Photo : Le parlement israélien adopte une résolution contre un État palestinien, 18 juillet 2024 © Quds News Network
Le cabinet de sécurité israélien s’est réuni dimanche soir pour la deuxième fois en moins d’une semaine, mais une fois de plus, le plan partiel d’accord sur les otages accepté par le Hamas ne figurait pas à l’ordre du jour.
Les ministres ont plutôt été convoqués pour discuter des préparatifs de l’armée israélienne en vue d’une opération visant à prendre le contrôle de la ville de Gaza et de la réponse d’Israël à l’intention de plusieurs pays de reconnaître un État palestinien en septembre prochain. Les ministres ont prévu de faire pression en faveur de l’annexion de la Cisjordanie, de sanctions contre l’Autorité palestinienne et de l’évacuation de Khan al-Ahmar comme réponses possibles.
Le chef d’état-major de l’armée israélienne, Eyal Zamir, a exprimé son soutien à la poursuite des négociations en vue d’un accord sur les otages lors de la réunion du cabinet de sécurité. Cependant, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a rejeté cette idée, affirmant que le cadre accepté par le Hamas n’était pas pertinent et n’était pas à l’ordre du jour, selon des sources du cabinet.
Les sources ont indiqué que les six heures de discussion ont été presque entièrement consacrées à une éventuelle incursion terrestre dans la bande de Gaza et à la présentation des plans opérationnels de l’armée. Selon ces sources, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a proposé de procéder à un vote sur le cadre de l’accord partiel de libération des otages afin de le rejeter officiellement, ce à quoi M. Netanyahu a répondu que cela n’était pas nécessaire.
Netanyahu a plutôt insisté lors de la réunion sur le fait que la priorité immédiate était l’opération visant à prendre le contrôle de la ville de Gaza. « Le cabinet de sécurité a pris la décision suivante : vaincre le Hamas et libérer tous nos otages grâce à un effort majeur, et l’armée israélienne a déjà commencé à mettre en œuvre cette décision », a-t-il déclaré lors de la réunion, qui s’est tenue dans une salle sécurisée en raison des craintes de représailles des Houthis suite à l’assassinat, la semaine dernière, de leurs hauts responsables au Yémen.
Le Forum des familles des otages et des disparus a répondu dans un communiqué que « Netanyahu sacrifie les otages et les soldats sur l’autel de sa survie politique, alors qu’une proposition concrète, approuvée par le Hamas, est sur la table et pourrait servir de base à un accord qui permettrait de ramener le dernier otage et de mettre fin à la guerre ».
Le Forum a ajouté que les otages « pourraient être... avec leurs familles, ou retourner dans leur patrie pour y être enterrés dignement, si Netanyahu ne s’occupait pas de saboter systématiquement et délibérément tous les accords sur la table ».
Cependant, malgré cette position publique ferme, un haut responsable israélien a déclaré dimanche que les pourparlers se poursuivaient activement en coulisses. Trois événements survenus ce jour-là ont donné un aperçu inhabituel des efforts déployés pour faire avancer un cadre permettant le retour des otages et la fin de la guerre.
Le premier événement a été la déclaration du chef d’état-major de l’armée israélienne lors d’une évaluation de la situation au commandement nord, qui comprenait une menace explicite contre la vie des hauts responsables du Hamas à l’étranger, une déclaration visant à faire pression sur l’organisation pour qu’elle fasse des compromis et permette la conclusion d’un nouvel accord. « La plupart des dirigeants du Hamas restants se trouvent à l’étranger. Nous les atteindrons aussi », a déclaré Eyal Zamir. Selon une source, cette déclaration fait « partie des outils utilisés par Israël » pour parvenir à un accord.
Le deuxième événement a été la fuite hier dans le Washington Post d’un document de 38 pages présentant un plan de reconstruction de Gaza, soumis à l’administration américaine, qui transformerait l’enclave en un territoire géré par un fonds sous contrôle américain pendant une décennie.
Le troisième événement a été l’article publié dimanche dans le quotidien israélien Yedioth Ahronoth, selon lequel le président Isaac Herzog envisagerait de limiter la peine du meurtrier condamné Ami Popper afin d’« adoucir l’opposition massive » de la droite à la libération de prisonniers palestiniens « de poids » détenus pour des raisons de sécurité. Selon des sources politiques, la prochaine étape de l’accord nécessitera la libération de prisonniers palestiniens, une mesure qui sera difficile à accepter pour une grande partie de l’opinion publique israélienne, et des mesures telles que la limitation de la peine de Popper pourraient contribuer à faciliter son acceptation.
La décision de Netanyahu de ne pas rejeter officiellement le plan d’accord partiel, que Israël avait soutenu jusqu’au mois dernier, s’inscrit également dans le cadre d’un effort visant à donner aux dirigeants politiques une marge de manœuvre dans les négociations.
D’autre part, des sources politiques ont estimé que l’assassinat du porte-parole du Hamas, Abu Obeida, n’aurait que peu d’impact sur l’assouplissement des positions du groupe dans les négociations avec Israël. En effet, l’élimination de personnalités de premier plan, notamment les frères Sinwar, n’a pas entraîné de changement substantiel dans la position initiale de l’organisation dans les négociations.
« Les négociations sont en cours, il y a beaucoup de mouvement », a déclaré à Haaretz une source proche des pourparlers actuels, tout en admettant qu’il était difficile de savoir si le processus aboutirait à un accord avant le début de l’opération militaire à Gaza.
Alors que le cabinet a refusé de voter sur le cadre de l’accord sur les otages conclu par le Hamas, des lycéens ont verrouillé les portes de 17 écoles dans les villes du centre d’Israël, Tel Aviv, Ramat Gan, Givatayim et Bat Yam, dans la nuit de dimanche à lundi, pour protester contre l’incapacité persistante à ramener les otages chez eux.
« 47 otages et un toujours détenu à Gaza – nous n’apprendrons pas à vivre avec cela », ont écrit les manifestants sur des pancartes accrochées au-dessus des portes des écoles, qui doivent rouvrir lundi après les vacances d’été.
Les élèves d’environ 70 lycées à travers le pays ont annoncé qu’ils feraient grève lundi, exigeant que le gouvernement « respecte son contrat moral et éthique avec ses citoyens, fasse avancer un accord pour le retour de tous les otages et mette fin à la guerre ».
Traduction : AFPS