Selon des sources sécuritaires palestiniennes, l’armée de l’occupation a envahi la ville avant l’aube, appuyée cette fois par environ 120 jeeps et blindés accompagnés par des bulldozers, et pénétré dans le centre, dans la vieille ville. [1]
Un faux retrait
L’armée israélienne s’était retirée de Naplouse après avoir occupé la ville pendant 48 heures, ce qui a fait un tué et des dizaines de blessés palestiniens, en plus des arrestations massives et des dommages infligés aux maisons, aux magasins et aux bâtiments officiels.
Des sources de sécurité palestiniennes avaient exprimé mardi leur scepticisme sur le retrait de l’armée israélienne de Naplouse qui, selon elles, aurait été une action "tactique" car Israël n’avait pas annoncé la fin de ses opérations dans la ville cisjordanienne, opérations qui ont débuté dimanche 25 février.
Selon le journal israélien Jérusalem Post publié mardi, l’armée israélienne a commencé lundi soir son retrait de Naplouse après deux jours d’opérations visant à frapper les activistes palestiniens. Il s’agit de la plus grande opération du genre en Cisjordanie depuis le début de l’année.
Un civil palestinien Anan al-Teibi, 41 ans a été tué lundi après avoir été pris durant le couvre-feu imposé par l’armée israélienne et une dizaine de personnes y ont été blessées.
Selon des témoins, les forces israéliennes d’occupation ont tiré dans le cou et assassiné Anan al-Teibi, 41 ans, et blessé gravement au coude son fils Ashraf, 24 ans alors qu’ils étaient tous les deux sur le toit de leur maison.
Lorsque l’Union des Comités Palestiniens de Secours Médical (Union of Palestinian Medical Relief Committees - UPMRC/PMRS) a essayé d’évacuer Ashraf, ils l’ont trouvé en état de choc et ont essayé de l’aider à descendre les escaliers. Ils ont été bloqués par les soldats, qui ont battu un bénévole de l’UPMRC. Le bénévole a été détenu avec un médecin. Le médecin a été relâché mais le bénévole de l’UPMRC reste en détention.
Des militants internationaux ont accompagné les bénévoles UPMRC pour qu’ils aillent chercher de la nourriture et des médicaments pour les familles, bien que les forces d’occupation tentent souvent de les en empêcher. Selon l’UPMRC, depuis le début de l’invasion, ils n’ont pas pu procurer de l’insuline à 8 personnes qui en avaient besoin.
Selon la même source , Ghareb Abdel Ghani Selhab est dans un état critique à l’Hôpital Watani après que sa maison a été infestée par les gaz lacrymogènes. Cet homme asthmatique de 74 ans a eu une attaque sérieuse et, selon les témoins, les soldats ont empêché l’ambulance de l’atteindre pendant deux heures.
Par ailleurs, durant l’opération, l’armée israélienne a arrêté une trentaine de Palestiniens, les accusant d’avoir été impliqués dans des attaques contre Israël, ce qu’ont rejeté les sources de sécurité palestiniennes.
Environ 25 maisons sont toujours occupées dans le centre de Naplouse. Dans une maison de quatre étages appartenant à la famille Dilal, 20 personnes, dont 8 bébés et une femme enceinte ont été enfermés dans une pièce, pendant que les autres étages étaient utilisés comme prison, pour les besoins des services secrets et les interrogatoires.
Cependant, les universités et les écoles de la ville ont fermé ce matin à cause de la continuation des opérations militaires et la diffusion des programmes de plusieurs stations TV et radio a été également arrêtée par les forces de l’occupation.
Des sources locales ont par ailleurs confirmé que les forces israéliennes s’étaient emparées de l’école Jamal Abdul Nasser pour la convertir en centre d’interrogation.
