Les députées américaines Ilhan Omar et Rashida Tlaib prévoient de venir en Israël et en Cisjordanie dans les semaines qui viennent. Ce sera au Premier ministre lui-même de trancher s’il leur accordera le droit d’entrer dans le pays malgré leurs appels à soutenir la campagne BDS.
C’est le Jewish Insider qui le premier a rapporté le projet de voyage des députées, soulignant qu’Ihlan Omar avait précisé que l’occupation israélienne des territoires palestiniens était au centre de son déplacement : « Tout ce que j’entends des deux cotés donne le sentiment qu’il y a toujours une occupation. »
La loi israélienne autorise les autorités à refuser l’entrée du pays à des individus qui soutiennent le boycott du pays. Cependant, le ministère des Affaires étrangères a le pouvoir de recommander au ministère des Affaires stratégiques et au ministère de l’Intérieur de délivrer des dérogations aux personnalités politiques ou diplomatiques, s’il estime que leur interdiction d’entrer porterait atteinte aux relations extérieures d’Israël.
En raison de la sensibilité de ce déplacement et de ses possibles conséquences sur les relations entre Israël et les Etats-Unis, Haaretz a appris que Netanyahou serait celui qui prendrait finalement la décision.
Omar et Tlaib ont fait tomber des barrières quand elles sont devenues les premières élues musulmanes du Congrès américain, en novembre dernier. Omar, née en Somalie et arrivée dans le Minnesota pendant son enfance, et Tlaib, née dans le Michigan de parents palestiniens, n’ont jamais caché leur position sur le conflit israélo-palestinien, s’attirant des accusations d’antisémitisme pour leur soutien au mouvement BDS.
[Le 17 juillet], Ilhan Omar a déposé un projet de résolution « pour s’opposer aux efforts législatifs inconstitutionnels qui tendent à limiter le recours au boycott pour faire respecter les droits civils dans le pays comme à l’étranger » et affirmer le droit des citoyens américains à soutenir des boycotts « en faveur des droits humains et civils dans le pays comme à l’étranger. »
En 2012, elle avait déjà tweeté qu’Israël « avait hypnotisé le monde » pour répandre « le mal », une déclaration qui lui a valu de nombreuses accusations d’antisémitisme. Au début de l’année, elle a été mêlée à deux autres controverses : en février d’abord, dans un premier tweet qui qualifiait de « bébés Benjamin » les Américains, soutiens d’Israël. Enfin en mars dernier, pour avoir dit et répété que les hommes politiques qui soutiennent Israël « poussent à l’allégeance envers un pays tiers. »
Au cours d’un entretien accordé en mai dernier au Daily News, Rashida Tlaib a déconcerté les historiens en racontant que ses ancêtres palestiniens avaient participé à la tentative de « créer un refuge sûr pour les Juifs » après l’Holocauste, même « s’ils y ont été forcés d’une façon qui les a privés de toute dignité humaine ».
Elle est la seule élue démocrate à soutenir publiquement la solution d’un seul Etat.
Rashida Tlaib a commencé à préparer son voyage en Cisjordanie dès l’année dernière, et l’a présenté comme une alternative aux traditionnels déplacements organisés par l’AIPAC [NDT : American Israel Public Affairs Committee, le principal lobby pro-israélien aux Etats-Unis] en Israël. Elle a déclaré au [magazine en ligne] The Intercept qu’elle « rejetait l’influence du lobby israélien sur le Congrès » en affirmant que son projet était « un acte de rébellion contre une tradition vieille de plusieurs décennies pour les membres fraîchement élus : le voyage offert par Israël et financé » par l’AIPAC. « Je veux que nous voyions cette ségrégation et en quoi cela nous a vraiment empêché de parvenir à une paix réelle dans cette région ».
Le déplacement a été reporté avant d’être suspendu [le 15 juillet] par son organisateur, l’Institut Humpty Dumpty [NDT : une ONG spécialisée dans les partenariats public-privé], décrit sur son site comme « spécialisé dans la résolution de problèmes nationaux et internationaux difficiles », qui a pris sa décision en raison d’un problème d’horaires. Quoiqu’il en soit, une porte-parole de Tlaib, la première americano-palestinienne du Congrès, a déclaré au Daily News qu’elle était « quasiment certaine » que le voyage aurait bien lieu en août.
« Ma ville [de Beit Ur al-Fauqa] [NDT : dans la région de Ramallah] est tellement excitée que je vais probablement lui rendre visite le mois prochain », a déclaré Rashida Tliab. « Ils sont tellement contents de me recevoir. Je vais emmener mes deux adorables garçons … et ils vont rencontrer leur formidable grand’mère. Tout ça pour dire que je suis vraiment, vraiment impatiente d’y aller. »
Traduit de l’anglais original par l’AFPS