D’après une analyse largement répandue, le Numéro 1 et le Numéro 2 du gouvernement israélien doivent faire face à l’opposition du Chef d’Etat-Major, du patron du Mossad, du chef du Shin Beth (sécurité intérieure) et de celui des Renseignements militaires. Ces derniers jours, le Président israélien Shimon Peres et le chef de l’opposition Shaul Mofaz ont aussi fait entendre leur inquiétude face à un duo Netanyahou-Barak que l’on dit prêt à se lancer dans une aventure militaire aux conséquences incertaines.
Quels sont le liens qui unissent les deux hommes ? Quel épisode a forgé leur vision commune, s’il est exact qu’ils sont persuadés que la guerre aujourd’hui vaut mieux que l’Iran nucléaire demain ?
Et si tout avait commence dans un avion détourné par des pirates de l’air en 1972 ? Le 8 mai de cette année-là, le vol 571 de la compagnie belge Sabena assurant la liaison Vienne-Tel Aviv est détourné par un commando de l’organisation palestinienne Septembre Noir. Les terroristes demandent la libération de plus de 300 Palestiniens emprisonnés en Israël.
Le lendemain, alors que l’avion est immobilisé sur la piste de l’aéroport de Tel Aviv, un groupe de l’unité d’élite israélienne Sayeret Matkal donne l’assaut. Les soldats, déguisés en mécaniciens, tuent deux des quatre pirates de l’air et capturent les deux autres (deux femmes). Une passagère succombera un peu plus tard à ses blessures.
Ce jour là, c’est un certain Ehud Barak qui commandait l’unité ayant pénétré dans l’avion. Et sous ses ordres, entre autres : le soldat Benyamine Netanyahou.
Les deux hommes ont ensuite suivi des chemins différents, au sein du Likoud pour Benyamine Netanyahou, et au Parti Travailliste pour Ehud Barak. Tous deux ont successivement occupé le poste de Premier Ministre dans les années 1990. Et tous deux sont aux manettes depuis les élections législatives de 2009 (mais Ehud Barak a ensuite quitté le Parti Travailliste pour créer sa propre formation Hatzmaout).
Les deux hommes qui dirigent aujourd’hui l’État d’Israël sont entrés ensemble, armes au poing, dans un avion où des terroristes avaient pris des civils en otage. Cet épisode a-t-il forgé des leaders plus conscients que quiconque des enjeux sécuritaires ? Ou un duo s’estimant investi d’une "mission" consistant à rejouer demain à l’échelle mondiale la spectaculaire opération de 1972 ?
L’Histoire jugera. En revanche, il reste une zone d’ombre dans le récit de l’opération menée par les soldats d’élite israliens à bord de l’avion détourné de la Sabena. Ce jour-là, Benyamine Netanyahou a été blessé par un "tir ami". Une balle venue, non pas des pirates de l’air mais de son propre camp. Qui l’avait tirée ?