Des mesures agressives contre les civils
Les sources palestiniennes de sécurité ont signalé que les forces israéliennes avaient arrêté les parents de beaucoup de ceux qu’elles ont appelé des Palestiniens " recherchés " afin de faire pression pour qu’ils se rendent. Parmi ceux arrêtées étaient la mère d’Amin Labbada, qui " est prétendument recherché " par les autorités israéliennes ; des membres de famille de Sufian Qanadilo et des autres Palestinien " recherchés " ; et des membres de la famille de Mahdi Abu Ghazala.
Selon l’agence de Ma’an, les témoins oculaires ont dit que les forces israéliennes ont forcé beaucoup de familles palestiniennes dans le quartier d’Aqaba à Naplouse à évacuer leurs maisons avant de les occuper.
Ces bâtiments résidentiels ont été alors transformés en postes militaires israéliens. Les témoins oculaires ont dit que les forces israéliennes avaient transformé deux écoles dans la ville en bases militaires où elles interrogent des Palestiniens. Une des écoles, l’école de Masri d’Al de Thafir, est située dans la vieille ville, et l’autre école,Al Fatimiyah, au centre de la ville.
Les journalistes rencontrent des difficultés
Les journalistes ont signalé les difficultés à exercer leur métier sur le terrain.
Tareq Abu Kishek décrit les obstacles liés à la diffusion des nouvelles : " L’armée israélienne lance des bombes assourdissantes lorsque nous tentons d’émettre depuis nos stations ! " Jamal Tirawi, député au Conseil législatif palestinien, a confirmé que les forces israéliennes brouillaient les ondes radio.
Les Israéliens ont procédé à l’arrestation de Palestiniens, dont le Sheikh Nabegh Nafez Braik, 43 ans, propriétaire et directeur de la chaîne de télévision " Sanabel TV ".
Le matériel informatique, les caméras et les cassettes de la chaîne ont été confisqués. Plusieurs autres stations de télévisions et de radios ont également été la cible de l’armée depuis le début de l’invasion.
L’ancien gouverneur du gouvernorat de Naplouse
Mahmoud al-Aloul, un député du Fatah au Conseil Législatif Palestinien (CLP), et ancien gouverneur du district de Naplouse, a affirmé hier que l’incursion militaire israélienne dans Naplouse a détruit la ville mais n’a pas pu atteindre ses objectifs malgré un meurtre et des destructions.
Lors d’une conférence de presse tenue au Grand Hôtel du Parc à Ramallah, Al-Aloul a déclaré que l’opération dans Naplouse avait aussi un but politique précis pour détourner l’attention de l’accord de La Mecque et pour faire avorter les efforts palestiniens en vue de former un gouvernement d’unité.
Un but additionnel, toujours selon Al-Aloul, était de faire écran aux difficultés internes du Premier ministre israélien Olmert et de remonter le moral des soldats, qui reste très affectés à la suite de la guerre contre le Liban l’été passé et l’échec israélien face à la résistance libanaise.
Selon Al-Aloul, le premier objectif israélien d’arrêter des combattants de la résistance a échoué vu qu’aucune des huit personnes recherchées n’a été arrêtée. Par contre, plus de 200 habitants de la ville ont été arrêtés dans la rafle et détenus dans des écoles et des maisons transformées en casernes et centres militaires de détention. L’armée israélienne a détruit une bijouterie et des fabriques de friandises plutôt que des usines d’explosifs, comme les israéliens l’ont prétendu.
Al-Aloul a demandé que l’on se prépare le mieux possible dans l’éventualité d’une autre opération militaire israélienne en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza.
De sa part, Dr. Ghassan Hamdan, directeur de l’Union des comités de l’assistance médicale palestinienne, a rapporté que les forces israéliennes avaient imposé un blocus sévère dans la ville, surveillant de très près l’apport de médicaments et de nourriture aux résidents. [2]
L’armée tire sur "tout ce qui bouge", a déclaré le responsable de l’instruction de la ville, ce qui a entraîné la fermeture des universités et des écoles depuis dimanche matin.