"La poursuite du blocus, malgré le nouveau régime d’accès, rend la situation économique dans la bande de Gaza insoutenable", indique un rapport de l’ONU publié le mois dernier. Et c’est pour attirer l’attention sur les difficultés persistantes du territoire, que les militants de la flottille internationale ont lancé leur action. Les autorités israéliennes ont pourtant allégé cet embargo en juin 2011, mais cet assouplissement a-t-il réellement amélioré la situation des Gazaouis ?
Les origines du blocus
L’embargo israélien sur la bande de Gaza a été décrété par le gouvernement israélien au cours de l’été 2006, après l’enlèvement du soldat Gilad Shalit par le mouvement islamiste Hamas. Il a été renforcé en octobre 2007, après que le Hamas a défait les forces de sécurité fidèles au président de l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas et pris le contrôle du territoire (juin 2007). Israël a alors imposé un blocus quasi total à Gaza, décrété "entité ennemie, tandis que l’Egypte fermait sa frontière et que l’Union européenne gelait son aide.
Après le tollé provoqué par l’assaut contre la flottille internationale en mai 2010 qui a fait 9 morts parmi les militants, Israël, sous pression internationale, a assoupli l’embargo sur les biens "à usage civil". Mais les matériaux de construction, susceptibles d’utilisation à des "fins militaires", sont restés sous embargo.
Allègement de la pression côté égyptien
Au sud du territoire, c’est au printemps égyptien que les Gazaouis doivent l’amélioration de leurs conditions de vie. Moubarak avait en effet renforcé le contrôle de la frontière, longue d’une vingtaine de kilomètres, officiellement pour mettre fin aux trafics qui proliféraient dans les tunnels creusés... pour contourner ce blocus justement. L’ancien Raïs a même fait construire une barrière souterraine en acier pour bloquer les tunnels. Mais après sa chute en février 2011, le nouveau gouvernement égyptien a décidé, en mai, d’ouvrir de façon permanente le point de passage de Rafah, le seul de l’enclave palestinienne qui ne soit pas contrôlé par Israël.
Là encore, il ne s’agit pas d’une ouverture complète : un maximum de 400 Palestiniens par jour est autorisé à franchir le terminal frontalier. Une association israélienne des droits de l’homme, Gisha, a d’ailleurs plaidé, le 23 juin, pour une ouverture plus large du passage routier. L’ONG expliquait que les restrictions sur les exportations de matériaux de construction pèsent sur la vie des habitants de Gaza.
L’allègement du blocus est limité, les exportations entravées
Un rapport récent de l’Agence de l’ONU pour l’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) va dans le même sens. "Malgré l’allègement du régime de sanctions, la situation économique n’est pas durable. Elle ne repose que sur une économie de la consommation et non sur une économie productive. L’allègement des sanctions a accru le nombre de biens de consommation accessibles mais n’a pas permis de contribuer à une économie plus productive", indique le rapport. En outre, le régime des exportations de biens en provenance de Gaza n’a connu aucune amélioration. Pire, l’amélioration des facilités d’entrée de produits vers le territoire, conjuguée au maintien des restrictions pour les exportations pénalise les producteurs de Gaza. Le rapport souligne que le blocus condamne près d’un habitant de Gaza sur deux au chômage et que moins de 15% des matériaux de construction nécessaires passe effectivement par les points de passage vers Gaza.
L’assouplissement a ainsi permis aux commerçants de Gaza de reconstituer leurs stocks, 85% affirmant vendre de nouveaux articles, "surtout de nouveaux types de boissons gazeuses, de produits d’hygiène, de chocolat et de chips". Mais en revanche, "l’extension prévue des points de passage commerciaux ne s’est pas produite. Au lieu de cela (le terminal de) Karni a été fermé en mars 2011 et un seul est ouvert pour l’importation et l’exportation de marchandises", déplore-t-il.
La liste des produits autorisés toujours incertaine
Par ailleurs, la liste des produits interdits par Israël annoncée il y a un an, qui autoriserait par défaut l’entrée de tous les autres, n’a toujours pas été publiée, obligeant le secteur privé à continuer à s’approvisionner en matériaux de construction via les tunnels de contrebande. Le rapport appelle Israël à publier cette liste et à faciliter les exportations, comme annoncé le 8 décembre 2010 lors d’une réunion du cabinet de sécurité puis le 4 février 2011 à l’issue d’une rencontre entre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et l’envoyé du Quartette pour le Proche-Orient (ONU, Etats-Unis, Union européenne et Russie) Tony Blair.
Le niveau de novembre à avril des exportations représente 5 % du volume antérieur au blocus et se limite à des fleurs et tomates-cerises
"Le nouveau régime ne s’est pas traduit par un assouplissement tangible des exportations", selon le rapport qui indique que leur niveau de novembre à avril représente 5% du volume antérieur au blocus et se limite à des fleurs et tomates-cerises à destination de l’Europe, Israël fermant aux produits de Gaza l’accès à leurs marchés naturels en Cisjordanie et en territoire israélien.
La bande de Gaza dépend exclusivement des liaisons routières pour son approvisionnement, le territoire ne disposant ni de port, ni d’aéroport pour l’entrée des marchandises.