Notre délégation européenne de solidarité avait pour objectifs de dire notre refus de la guerre, de comprendre et de témoigner. [1]
Nous avons entendu et vu des gens, des politiques, qui veulent vivre en paix, qui souhaitent que toute la région connaisse enfin la sécurité.
Tous nous ont dit leur totale incompréhension du traitement inégal de l’information en leur défaveur.
Tous s’indignent de ce que les provocations qu’ils subissent quasi quotidiennement, depuis ces quatre dernières années, aient pu être banalisées, sinon ignorées.
Depuis des années, une partie de leur territoire est occupée. Leurs espaces aérien et maritime sont régulièrement violés par des avions et des navires militaires. Plusieurs semaines avant la capture de deux soldats israéliens par le Hezbollah, des civils libanais avaient été enlevés ou tués.
Nous avons entendu des témoignages terrifiants sur des exactions faisant dramatiquement écho au crime de Cana.
Nous avons été surpris de l’unité nationale face à l’agression israélienne. Tous insistent pour dire les leçons tirées des années de guerre civile, qu’il n’est plus question de se faire manipuler, d’y replonger. D’autant que l’Irak n’est pas loin.
Nul n’a le droit de parler de souveraineté du Liban à leur place. Ils n’acceptent pas ces discours et propositions qui, au nom de la souveraineté du Liban, la bafouent.
Nous avons rencontré des dirigeants d’organisations de la résistance. Évidemment le Hezbollah, qui en est la principale composante, mais aussi le Parti communiste libanais qui est, chose méconnue, lui aussi engagé dans la résistance armée.
Tous nous ont dit que le rôle de cette résistance s’arrêterait dès que le territoire libanais serait libéré. Tous ont dit que tous les peuples de la région ont droit à la sécurité.
Nous devons « être des peuples partenaires, souverains, pour que notre région ne soit plus l’objet de visées géopolitiques et géo-économiques mondiales, américaines, qui nous dépassent, nous manipulent et nous divisent, nous jettent les uns contre les autres au nom dscandaleuse et totalement fausse théorie du " choc des civilisations ", d’une inadmissible visée de réorganisation du Moyen-Orient », disait le secrétaire du Parti communiste libanais.
Voici quatre jours que nous sommes rentrés et mes angoisses sont toujours avec ce peuple qui s’imaginait enfin sorti des conséquences des années de guerre civile, qui pensait connaître enfin une saison touristique normale.
Là-bas, où des Libanais m’ont dit leurs voeux de paix pour les Palestiniens, pour les Israéliens, pour toux ceux et celles qui, aujourd’hui, connaissent la guerre et la peur.