Et en Israël comme dans les territoires, l’on est pessimiste : plutôt qu’un déblocage diplomatique, c’est un retour à la violence qui se profile à l’horizon.
Car même devant la presse, vendredi, les deux leaders n’ont pas caché qu’ils auront fort à faire pour dissiper la crise entre eux. Crise déclenchée par le discours de Barack Obama jeudi.
Face à la colère du Premier ministre israélien, en effet, le président américain maintient son crédo, selon lequel l’accord de paix israélo-palestinien doit ramener Israël à la frontière d’avant juin ‘67, avec un "retrait complet" de l’armée israélienne. Certes, M. Obama évoque "des échanges de territoires mutuellement agréés" et des garanties de sécurité pour Israël, dont la démilitarisation de l’Etat palestinien.
Mais le retour à 1967 implique l’abandon par Israël non seulement de la plupart de ses colonies en Cisjordanie, mais aussi de Jérusalem-Est et de la vallée du Jourdain sur la frontière orientale de la Cisjordanie. Perspectives irrecevables pour M. Netanyahou.
Jusque jeudi, le retour obligé à la frontière de 1967 était surtout une revendication palestinienne, soutenue par les Américains. Washington en a fait à présent sa propre exigence officielle.
Notons que le gouvernement centriste d’Ehoud Olmert l’avait implicitement endossée, lui aussi, puisqu’il négociait déjà sur cette base en 2008 avec le raïs Mahmoud Abbas.
Mais Benjamin Netanyahou voit rouge. Pour lui, les frontières de 1967 sont "indéfendables" et laissent trop de colons juifs hors d’Israël. Il n’a cependant pas obtenu de Barack Obama, vendredi, que celui-ci corrige le tir et réendosse la promesse faite en 2004 par le président George W. Bush de ne pas repousser Israël aux frontières de 1967 et de lui permettre au contraire d’annexer ses grands blocs de colonies juives.
M. Netanyahou adresse encore d’autres reproches à M. Obama. Bien que M. Obama parle bel et bien d’Israël en termes d’Etat juif, il n’exige pas explicitement des Palestiniens qu’ils en fassent autant. Par ailleurs, il ne disqualifie pas d’office la nouvelle alliance entre Mahmoud Abbas et le Hamas. Il souligne qu’elle "pose question", mais n’en appelle pas moins Israël à reprendre immédiatement les négociations avec les Palestiniens. Seul point positif : M. Obama promet de combattre le projet unilatéral qu’ont les Palestiniens de faire reconnaître leur indépendance par les Nations unies en septembre prochain.
En tout cas, le bras de fer entre les deux hommes n’est pas fini. M. Obama défendra ses positions dimanche devant le lobby juif américain. M. Netanyahou défendra les siennes mardi devant le Congrès américain, où la majorité républicaine lui est acquise. Selon la presse américaine, M. Obama "doute que M. Netanyahou fasse jamais les concessions nécessaires pour un accord de paix". M. Netanyahou, de son côté, estime que M. Obama est "coupé de la réalité moyen-orientale". [1]