Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé les Européens, réunis lundi soir à Paris avec le secrétaire d’Etat américain John Kerry, de faire cause commune avec les Palestiniens qui veulent poser un ultimatum à l’ONU.
« J’apprécie beaucoup les efforts du secrétaire d’Etat pour empêcher toute détérioration dans la région », a affirmé M. Netanyahu dans un communiqué.
Mais, a-t-il ajouté, « les tentatives des Palestiniens et de plusieurs pays européens d’imposer des conditions à Israël ne conduiront qu’à une détérioration de la situation régionale et mettront Israël en danger ».
M. Netanyahu s’était entretenu dans la journée à Rome, pendant près de trois heures, avec M. Kerry. Ce dernier a retrouvé dans la soirée à l’aéroport parisien d’Orly ses homologues français Laurent Fabius, britannique Philip Hammond et allemand Frank-Walter Steinmeier.
« Nous avons dit clairement au cours de ces discussions avec nos interlocuteurs qu’il y a certaines choses que nous ne pourrons jamais défendre », a déclaré un responsable du département d’Etat à l’issue de la réunion, laissant entendre que les Etats-Unis ne sont pas prêts à accéder aux demandes palestiniennes.
Les Palestiniens ont annoncé leur intention de déposer dès mercredi, via la Jordanie, un projet de résolution devant les Nations unies réclamant la fin de l’occupation israélienne dans un délai de deux ans.
La France a lancé depuis plusieurs semaines des consultations avec Londres et Berlin, puis avec Washington et Amman, pour mettre au point un texte de consensus différent de celui des Palestiniens, et qui obtiendrait le soutien des 15 membres du Conseil de sécurité.
Paris recherche une « solution de rassemblement » dans la course diplomatique engagée à l’Onu autour du conflit israélo-palestinien, a déclaré à l’AFP M. Fabius, juste avant de rencontrer ses homologues.
« Si les Palestiniens déposent (devant l’Onu) le texte qu’ils ont entre les mains, les Américains ont déjà annoncé qu’ils opposeraient leur veto. Et donc d’une part cette résolution ne pourra pas être acceptée, d’autre part il y aura vraisemblablement des mesures de réaction du côté palestinien. Nous ce que nous voulons, c’est qu’on trouve une solution de rassemblement », a-t-il expliqué.
La proposition française appellerait à la reprise rapide des négociations israélo-palestiniennes, gelées depuis le printemps, sur la base d’une série de grands principes comme la coexistence pacifique d’Israël et d’un Etat palestinien, mais sans fixer de délai pour le retrait des territoires occupés.
Veto inévitable
Les Américains se sont montrés jusqu’à présent plutôt circonspects face à cette initiative française.
Paris essaie de rallier les Palestiniens à un compromis, mais ceux-ci semblent partagés entre ceux qui veulent aller vite, quitte à essuyer un veto américain, et d’autres qui se veulent plus constructifs.
Un veto américain sur le projet défendu par les Palestiniens semble en effet inévitable dans la mesure où Washington s’oppose à toute mesure unilatérale de la part des Palestiniens visant à obtenir de l’ONU la reconnaissance d’un Etat. Les Etats-Unis jugent qu’il doit être l’aboutissement de négociations de paix.
« Ce n’est pas la façon dont, je pense, il nous faut appréhender une négociation très compliquée, en imposant une échéance de deux ans », a commenté à ce propos un responsable du Département d’Etat.
M. Netanyahu avait déjà catégoriquement rejeté dimanche l’idée d’un retrait de Cisjordanie et de Jérusalem-Est d’ici à deux ans.
« Nous sommes confrontés à la possibilité d’une attaque diplomatique, autrement dit d’une tentative de nous imposer par des décisions de l’ONU un retrait aux lignes (frontières) de 1967 dans un délai de deux ans », a-t-il affirmé.
Un tel retour « amènerait les islamistes extrémistes dans les banlieues de Tel-Aviv et au cœur de Jérusalem », a-t-il estimé. « Nous ne le permettrons pas ».
Le secrétaire d’Etat américain, qui a déjà abordé le sujet dimanche soir avec son homologue russe Sergueï Lavrov, s’est envolé lundi en fin de soirée pour Londres afin d’y rencontrer mardi le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat et le secrétaire général de la Ligue Arabe, Nabil El Arabi.
M. Fabius doit pour sa part s’entretenir également mardi à Paris avec Nabil Al-Arabi, et le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad Al-Malki.