On est très loin de l’époque ou ils avaient la réputation parfois justifiée d ailleurs, de constituer un contre pouvoir dans ce pays, comme à l époque de la première intifada. Les premiers commentaires politiques et de la presse ont d’abord porte sur la nature du conflit le définissant clairement comme un conflit de civilisation, une guerre contre la Terreur ( ici c’est le mot qui est utilise pour dire terrorisme, et c’est bien plus fort, on est tétanisé par ce ’Terror’ prononce sur tous les tons de préférence en hurlant. Des phrases criées plus que proférées par des politiques et des journalistes telles : ’c’ est un probleme de culture , pour nous un seul homme est très important, pour eux, regardez même lors de la guerre du Liban tous ces villageois et citadins déplacés des centaines ou des milliers de personnes, ils n’en n’ont rien a faire’. ’Nous devons leur apprendre le prix de la vie d un seul de nos soldats, ils doivent payer très cher ce type d action, et pas seulement le hezbollah, mais tout le Liban, le gouvernement libanais doit être obligé par notre réaction a se débarrasser du hezbollah.’
Une commentatrice de radio après des rockets sur Haïfa : ’mais rassurez vous, vous allez voir ce qui va leur arriver, maintenant, nos avions sont entrain de monter vers le Liban’.
Nombreuses émissions radio, ou les gens appellent exprimer leurs sentiments, ceux du nord touche par les rocket en priorité : ’Il faut effacer le sud Liban, et Beyrouth et tout le Liban...’ Ou alors :’ C’est la Syrie, rien que la Syrie, c est la bas qu’ est la bêtes il faut la traquer là bas.’
Nous essayons avec mes amis Israéliens et Palestiniens de transposer ces discours a Gaza et sur Israël pour voir s’ils seraient audibles dans la presse internationale. Non, dans ce sens ça marche pas...
Les valeureux :
Bref tout le joli vocabulaire de guerre, et dans cette atmosphère, la manif de Tel Aviv, en pleine ’guerre de défense’ est assez héroïque je dois dire. Quelques centaines (500 chiffre a rapporter toujours a une population de 6 a 7 millions d habitants si l on veut un ordre d idée sérieux) des militants très déterminés, défilent parfois sous les encouragements, parfois sous les insultes ( vous êtes tous des travelos... de certains balcons on arrose les manifestants) en scandant : ’les enfants de Beyrouth et ceux des banlieues (de Haifa) veulent vivre’...non a la guerre oui a la paix, retour immédiat aux négociations... Dans un pays travaille depuis toujours par un discours global de propagande de l école maternelle à l’université, et qui s imagine en grand danger, en temps de guerre, ces quelques milliers de militants sont vraiment des valeureux, c’est a souligner, parce que la pression médiatique et du consensus national est ici particulièrement forte.
Quand la manif se termine, Anna une militante de Haïfa se met a hurler, ’pourquoi vous arrétez vous, continuez, il n’y a rien derriere vous, vos maisons n existent plus, continuez à marcher a hurler, que cela cesse immédiatement.’ Frustration évidente pour beaucoup, trop Peu d arrestations, pour espérer un écho dans la presse, d autant que la télévision présente a clairement indique qu elle ne filmerait pas pour ’respecter le consensus’ du pays. J ai plutot l impression qu ils le fabriquent.
Une nuit passée a écouter les chaines arabes chez une copine palestinienne, avec sa traduction achevée de me convaincre qu il y a deux types d informations aujourd’hui tout a fait hermétiquement séparées, les medias arabes pour les arabes et les medias ’occidentaux’ pour les autres. Voir et comprendre ce qui se passe au Liban me parait bien plus détaillé et clair sur les chaines arabes.
Ces derniers jours, les femmes ont commence a organiser des groupes de travail sur les media, a Haifa d abord, puis Jérusalem et un troisième groupe s organise dans le sud : s adresser aux media ici et a l’étranger, expliquer sans répit combien cette guerre est folle, comment le Liban est écrasé sous les bombes, combien la sécurité des citoyens israeliens est de plus en plus menacée, (nord, sud, ce matin centre...) et l urgence d arrêter cette opération criminelle et sans fondement et de retourner aux négociations. Et c’est payant ; deux pleines pages dans Yediyot aharonot sur la manif.
