Abu Samir, un employé du gouvernement palestinien âgé d’une cinquantaine d’années, tournait autour des stands de fruits et légumes dans la ville de Bethléem en Cisjordanie lundi, réfléchissant à deux fois avant de les approcher. "Je compte combien de shekels j’ai dans ma poche avant de m’approcher d’un étal", a-t-il dit.
Il a finalement acheté des concombres et des tomates pour lesquels il a décidé de sortir l’argent, même si leur prix avait augmenté. "Je ne pouvais pas m’approcher des fruits. Je n’ai tout simplement pas d’argent", a-t-il déploré.
Et Abu Samir n’est pas seul. Des milliers de Palestiniens ont manifesté cette semaine dans plusieurs villes de Cisjordanie pour protester contre l’augmentation du prix des produits de base. Mardi, une autre manifestation est prévue à Bethléem, qui devrait attirer des milliers de personnes appelant l’Autorité palestinienne à Ramallah à intervenir pour faire baisser les prix.
Le prix des fruits et légumes a récemment grimpé en flèche. Par exemple, une caisse d’aubergines qui se vendait à environ 30 shekels est maintenant vendue 130 shekels. Le coût d’une caisse de courgettes est passé de 40 shekels à 140 et les fèves vertes sont passées de 15 shekels le kilo à 100 shekels.
En conséquence, de nombreux Palestiniens qui avaient l’habitude d’acheter des légumes à la caisse ont été contraints de les acheter en plus petites quantités. Ces dernières semaines, le prix du lait, des boissons gazeuses, de l’essence et de l’électricité a également considérablement augmenté. Cela affecte presque chaque famille palestinienne puisque le salaire moyen des Palestiniens de Cisjordanie est estimé à 1 800 à 2 000 shekels par mois.
Des sources de l’Autorité palestinienne ont attribué ces augmentations à la hausse des prix en Israël et ont déclaré que le gouvernement palestinien n’était pas en mesure de subventionner les prix en raison de sa propre crise financière. "Les augmentations sont liées au marché des importations et aux accords commerciaux, y compris ceux conclus avec Israël", a déclaré une source.
Un haut responsable du gouvernement palestinien a attribué la crise financière de l’Autorité palestinienne aux retards dans le transfert de l’aide financière qui devait arriver d’Europe et au paiement partiel par Israël des recettes fiscales qu’il perçoit au nom de l’Autorité palestinienne. Cette situation a entraîné des réductions de salaire pour les fonctionnaires du gouvernement, qui n’ont pas reçu leur salaire complet depuis plusieurs années, a déclaré la source.
Mais ces explications ne satisfont pas le Palestinien moyen dans la rue. Des milliers de personnes ont protesté contre la hausse des prix sous le slogan "Nous voulons vivre" lors d’une manifestation lundi dans le centre d’Hébron, qui est considéré comme le centre commercial de la Cisjordanie.
L’un des organisateurs de la manifestation, Mohammed Abu Srur, a déclaré à Haaretz que l’appel à descendre dans la rue venait de la base. "Bethléem a été paralysée pendant près de deux ans en raison du coronavirus et de ses implications sur le tourisme, et maintenant nous devons faire face à une vague d’augmentation des prix comme celle-ci", a-t-il déclaré.
"Ils nous disent que c’est le cas partout dans le monde, mais nous ne sommes pas comme le reste du monde. Nous vivons sous occupation et sous un grand nombre de limitations. D’une part, il n’y a pas de moyens de subsistance ou de revenus et d’autre part, il y a des augmentations de prix de plusieurs dizaines de pour cent."
Afin de répondre aux demandes des manifestants, le ministère palestinien de l’économie a annoncé qu’il avait contacté les laiteries et les producteurs de produits laitiers pour leur demander d’absorber l’augmentation du coût des matières premières afin d’éviter une hausse des prix, au moins jusqu’à la fin du mois sacré musulman du Ramadan, qui commence début avril.
Mais cela n’a pas convaincu de nombreux Palestiniens, qui ont l’intention de continuer à manifester. Comme l’a dit un habitant d’Hébron, "La situation ne fait que se détériorer, et le gouvernement a du mal à apporter des réponses."
Traduction : AFPS