la première fois que je me rendais à Hébron. Ce qui m’a le plus frappé, c’est que l’impact de l’occupation israélienne est vraiment omniprésent, affectant pratiquement tous les aspects de la vie des gens, explique Moises Saman. Ce sont des histoires individuelles, mais leurs souffrances sont collectives et transgénérationnelles. »
Une exposition « Occupied Minds » se tiendra à Amman en Jordanie jusqu’au 31 octobre avant de voyager dans d’autres villes.
Photo de couverture : Les habitants d’Hébron sont susceptibles d’être soudainement exposés à des événements potentiellement traumatiques qui peuvent avoir des effets sur leur santé mentale. Palestine. 2018. ©Moises Saman/Magnum Photos