Anna qui a commencé a s’exprimer sur des radios a déclenché des avalanches de malédictions et de menaces, sur les ondes, mais le journaliste l’a ensuite rappelée pour lui dire qu ils avaient reçu des centaines d appel de soutien a ses positions. Ceux la n ont pas eté entendus. Ce matin elle a parle sur la chaine 10 de television, la plus a gauche, et la ce sont les menaces de mort.
Pourtant sur la chaine dix on entend des voix divergentes des gens appellent pour dire qu il n y a aucune politique derriere cette opération, qu elle met en danger le pays sans rien résoudre quant a la sécurité, au contraire. Une copine vient de m appeler de son taxi, emue et ravie, le chauffeur un vieux marocain a qui elle osait a peine parler a fini par lui dire : ’Ca fait deux fois qu on leur prend leur terre a ces gens, ça va s arreter quand ?’
Les operations aeriennes :
Je viens d entendre sur la première chaine un pilote de F16 ( filme de dos) expliquer qu il y avait une centaine d avions dans le ciel libanais, ’un vrai embouteillage’ disait-il. A la question : ’est ce que l’opération aerienne est destinée a faire l économie d une intervention terrestre’, il a répondu : ’certainement a la reduire au maximum, mais elle risque d etre inevitable’. De meme il a demande du temps pour pouvoir achever l operation avec succes, ce que l on entend de plus en plus des officiels israeliens, deux semaines, peut etre plus. Il faudra tenir disent ils, on a vu pire. Pas sur, en tout cas pas pour la population des villes du nord, j étais ici pendant la guerre de kippour, je n’en garde pas un souvenir de bombardements sur Haifa ou je vivais a cette époque, je me souviens des alertes, mais pas de bombes sur la ville. En ce moment, des dizaines de rockets tombent chaque jour, et même ce matin sans sirenes, ( les sirenes se déclenchent sur le nord chaque fois qu un rocket passe la frontiere) . les gens vivent tres mal cette tension, enfermes dans les abris, a Naharia, Sfat, Akko, dans les moshav et les kibbouts du nord, a Tibériade.
La guerre de kippour a été tres dure évidemment, mais sur les frontières, pas en basse galilée, et si les pertes militaires ont été lourdes, il n’y avait pas de victimes civiles, ni cette sensation d être expose au cœur des villes. La capacite d atteindre a répétition la 3e ville du pays ne peut pas ne pas impressionner les Israeliens Quand le bruit a couru qu un F 16 était tombe, la journaliste a presque naivement questionne : mais ils ont la capacité de faire ca ?
Lors d’un autre entretien ou un auditeur posait la question des civils touches au Liban, la reponse est ’bien sur nous evitons les cibles civiles, nous prevenons meme les civils quand nous allons bombarder, mais il faut comprendre que le Hezbollah cache ses armes et ses soldats au cœur des zones civiles alors oui on tire on pleure’...
Je realise alors combien de bases militaires je connais au cœur des villes israeliennes, et j’ imagine le Hezbollah reprendre ce raisonnement... avec l’accord international bien sur.
Les ’arabes’ d’ israel :
Interview televise du responsable de la police du secteur nord du pays, sur les dents en ce moment avec tous les événements concentres la bas. On lui demande : ’pensez-vous que les arabes israéliens sont capables de causer des ennuis ?’ Il répond bonhomme : ’mais non, ils savent qu ils n ont pas interet a cela, et puis il y a aussi des villages arabes du nord qui ont recu des rockets, au moins la dessus nous sommes tous égaux.’
On tire on parle :
Désolée si je suis décousue, mais la situation morale semble évoluer d heure en heure, et apres les discours d’ Olmert et de Livni on entend de plus en plus sur les ondes une inquietude grandissante sur le prix demandé a la population ici et l impression que le Hezbollah ne recule pas, donc que l opération militaire ne semble pas atteindre ses buts.
Les réponses gouvernementales se résument a on a besoin de temps, mais l option des négociations doit rencontrer l option militaire, non pas la relayer mais la scander, la phrase ’on tire on parle’ revient chez les commentateurs. Une certitude affichée par les politiques : le soutien large de la communauté internationale est un atout majeur.
C’est une phrase martelée sur toutes les ondes. Nous avons les mains libres et le soutien international. On est même ’ému’ par l’identification internationale, en comparaison des attitudes de l’Europe par le passe.
Demain soir réunion de la coalition pour organiser la manifestation de samedi. J’y serai. J’ai trop besoin de rencontrer et d être avec des gens dont le cœur est au Liban et a Gaza aussi.