Il a même laissé entrevoir que cet événement historique se réalisera avant la fin de son deuxième mandat, en janvier 2009. Faute de tout autre engagement à l’égard du peuple palestinien de la part de l’hôte américain, le président Mahmoud Abbas s’est raccroché à cette espérance formulée par Bush, comme le noyé à une branche morte.
Polis, les dirigeants israéliens ont laissé le président américain délivrer son message rassurant à Mahmoud Abbas et aux Palestiniens.
Pour autant, aucun d’entre eux ne croit et n’envisage qu’un accord avec les Palestiniens soit possible et surtout pas dans le délai avancé par Bush. A supposer même que ce dernier a exercé une quelconque pression sur Ehud Olmert et son cabinet pour les inciter à négocier sérieusement avec les Palestiniens les conditions de la création d’un Etat palestinien indépendant, les dirigeants de l’Etat hébreu sont déterminés non à rompre le semblant de processus de négociation entamé avec l’Autorité palestinienne, mais à l’enliser en combinant pour ce faire exigences et intransigeances dans les pourparlers.
Il ne faut pas s’illusionner : Ehud Olmert et son équipe ne sont dans un semblant de logique de paix et de dialogue avec Abbas et le peuple palestinien que pour donner le change à l’opinion internationale qui a exprimé son soutien à l’initiative du président américain de relancer le dialogue israélo-palestinien. Ils ont accepté le principe de la conférence d’Annapolis pour ne pas heurter le président américain, qui a tant oeuvré pour les intérêts d’Israël pendant ses deux mandats. Mais surtout après avoir reçu de celui-ci l’assurance que l’Etat hébreu ne sera soumis à aucun engagement ou exigence l’obligeant à réviser sa stratégie à l’égard des Palestiniens.
En donnant l’apparence qu’il adhère au principe exprimé par George W. Bush de la création prochaine d’un Etat palestinien, le gouvernement israélien lui a renvoyé en somme, et à peu de frais, l’ascenseur pour service rendu à l’Etat israélien.
Mais si le président américain (et derrière lui le malheureux Mahmoud Abbas) pense que, par reconnaissance à son égard, les dirigeants israéliens iront jusqu’à exaucer son souhait exprimé à Ramallah, il ferait preuve « d’une naïveté » insondable. Le locataire de la Maison-Blanche n’est tout de même pas ignorant de la piètre considération dans laquelle il est tenu à Tel-Aviv depuis que le rapport établi par les agences américaines de renseignement sur le dossier iranien, l’a obligé à rabaisser de son intransigeance belliqueuse à l’égard du régime de Téhéran.
A Tel-Aviv, où le pragmatisme est vertu cardinale, la page Bush est pratiquement tournée, comme l’a cyniquement dévoilé un responsable israélien, qui a assuré « que la tendance est désormais d’attendre les élections américaines pour voir dans quel sens le vent va tourner. Bref, il serait de plus en plus hasardeux de miser sur un George W. Bush en fin de course ».
Il n’y a, hélas, que Mahmoud Abbas pour faire fond sur la volonté du presque déjà ex-président américain d’aider les Palestiniens à avoir un Etat national.