Les forces israéliennes ont tué neuf Palestiniens, dont au moins cinq activistes, samedi et hier, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Lors d’une opération menée hier à Naplouse, en Cisjordanie, l’armée israélienne a encerclé une habitation et abattu deux activistes des Brigades des martyrs d’al-Aqsa.
Quelques heures plus tard, les forces israéliennes ont tué un adolescent de 17 ans à Ramallah, toujours en Cisjordanie. Un porte-parole militaire israélien a dit que les soldats avaient dû faire face à une foule de plusieurs dizaines de Palestiniens, dont certains brandissaient des bombes incendiaires ou des couteaux.
Samedi, les forces israéliennes ont tué six Palestiniens : trois activistes armés, un policier et une adolescente de 17 ans à Jénine, en Cisjordanie, ainsi qu’un civil circulant à bord d’une voiture occupée par des activistes armés du Jihad islamique, à Gaza. Le civil, âgé de 45 ans, a été tué dans un bombardement aérien dirigé, selon l’armée israélienne, contre des activistes responsables de tirs de roquettes artisanales sur la ville israélienne de Sdérot. Cette frappe aérienne israélienne est la deuxième sur la bande de Gaza depuis qu’une trêve a été conclue en novembre.
En réaction à ces opérations sanglantes, le Premier ministre palestinien issu du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a invité les pays arabes à renoncer à toute idée de négociation avec Israël. « Je leur demande de suspendre toute initiative politique qui conduirait à une normalisation avec l’occupant israélien », a dit à Reuters le chef du gouvernement d’union palestinien. M. Haniyeh a également déclaré que ces incidents « mettent au jour la duperie politique dont est victime le peuple palestinien par le biais de ces réunions politiques et de ces rencontres de dirigeants » avec des Israéliens.
Lors d’une rencontre au Caire mercredi dernier, en présence de M. Haniyeh, la Ligue arabe a formé un groupe de travail, dirigé par l’Égypte et la Jordanie, pour nouer des contacts avec Israël au sujet d’une offre de paix arabe formulée en 2002 et proposant une normalisation des relations en échange d’un retrait israélien des territoires occupés depuis 1967. [1]
En outre, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, et le président palestinien, Mahmoud Abbas, doivent se rencontrer avant la fin du mois à Jéricho (Cisjordanie), dans le cadre d’une série d’entrevues bimensuelles mises en place à la suite d’une médiation américaine.
Le Hamas a demandé à M. Abbas de renoncer à ces rencontres et de se « ranger derrière le choix du peuple et de la résistance ». « Nous appelons les Brigades Ezzeddine el-Qassam (la branche armée du Hamas) et les factions de la résistance palestinienne à l’union et à employer tous les moyens pour riposter aux massacres de l’occupation » israélienne, a ajouté, dans un communiqué, Fawzi Barhoum, le porte-parole du groupe islamiste. Le porte-parole de M. Haniyeh, Ghazi Hamad, a appelé « la communauté internationale à faire pression sur le gouvernement israélien pour qu’il cesse ses crimes contre le peuple palestinien ».
De leur côté, les Brigades des martyrs d’al-Aqsa ont promis de riposter. « Nous ne coopérerons pas avec les Israéliens et nous n’utiliserons que le langage des armes car c’est le seul qu’ils comprennent », a affirmé un responsable à Naplouse, Nasser el-Kharaz. Il a également demandé à M. Abbas « de cesser tous contacts et rencontres avec les Israéliens car cela ne nous apporte rien et donne l’illusion au monde que les Israéliens parlent de paix ».
Enfin, pour sa part, le Jihad islamique a appelé « à l’escalade de la résistance » et à ne pas respecter « les appels à une accalmie lancés ça et là ».
Le député arabe israélien Azmi Bishara, virulent critique de la politique israélienne, a présenté sa démission hier via l’ambassade d’Israël au Caire et a annoncé qu’il ne retournerait pas, pour le moment, en Israël où il est sous le coup d’une enquête policière.
« J’ai décidé de démissionner. Selon la loi, vous pouvez remettre votre démission dans une ambassade ou à la Knesset », le Parlement israélien, a déclaré M. Bishara dans une interview diffusée en direct par la chaîne satellitaire al-Jazira. « Je me suis rendu dimanche (à l’ambassade) (...) et j’ai présenté ma démission à l’ambassadeur, en présence du consul d’Israël », a déclaré M. Bishara, alors que des rumeurs sur sa démission couraient en Israël depuis début avril.
L’ambassade a confirmé cette annonce. « M. Bishara était là aujourd’hui. Il a rencontré l’ambassadeur Shalom Cohen à qui il a remis sa démission », a déclaré à l’AFP le conseiller politique et porte-parole de l’ambassade, Benny Sharoni.
M. Bishara, qui a quitté Israël en mars et n’a depuis effectué qu’un bref retour au pays, a indiqué qu’il resterait à l’étranger pour le moment. « Le problème principal est que, si je retourne au pays et que je la présente (la démission), je ne pourrai pas en sortir pendant un, deux ou trois ans, car l’enquête nécessitera du temps », a-t-il dit. « J’y retournerai à un moment, mais quand (...), et dans quelles circonstances, cela dépendra de plusieurs frères dans le monde arabe », a-t-il dit sans plus de précisions.
« L’exil n’est pas une option, le retour est certain », a-t-il poursuivi. Il a refusé de préciser le pays où il comptait s’établir en attendant. « Je vais voir quel est le meilleur endroit pour moi (...) pour pouvoir contribuer à l’action démocratique et nationale arabe », a-t-il dit.
Azmi Bishara, chef du Rassemblement national démocratique (trois députés à la Knesset), est sous le coup d’une enquête de police dont aucun détail n’a filtré en raison de la censure imposée aux médias par la justice. Certains médias israéliens ont toutefois laissé entendre qu’il pourrait notamment être accusé de trahison ou de corruption à la suite d’un récent voyage à Damas. Ces chefs d’inculpation, s’ils se vérifient, sont passibles de lourdes peines de prison.