Les appels se multiplient pour qu’Israël libère immédiatement un prisonnier palestinien atteint d’un cancer, qui se trouve dans un état critique et dont on pense qu’il est en danger de mort.
La famille de Nasser Abu Hmaid et des groupes de prisonniers ont déclaré à la fin de la semaine dernière que l’homme de 49 ans était confronté à "ses derniers jours", d’après un rapport médical israélien qu’ils ont reçu de l’hôpital Assaf Harofeh, près de Tel Aviv, et qui recommandait sa libération immédiate de prison.
Les autorités pénitentiaires israéliennes ont transféré Abu Hmaid de l’hôpital à la clinique de la prison de Ramla, à quelque sept kilomètres de là, jeudi 8 septembre, après que l’hôpital a déclaré qu’il ne pouvait plus rien faire.
Des manifestations appelant à la libération du prisonnier ont eu lieu dans plusieurs villes de Cisjordanie occupée et de la bande de Gaza sous blocus, ainsi que devant la prison de Ramla.
"Tous ceux qui peuvent l’aider à être libéré dans ses derniers jours sont responsables", a déclaré son frère, Naji Abu Hmaid, à Al Jazeera Arabic vendredi 9 septembre, ajoutant que la famille demandait sa libération immédiate afin qu’il puisse mourir à leurs côtés.
"Comment puis-je réconforter mon frère qui se meurt derrière une vitre, et voir ma mère privée de l’embrasser pour la dernière fois ?" a demandé Naji.
Abu Hmaid est originaire du camp de réfugiés d’al-Amari, à Ramallah. Il est emprisonné depuis 2002 et a été condamné à perpétuité après qu’un tribunal israélien l’a déclaré coupable d’avoir participé à des attaques pendant la deuxième Intifada palestinienne.
Selon des groupes de prisonniers, Abu Hmaid a appris qu’il était atteint d’un cancer du poumon en août 2021, après que les autorités israéliennes ont empêché et retardé ses examens médicaux et l’arrivée des traitements.
Il "a souffert de douleurs pendant une longue période avant qu’ils n’acceptent de lui faire passer des examens médicaux", a déclaré à Al Jazeera Amany Sarahneh, porte-parole de la Palestinian Prisoners Society.
"En août, les douleurs thoraciques étaient devenues très intenses, c’est alors qu’ils l’ont transféré pour des tests et qu’ils ont découvert le cancer. Il est clair que la maladie a été découverte à un stade tardif", a-t-elle ajouté, notant qu’elle s’est propagée rapidement en l’espace d’un an.
"Nasser était exposé à une opération de mort lente. Chaque fois que Nasser devait être envoyé à l’hôpital, l’administration pénitentiaire reportait l’opération. Ses codétenus protestaient pour faire pression sur les autorités afin qu’elles le transfèrent", poursuit-elle.
"Cela fait partie d’une politique systématique de négligence médicale et de retards dans la fourniture de traitements, à laquelle tous les prisonniers sont exposés, pas seulement Nasser", a déclaré Sarahneh, qui a mentionné d’autres prisonniers ayant vécu des expériences similaires et récemment décédés en détention israélienne, comme Sami Umour, Kamal Abu Waer et Hussein Masalmah.
Grave détérioration
La santé d’Abu Hmaid s’est gravement détériorée à la fin de l’année dernière, et il a été transféré à l’hôpital Barzilai, où il est tombé dans le coma.
Il a ensuite été transféré à la clinique de la prison de Ramla, où il a commencé un traitement de chimiothérapie pendant plusieurs mois, avant que celui-ci ne soit arrêté lorsque l’hôpital a déclaré qu’il n’aurait plus d’effet.
"Nasser a souffert tout au long de sa vie. Il a longtemps été "recherché", et les forces israéliennes lui ont tiré dessus directement et l’ont gravement blessé. Il a 49 ans et il a passé plus de 30 ans de sa vie en prison", a déclaré Sarahneh.
La Palestinian Prisoners Society a déclaré qu’elle déposait un appel en faveur de la libération immédiate d’Abu Hmaid auprès d’un comité médical israélien pour les prisonniers.
"Israël insiste sur son crime contre le prisonnier Nasser Abu Hmaid, et sa libération doit avoir lieu avec une intervention internationale", a déclaré mardi Qadri Abu Bakr, chef de la commission des affaires des détenus de l’Autorité palestinienne.
Dans une déclaration, il a exigé qu’Israël procède à des examens médicaux de routine pour les prisonniers palestiniens tous les six mois.
Vendredi, le Hamas, qui gouverne la bande de Gaza, a renouvelé son offre à Israël de négocier la libération des Israéliens détenus à Gaza en échange de la libération des prisonniers palestiniens malades et âgés détenus par Israël.
Selon les groupes de prisonniers palestiniens, il y a actuellement environ 4 450 Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.
Ce chiffre comprend 600 prisonniers qui sont atteints de diverses maladies et ont besoin d’un traitement, ainsi que 23 qui souffrent d’un cancer.
Parallèlement, environ 743 prisonniers sont placés en "détention administrative", une politique qui permet à Israël de détenir des prisonniers sans inculpation ni procès.
Traduction et mise en page : AFPS / DD